Nora Dasoki

Mémoire autobiographique et vieillissement : Représentations des périodes heureuses et vulnérables

Nora Dasoki est titulaire d’un Bachelor en Sociologie de l’Università Carlo Bo de Urbino (Italie) et d’un Master en Sciences Sociales de l’Université de Lausanne. Elle a soutenu sa thèse en Sciences Sociales le 3 février 2017 sous la direction du Prof. Dario Spini (NCCR LIVES, ISS). Durant sa thèse de doctorat elle a collaboré à l’enquête « Vivre / Leben / Vivere » du Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités (CIGEV) à l’Université de Genève. En 2015, elle a été assistante diplômé pour l’Institut de Sciences Politiques et Sociales et en 2016 elle a participé à la conduction de l’enquête “The Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE)” auprès du Centre de compétences suisse en sciences sociales, FORS. Nora Dasoki travaille actuellement pour le Panel Suisse des Ménages et s’occupe principalement des enquêtes longitudinales PSM LIVES Vaud et LIVES Cohorte.

Comment les personnes de 65 ans et plus en Suisse se représentent-elles les périodes heureuses et vulnérables de leur passé ? Ce travail de thèse identifie pour la première fois les différents facteurs qui modulent la mémoire affective des personnes âgées. Les données ont été récoltées par le biais de calendriers de vie (N=2758) dans le cadre de l’enquête « Vivre / Leben / Vivere ». La mémoire autobiographique est analysée dans ce travail en tant que processus caractérisé par son hétérogénéité et sa multi-dimensionnalité, composé de multiples cadres temporels, et d’influences multiniveaux. Les résultats montrent que la représentation d’un passé vulnérable s’exprime par des effets d’âge chronologique, ainsi que par des représentations collectives et générationnelles. Les individus appartenant aux groupes plus âgés reportent moins de périodes vulnérables que les plus jeunes tout au long de la vie sauf durant la période de la Deuxième Guerre Mondiale, où ce sont les individus les plus âgés qui sont plus nombreux à se représenter cette période comme vulnérable.

La distribution des périodes de bonheur est caractérisée par la représentation culturellement partagée d’un parcours de vie typique. Indépendamment de l’âge ou de la cohorte, ce type de représentation est défini par un pic de réminiscence entre 20 et 40 ans, qui s’explique par les naissances et les mariages survenus durant cette tranche de vie. Le pic disparaît si les participants n’ont pas vécu de transition à la primo nuptialité et à la parentalité sans pour autant que cela impacte sur la durée des périodes de bonheur.

Cette thèse apporte une contribution innovante à la recherche sur la mémoire autobiographique et le vieillissement en identifiant le rôle différenciateur de la valence des souvenirs (heureux ou vulnérables). D’une part, lors du rappel, la valence mobilise divers types de représentations (historiques ou d’un parcours de vie typique), et d’autre part, elle détermine la présence ou l’absence de différences d’âges lors du rappel.