Olivia Lempen

Processus et fonctions psychiques de l’écriture : de la création littéraire au groupe à médiation 

Olivia Lempen a obtenu une licence en psychologie à l’Université de Lausanne en 2003, puis un Master en psychanalyse à Londres (UCL/Centre Anna Freud) en 2004. Elle a ensuite travaillé comme psychologue en pédopsychiatrie, avant de se spécialiser dans le champ de l’art-thérapie. Ce domaine oriente ses intérêts de recherche clinique pour son Doctorat obtenu en 2014 à l’UNIL, sous la direction du Prof. Pascal Roman. De 2008 à 2014, elle a été assistante diplômée à l’Institut de psychologie (IP) de l’UNIL et poursuit actuellement ses activités cliniques dans le champ de la thérapie médiatisée par l’écriture.

Ce travail porte sur l’étude des processus et fonctions psychiques de la création littéraire et de l’écriture dans une perspective psychanalytique, à partir d’une méthodologie de recherche qualitative exploratoire.

Un premier volet de la recherche s’attache à étudier les processus et fonctions psychiques dans la création littéraire à partir de six entretiens semi-structurés avec des écrivains romands publiés. Les entretiens sont analysés en profondeur à partir de la méthodologie qualitative Interpretative Phenomenological Analysis développée par Smith, Flowers & Larkin en 2009. Un second volet de la thèse explore les processus et fonctions psychiques de l’écriture dans un atelier de groupe à médiation écriture prenant place dans un Centre de Jour pour adultes, à partir de l’élaboration de deux cas.

L’articulation des analyses de ces expériences d’écriture dans les deux contextes étudiés permet de mettre en évidence des enjeux de continuité/discontinuité dans le passage du premier mouvement créateur de l’écriture –  le « miroir-papier » –  vers le mouvement de la publication/lecture – le « miroir-lecteur ». Ces enjeux de partage invitent à penser le travail créateur de l’écriture à partir de la notion de « Moi-peau » (Anzieu, 1995) et à préciser cinq fonctions psychiques de l’écriture : transformation, protection, échange, réassurance narcissique, partage. Un accent particulier est porté sur la fonction de protection, dans la tension qu’elle entretient avec celle de transformation, au travers de la mise en évidence de six formes d’enveloppes d’écriture protectrice.

Finalement, les analyses mettent en évidence la manière dont la tension entre un investissement défensif de l’écriture et un investissement de transformation se déploie par des voies singulières en vue d’une tentative de résolution du conflit subjectif interne entre les exigences du « public intérieur » (De M’Uzan, 1964) et la rencontre avec l’objet réel. Ces pistes d’analyses permettent de préciser les modalités de contribution de l’écriture aux processus de symbolisation et d’enrichir la pratique du champ des médiations thérapeutiques de repères d’appréciation clinique.