Artivisme et résistances créatives : Nouvelles méthodes de recherche et nouvelles alliances entre art et activisme.
Conférence finale ERC ARTIVISM, Lausanne, 12-14 avril 2022
Alors que le niveau de participation aux élections est en baisse dans de nombreux pays, les formes innovantes de résistance développées récemment sont en constante augmentation. Diverses formes d’art telles que les performances carnavalesques et disruptives, l’appropriation de symboles politiques et les occupations temporaires audiovisuelles, physiques et matérielles d’espaces publics constituent des moyens d’expression créatifs pour transmettre des critiques politiques et des demandes de droits civils. Le 21e siècle a vu un engagement croissant dans la résistance civile en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie et dans d’autres parties du monde (Mc Garry et al. 2020 ; Bouchier & Dehais 2020 ; Steirischer Herbst & Malzacher 2014 ; Weibel 2014 ; Lemoine & Ouardiri 2010), dans le contexte de protestations contre les logiques du colonialisme et du racisme, de la mondialisation et du néolibéralisme (Mbembe 2019, 2020 ; de Cauter, de Roo & Vanhaesebrouck 2011). Les manifestant·e·s dénoncent les conséquences actuelles et anticipées du réchauffement climatique, l’augmentation de la violence politique et des migrations forcées, le soutien caché aux régimes autoritaires, les effets de la gentrification et du tourisme excessif, ainsi que d’autres causes de crises diverses touchant un nombre croissant de citoyen·ne·s du monde (Serafini 2019 ; Duncombe et Lambert 2018, 2014). Une question centrale et commune à nombre de ces crises est celle de la participation à la politique, où l’institutionnalisation démocratique est soit inexistante, soit inefficace (Mouffe 2000 ; Graeber 2013). En outre, ces différentes crises augmentent et élargissent l’éventail de la vulnérabilité (Butler & Athanasiou 2013) non seulement pour une majorité des populations affectées, citoyen·ne·s et non-citoyen·ne·s, mais aussi pour les artistes et les activistes qui s’engagent dans des luttes sociales et politiques.
Compte tenu de ces prédictions et luttes mondiales et locales, le rôle de l’art et de l’activisme dans la transformation sociale et politique est au centre de nombreux débats (Lachaud 2015). Un nombre croissant de mouvements sociaux, de conférences universitaires et de publications traitent de l’artivisme et de l’art engagé comme des moyens de protestation et de résistance. De nombreux engagements artistiques visent à défier la répression et la censure et à expérimenter de nouvelles formes de démocratie et de créativité. Les discussions sur les aeffects des arts (Duncombe 2016) et la politique de l’esthétique (Rancière 2010) ont examiné l’impact de l’art militant ou de l’activisme artistique et ses conséquences sur le changement social et politique.
La conférence ERC ARTIVISM s’appuie sur ces discussions et expériences, en cherchant à les dépasser en demandant comment les citoyen·ne·s mobilisent l’art dans l’activisme, et l’activisme dans l’art, pour créer une appartenance et des formes multiples de résistance. Elle vise également à explorer les types d’alliances générées par ces deux formes de pratiques sociales dans des lieux très diversifiés. Axé sur ces deux questions centrales, le projet ARTIVISM Art et Activisme : Creativity and Performance as Subversive Forms of Political Expression in Super-diverse cities financé par le Conseil européen de la recherche (www.erc-artivism.ch, Salzbrunn 2015) invite à discuter et à théoriser les nouvelles formes d’expression politique dans les villes super-diverses en temps de crise, dans des conditions de précarité et/ou d’oppression.
Le projet ERC ARTIVISM a testé différents types d’ethnographie visuelle, audio-visuelle et sensorielle (Causey 2016 ; Elliotte & Culhane 2016 ; Pink 2006, 2009) et a développé des approches méthodologiques interactives par l’apprentissage et le croisement des terrains (Salzbrunn 2019, 2021). Les arts visuels et performatifs ont émergé et proliféré comme des moyens de communication particulièrement puissants dans les stratégies de protestation, de résistance et de subversion dans des villes super-diverses. La conférence aborde donc également la question de savoir comment étudier les nouvelles alliances entre l’art et l’activisme. Quelles méthodes et méthodologies les artistes, les activistes et les spécialistes des sciences sociales développent-ils pour créer, susciter et étudier les formes anciennes et nouvelles d’artivisme ? Comment la réciprocité informe-t-elle le processus de recherche ? Que signifient la restitution, le dialogue et la responsabilité éthique dans la recherche sur l’artivisme ?
Inspirée par de nouvelles approches méthodologiques dans les études urbaines, les études sur la migration, les études sur le carnaval, les études sur la bande dessinée et l’anthropologie des arts (Schneider & Wright 2005, 2010, 2021 ; Bakke & Peterson 2016), la conférence ERC ARTIVISM invite la communauté académique au sens large à discuter de la dynamique de l’artivisme en mettant l’accent sur les arts visuels et performatifs, les stratégies innovantes et les méthodes et méthodologies expérimentales de recherche, de collaboration et de restitution.
Des groupes ou collectifs d’activistes et d’artistes organisent des événements festifs dans des espaces urbains (Salzbrunn 2021, 2020) afin de créer de nouveaux espaces d’expression sociale et politique dans des sociétés de plus en plus caractérisées par la migration, la super-diversité et de nouvelles manières de créer l’appartenance (Vertovec 2007 ; Salzbrunn 2017 ; Yuval-Davis 2006). En cherchant à éviter les « lentilles » « ethniques » et autres » lentilles » essentialisantes, quelles méthodes et méthodologies nous aident à enquêter sur ces espaces, événements et nouvelles pratiques culturelles dans l’activisme artistique ? Comment prendre en compte la vulnérabilité croissante dans et du domaine ?
La conférence de trois jours sera structurée autour des domaines clés suivants :
- Artivisme et liberté d’expression/réécriture de l’histoire
- Artivisme et migration/multiples façons d’exercer l’appartenance/visions de l’avenir
- Artivisme et transformation de l’urbain
- Artivisme et genre/intersectionnalité
- Artivisme et religions/nouvelles spiritualités.
Ces aspects clés seront encadrés par les questions épistémologiques et méthodologiques mentionnées ci-dessus sur la collaboration interactive, l’apprentissage, le croisement des champs, la restitution et le retour d’expérience par le biais de méthodes et d’approches événementielles, multisensorielles et audiovisuelles dans la recherche sur l’artivisme (Salzbrunn 2020, 2021 ; Pink 2011, 2009).
Nous nous intéressons aux arts visuels, aux styles artistiques, aux moyens et aux modes d’expression tels que les événements festifs et les défilés carnavalesques, les peintures murales, les dessins animés et les bandes dessinées, ainsi qu’à d’autres formes innovantes d’art (de rue) multisensoriel et performatif. Nous sommes particulièrement intéressé·e·s par les approches ascendantes qui cherchent à comprendre l’évolution des événements et des actions artivistes.
La conférence finale du projet ERC ARTIVISM invite à soumettre des propositions académiques et des ateliers artistiques sur le thème « Artivisme et résistances créatives : Nouvelles méthodes de recherche et nouvelles alliances entre art et activisme ». Nous souhaitons réunir des chercheur·euse·s en sciences sociales et des artivistes pour qu’iels s’engagent dans un échange mutuel de manière textuelle, performative et/ou audio-visuelle. Les modes de présentation alternatifs (exposition, films, performances, concerts, etc.) sont explicitement encouragés, en accord avec les efforts actuels en anthropologie pour développer des modes d’expression non centrés sur le texte. La conférence sera structurée autour d’ateliers artistiques en interaction avec des citoyen·ne·s lausannois·es et de tables rondes avec des artistes, des activistes, des chercheur·euse·s en sciences sociales et un public plus large, universitaire ou non. Elle sera accompagnée d’une exposition sur l’artivisme et de projections d’ethnographies filmées.
Les chercheur·euse·s invité·e·s sont prié·e·s d’envoyer un résumé de leur argumentation (5-6 pages maximum), qui sera discuté par les participant·e·s à la conférence. Il est prévu de publier l’intégralité des contributions dans un manuel sur l’art et l’activisme en 2022.
Une conférence en personne est actuellement prévue. Les organisateur·ice·s de la conférence se conformeront à tous les protocoles de santé et de sécurité des villes de Lausanne et de Renens. Une version numérique hybride sera mise en place si les restrictions de voyage et sanitaires ne permettent pas la conférence en personne.
Date limite d’envoi de l’argumentaire : 1er février 2022
Site internet de la conférence : https://wp.unil.ch/erc-artivism-conference
Chef de projet :
Prof. Dr. Monika Salzbrunn
Chaire « Religions, migration, diasporas ».
Projet ERC ARTIVISM https://www.unil.ch/issr/home/menuguid/Projet-Europeen-ERC.html
http://www.erc-artivism.ch
Université de Lausanne
Anthropole 5067 – ISSR – FTSR
Ch – 1015 Lausanne
Téléphone 0041-21-692-2706
monika.salzbrunn@unil.ch
https://www.unil.ch/issr/fr/home/menuinst/chercheurseuses/salzbrunn-monika.html
Pour toute information administrative, veuillez contacter
Michèle Jaccoud Ramseier :
secretariat-erc-artivism@unil.ch
Pour toute information complémentaire concernant les aspects artistiques et académiques de l’appel et de la conférence,
veuillez contacter la chercheuse principale du projet ERC ARTIVISM,
Dr. Raphaela von Weichs : raphaela.vonweichs@unil.ch, +41-21-692 2729 ;
ou la directrice du projet ERC ARTIVISM, Prof. Monika Salzbrunn : monika.salzbrunn@unil.ch.
Ce projet a été financé par le Conseil européen de la recherche (ERC) dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne (ARTIVISM – convention de subvention n° 681880).