Claude Grin

Des maux et des cures. Les transformations du champ thérapeutico-religieux en Suisse romande

Après un diplôme postgrade à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel, Claude Grin a développé ses recherches dans les domaines du champ thérapeutico-religieux, des usages sociaux des pratiques oniriques, de l’ethnopsychiatrie et de l’interculturalité. Elle a soutenu sa thèse en septembre 2014 à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, EPHE – Paris. Cette recherche doctorale s’est faite sous la cotutelle de Mme Giordana Charuty, directrice d’étude EPHE, et du Prof. Vincent Barras IUHMSP – UNIL

Cette thèse présente les pratiques sociales et les parcours d’apprentissage d’un corps de spécialistes rituels, qui se donnent le nom générique de « médiums guérisseurs », à partir d’une ethnographie des modes de résolution des crises existentielles et des dispositifs de production de croyance proposés par trois groupes, en ce début du XXIème siècle, en Suisse romande.

L’enquête explore d’abord la structuration du champ thérapeutico-religieux en Suisse romande pour en révéler les niches favorisant les inscriptions sociales des médiums guérisseurs. Elle s’intéresse ensuite à la manière dont ces praticiens inscrivent les différents épisodes de leur vie dans un cursus de reconnaissance de compétences particulières et à la façon dont ces moments de vie s’articulent et s’enchaînent pour construire l’autobiographie de la métamorphose de leur personnalité en celle d’un « médium guérisseur ». L’enquête a pris en compte les discours de ces praticiens mais aussi les modalités de transmission de leurs savoirs.

Le travail ethnographique dans les groupes de médiums se double d’une complexité singulière, à savoir que l’apprentissage de leurs codes particuliers se fait plus par « imprégnation » que par une lecture exégétique explicite du sens de leurs pratiques sociales. Cette approche demande que l’ethnographe engage son corps, ses sens et ses gestes dans la pratique des savoir-faire observés.

Cette recherche participe d’une interrogation plus générale, en contexte de modernité et de globalisation, sur l’« émiettement du religieux ». Elle propose de nuancer cette assertion en regard d’une stratégie d’enquête ethnographique qui met l’accent sur les logiques d’action plutôt que de représentations et privilégie l’apprentissage dialogique et la co-construction des données afin de cerner les modalités d’un travail symbolique et syncrétique.