Le Défilé de la Ville d’en Bas, ou la Renaissance de la Fête Populaire
Le défilé de la ville d’en bas est né du besoin collectif de donner une voix à une vision alternative du monde.
Il s’agit d’une parenthèse chorale qui réunit des sujets et des individus qui, au cours de l’année, abordent des thèmes différents avec des pratiques différentes, mais qui, ce jour-là, expriment le même besoin de subversion joyeuse.
Cette nécessité est politique au sens large du terme ; elle entend s’exprimer sur les grandes questions concernant la vie humaine, la liberté de mouvement, le droit à vivre et désirer, la possibilité d’imaginer une société plus libre et plus juste enracinée dans des valeurs humanistes et non économiques.
Un jour de fête pour la ville, la Saint-Jean, le saint patron de la ville, a été choisi spontanément, de sorte que la protestation de la société actuelle croise un moment institutionnellement festif et exploite sa tradition et sa ritualité.
Cela offre la possibilité de s’exprimer dans un nouveau langage, libéré de la rhétorique de la vie quotidienne, qui vide parfois de sens les luttes que nous vivons, malgré nous.
C’est aussi l’occasion de ritualiser notre engagement et de donner au militantisme social et politique un outil supplémentaire, celui du rire, et du pouvoir transformateur et libérateur de la fête populaire.
Le rire et la fête populaire, ou carnavalesque.
Le principe de la fête populaire peut également être appelé esprit carnavalesque, en vertu du fait qu’au fil du temps, les différentes formes de fête populaire ont été absorbées, pour des raisons historiques contingentes, par la fête unique du Carnaval, car l’espace accordé à ce type de manifestation a été progressivement réduit. L’élément commun à tous les types de fête qui se réunissent dans le carnaval est le lien étroit avec le temps joyeux, avecl’interruption du cours ordinaire de la vie, dicté par les conventions, les limites, les interdictions, les hiérarchies, les normes et les structures oppressives. Le temps joyeux est donc le temps du renouveau, qui marque la mort de l’ancien et la naissance du nouveau. Cela se produit parce que l’élément central d’un tel moment est le rire, la seule force capable de vaincre le sérieux de la culture officielle.
Toutes les époques et toutes les formes de pouvoir ont eu besoin, pour se maintenir, d’enfermer le peuple dans des dictats, des règles et des interdictions, afin d’échapper au danger du changement. L’outil que les régimes ont toujours utilisé pour y parvenir est la peur, l’effroi, la répression, l’expression de structures telles que l’État, l’Église, etc. etc.
Aujourd’hui et demain, coopération active et métamorphose à venir.
Dans l’optique d’un échange fructueux entre le défilé de la ville dessous et ce projet d’artivisme, la marionnette de cette année sera une combinaison de différentes contributions.
Nous souhaitons que la structure soit brûlée cette année, dont la forme sera décidée en écoutant les suggestions de cetatelier et d’autres, à faire collectivement. C’est pourquoi nous espérons qu’au cours de cette rencontre, toutes les iniquités qui ont refroidi notre année ou qui assombrissent notre avenir seront mises sur papier.
Toutes les contributions recueillies lors de cette conférence, et dans les autres ateliers qui auront lieu d’ici le mois de juin, feront partie intégrante du fétiche à brûler.
Les œuvres peuvent différer en termes de technique et de contenu, le seul désir étant qu’elles ne montrent pas seulementle doigt pointé vers la lune, mais la lune elle-même, qu’elles attaquent les institutions répressives mais suggèrent la beauté cachée de nos villes et de nos sociétés, qu’elles dénoncent le mal mais tentent de transmettre la force trop souvent étouffée de nos cœurs.
Nous espérons que, cette année, les peurs à brûler seront aussi partagées que possible, et que notre désir de changementfera tomber les barrières matérielles et idéologiques qui font tant souffrir l’humanité ces dernières années.
En outre, nous vous avons apporté des cartes sacrées à brûler dans le feu de joie, afin que chacund’entre nous puisse livrer ses peurs, de manière anonyme.
Nous les jetterons dans le feu pour vous !
ERC Artivism
Cet atelier s’inscrit dans le cadre des activités plus larges liées au projet « ERC ARTIVISM. Art and Activism. Creativity and Performance as Subversive Forms of Political Expression in Super-Diverse Cities » dirigé par la professeure Monika Salzbrunn, à savoir la conférence finale Artivism and Creative Resistances : Nouvelles méthodes de recherche et nouvelles alliances entre art et activisme (12.-14.4.22). Le projet ERC ARTIVISM (www.erc-artivism.ch) a reçu un financement du Conseil européen de la recherche (ERC) dans le cadre du programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne « Horizon 2020 » (ARTIVISM – convention de subvention n° 681880). Raphaela von Weichs est chercheuse principale. Federica Moretti et Sara Wiederkehr sont doctorantes au sein du projet