On Strong Citizens : A Sociological View on Cognitions and Contentious Participation
Gian-Andrea Monsch a obtenu un Master of Arts à l’Université de Zürich en 2007 et a depuis occupé des postes de doctorant FNS et d’assistant diplômé à l’IEPI à l’UNIL. En janvier 2014, il a soutenu sa thèse en science politique, co-dirigée par Florence Passy et Doug McAdam.
Cette thèse s’intéresse aux cognitions des activistes de gauche et à leur rôle dans le phénomène de la participation contestataire. En particulier, elle compare des activistes de trois organisations post-industrielles en Suisse, à savoir Solidarité sans Frontières qui défend les droits des migrants, la Société des Peuples menacés qui promeut les droits des collectivités minoritaires, et Greenpeace qui œuvre pour la protection de l’environnement.
Ma principale contribution théorique réside dans la conceptualisation d’un outil analytique qui permet de saisir la « carte cognitive » des activistes, à travers le concept de « strong citizen » : cette notion se réfère à la relation spécifique qu’entretiennent certains individus avec la société et la politique. Mon argument principal est celui selon lequel seuls les individus possédant ce type particulier de cognitions sont capables de construire un cadre d’injustice, d’« agency » et d’identité. Quelques éléments de réponse sont ainsi apportés à la question de l’origine de ces cadres cognitifs, cruciaux pour la participation contestataire.
Pour ce faire, quatre aspects sont analysés de manière systématique. Premièrement, je prouve empiriquement, au niveau agrégé, que ces activistes possèdent effectivement des ressources cognitives spécifiques – en comparaison avec la population générale. Deuxièmement, j’analyse le contenu de ces cognitions, ce qui me permet notamment d’évaluer la pertinence et l’adéquation du concept de « strong citizen ». Troisièmement, en m’intéressant cette fois aux variations entre communautés d’activistes, je démontre que ceux réunis autour d’enjeux protestataires très revendicatifs sont, d’un point de vue cognitif, plus proches de la figure du « strong citizen » que ceux mobilisés sur des enjeux plus consensuels. Finalement, d’autres facteurs, à savoir les réseaux sociaux et la disponibilité biographique, sont intégrés à l’analyse afin de mesurer le pouvoir explicatif réel des cognitions dans l’explication des différences observées entre communautés d’activistes. A travers ces analyses, cette thèse met en avant l’importance du rôle des cognitions dans l’étude de la participation contestataire.