Mobilité sociale au 20e siècle en Suisse: entre démocratisation de la formation et reproduction des inégalités de classe

Social change in Switzerland
N°5, Mai 2016

Par Julie Falcon, Université de Lausanne

Résumé

Nous analysons l’évolution de la mobilité sociale – le fait de changer de milieu social par rapport à son milieu social d’origine – à la lumière des évolutions sociétales qui ont caractérisées la Suisse au cours du 20ème siècle. Nos analyses révèlent tout d’abord que les taux de mobilité sociale sont restés extrêmement stables au cours de la période étudiée. Ensuite, elles mettent en évidence que le milieu social continue d’avoir une influence considérable sur la destinée sociale des individus. Cela s’explique notamment par le fait que l’accès aux différents niveaux d’éducation demeure fortement stratifié en fonction de l’origine sociale. Ainsi, si un diplôme universitaire est devenu plus important pour accéder à la classe moyenne supérieure, ce sont les personnes issues de la classe moyenne supérieure qui accèdent en plus grand nombre aux études universitaires. Notre étude révèle par ailleurs qu’à même niveau d’éducation, les chances d’accéder à la classe moyenne supérieure sont considérablement plus élevées pour les personnes elles-mêmes issues de la classe moyenne supérieure. Ces observations nous amènent à conclure qu’au cours du 20 ème siècle les inégalités entre les différentes classes sociales en Suisse, loin de s’être affaiblies ou d’avoir disparu, se sont maintenues.

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Increasing Share of Economists become Rectors at Swiss Universities

By Thierry Rossier, University of Lausanne

A recent publication by Marion Fourcade, Etienne Ollion and Yann Algan [1] focused on the implicit order among the social sciences, which seem to be dominated by economics. Economists in the US academic space occupy better financial (and institutional) positions compared to the other disciplines. At the same time, the discipline’s emphasis on mastering quantitative reasoning (mathematics and statistics) seems to be fully acknowledged as an indicator of higher intellectual capabilities from the point of view of other social scientists. Therefore, this “objective” superiority of economics is accompanied by a strong subjective feeling of superiority among peers. Furthermore, it translates into a strong hierarchy among economists, which prevents dissident or dominated voices from expressing themselves. From the outside the group appears as highly cohesive.

In our study on the academic elites in Switzerland we have historically analysed the legitimacy and institutional power of economists compared to scholars from other disciplines. An interesting indicator is the share of members of a discipline who become rector (or president) of a university. Continuer la lecture de Increasing Share of Economists become Rectors at Swiss Universities

Le capitalisme suisse reste une affaire de famille

24h

Par Stéphanie Ginalski
Publié le 5 mars 2016 dans 24 Heures

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Souvent considéré comme un modèle de réussite, le capitalisme suisse reste étonnamment peu étudié. Or la gouvernance des grandes entreprises helvétiques a connu de profonds changements au cours du siècle passé. Le livre Du capitalisme familial au capitalisme financier? – issu d’une thèse de doctorat effectuée par l’auteure à l’Université de Lausanne dans le cadre d’un projet du Fonds national suisse sur les élites helvétiques – revient sur ces changements en étudiant le parcours de vingt-deux grandes entreprises du secteur des machines et métaux, principale branche de l’industrie suisse au XXe siècle. Il montre la persistance méconnue du capitalisme familial, dont l’origine remonte à la Première révolution industrielle du début du XIXe siècle.

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Le «retour en force» des entrepreneurs à l’Assemblée fédérale

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Par Andrea Pilotti, Université de Lausanne
Publié le 1er décembre 2015 sur DeFacto

Le nombre d’entrepreneurs aux Chambres fédérales a doublé entre 1980 et 2015. La professionnalisation du Parlement suisse n’a donc pas forcément affaibli les relations entre économie et politique. La forte augmentation des représentants des petites et moyennes entreprises (PME) est largement tributaire du succès de l’UDC depuis les années 1990.

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Groupes d’intérêt et pouvoir politique

groupes d'intérêt et pouvoir politique

Par André Mach (2015), Lausanne, PPUR, Le Savoir suisse.

Dotés de ressources souvent bien supérieures à celles des partis, les principaux groupes d’intérêt représentent des acteurs politiques incontournables, bénéficiant d’un accès privilégié aux différentes arènes du pouvoir fédéral. Dès la fin du 19e siècle, ils s’affirment comme des acteurs centraux de la vie politique et économique suisse.

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