Rachel Fasel Hunziker

Bien-être et croyance en un monde juste en ex-Yougoslavie : traces laissées par les guerres et la précarité socio-économique

Après une première formation d’enseignante, Rachel Fasel Hunziker a obtenu une Licence ès sciences sociales, puis un Diplôme Européen d’Etudes Approfondies en Psychologie Sociale de l’Université de Lausanne. Assistante d’enseignement et de recherche au sein du Laboratoire d’étude des Parcours de Vie pendant six ans, elle a ensuite occupé pendant cinq ans la fonction de coordinatrice scientifique du Pôle de recherche national LIVES. Elle a soutenu sa thèse le 20 janvier 2016, sous la direction de la Prof. Nicky Le Feuvre (ISS).

En combinant la perspective du parcours de vie à la théorie du stress et selon une approche psychosociale, cette thèse montre comment les expériences individuelles et collectives de victimisation ont marqué les parcours de vie, les croyances et le bien-être d’une cohorte de jeunes adultes ayant traversé les guerres en ex-Yougoslavie. Le premier article applique des analyses de courbes de croissance à classes latentes et dégage différentes trajectoires d’exclusion entre 1990 et 2006. L’analyse de ces trajectoires met en évidence les intersections entre vies individuelles, contexte et temps socio-historique et démontre que les expériences de guerre et les périodes d’exclusion socio-économique laissent des traces sur le bien-être à long terme.

Le deuxième et troisième articles montrent que la croyance en un monde juste est ébranlée suite à des expériences de précarité socio-économique et de victimisation dues à la guerre au niveau individuel et contextuel. Un effet curvilinéaire et des interactions entre les niveaux indiquent que ces relations varient en fonction de l’intensité de la victimisation au niveau contextuel. Des effets de récence sont aussi relevés. Le quatrième article démontre que l’impact négatif de la victimisation sur le bien-être est en partie expliqué par un effritement de la croyance en un monde juste. De plus, si les individus qui croient davantage en un monde juste sont plus satisfaits de leur vie, la force de ce lien varie en fonction du niveau de victimisation dans certains contextes.

Cette thèse présente un modèle multiniveaux dynamique dans lequel la croyance en un monde juste n’exerce plus le rôle de ressource personnelle stable mais s’érode face à la victimisation, entraînant ainsi un bien-être moindre. Ce travail souligne l’importance d’articuler les niveaux individuels et contextuels et de considérer la dimension temporelle pour expliquer les liens entre victimisation, croyance en un monde juste et bien-être.