La gestion des données de recherche en sciences sociales et politiques

La question de la gestion des données de recherche, définie comme toutes les pratiques de recherche associées aux données à l’exception de leur récolte et de leur utilisation, a pris une ampleur particulière récemment, avec la prise de position du FNS en faveur du principe de libre accès aux données de recherche. Concrètement, cela signifie qu’à partir d’octobre 2017, un plan de gestion des données (« data management plan » ou DMP) devra accompagner chaque requête de subside.

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Des conditions similaires, voire plus strictes, sont déjà appliquées dans le cadre du programme européen Horizon 2020. Sauf cas particuliers dûment justifiés, le FNS exigera de plus le dépôt des données de recherche sur des bases numériques, libres d’accès et sans but lucratif, type FORSbase pour les sciences sociales.

Si le partage des données demeure l’objectif principal de ces nouvelles mesures, la gestion des données de recherche va bien au-delà de leur simple archivage et partage à la fin du projet. L’archivage et le partage ne sont d’ailleurs possibles qu’une fois les données correctement préparées. Ce traitement des données passe en grande partie par la définition et l’application de règles plus ou moins précises en matière d’organisation des fichiers, d’anonymisation, de documentation des variables, etc. La préparation des données en vue de leur archivage, voire de leur partage suppose donc, de fait, la mise en place d’une réflexion sur ces questions dès les premiers temps du projet.

Au-delà de ces nouvelles exigences des financeurs, la gestion des données de recherche peut présenter pour les chercheurs eux-mêmes des avantages importants dans la valorisation de leur travail de recherche au quotidien : on pense par exemple à un groupe de chercheurs d’institutions et/ou de langues différentes travaillant sur un même jeu de données, ou encore à la question des données sensibles auxquelles l’accès est souvent conditionné par un traitement et un stockage conformes à des normes éthiques spécifiques.

Face à ces différents enjeux, les chercheurs se retrouvent souvent démunis : les ressources existantes tiennent en effet peu compte de la complexité et de la diversité des pratiques entre les disciplines et consistent encore, pour leur grande majorité, de recommandations théoriques et difficiles à mettre en pratique. Néanmoins, à l’UNIL, le service de documentation UNIRIS a mis en place un service de conseil et organise régulièrement des journées d’études permettant aux chercheurs d’échanger sur les questions liées à la gestion de leurs données de recherche.

En ce qui concerne plus particulièrement la Faculté des Sciences Sociales et Politiques, un projet pilote a été lancé en collaboration avec FORS afin d’accompagner la gestion des données au sein de plusieurs projets de recherches en science politique, en psychologie, en sciences sociales et en sciences du sport et de l’éducation physique. Fort de sa double casquette d’archive de données et d’équipe de recherche, le service de données et d’information sur la recherche de FORS se propose d’offrir à ces projets un service de conseil et de soutien personnalisé. L’objectif, à terme, est de développer un guide pratique à destination de tous les chercheurs en sciences sociales et politiques, en tenant compte de leurs contraintes (temps, ressources) et de leurs aspirations (partage ou non) et en offrant un maximum de solutions concrètes. Les projets sélectionnés pour le pilote reflètent la diversité des recherches menées au sein de la Faculté, en termes de discipline, de méthode (données qualitatives, quantitatives), d’équipe (thèse, projet interinstitutionnel ou international) et des enjeux posés (volume des données, données sensibles). Le pilote sera officiellement lancé au cours du mois de mai 2017 et se poursuivra sur deux ans au moins.

Plus d’information auprès de Nathanaëlle Minard, nathanaelle.minard@unil.ch, chargée de mission recherche au décanat SSP.