Christian Kull, Professeur ordinaire à l’Institut de géographie et durabilité (FGSE), a dirigé un “programme intensif” sélectionné par Movetia. Il partage son expérience.
Marc Pilloud
Votre projet s’est terminé il y a quelques mois. Pouvez-vous nous rappeler le contexte ?
Christian Kull: Je donne des cours pour le Master en Géographie, orientation développement. Dans ce cadre, nous offrons aux étudiant·e·s une première expérience de terrain. Ayant fait mon propre terrain à Madagascar pour ma thèse, j’ai gardé là-bas de bons contacts, essentiels pour faciliter le travail sur place. Cet endroit m’a donc semblé tout à fait propice pour y organiser ce stage.
Quelles activités avez-vous mises en place ?
Le projet comportait deux volets. Tout d’abord, neuf étudiant·e·s suisses se sont rendus à Madagascar pour travailler avec huit étudiant·e·s de l’Université d’Anatananarivo. Ils ont constitué trois groupes qui ont travaillé durant une semaine sur des thématiques spécifiques autour de la petite ville d’Ambositra.
Ensuite, nous avons invité deux professeurs de l’Université d’Antananarivo à l’UNIL, dans le but d’établir un partenariat institutionnel à long terme pour faciliter les échanges futurs d’étudiant·e·s master et de professeur·e·s. La convention devrait être signée prochainement.
Quel était le financement offert par Movetia ?
Nous avons un financement de l’Institut de géographie et durabilité pour ce stage de terrain, mais il ne suffisait pas pour couvrir le coût d’un terrain à Madagascar. Nous avons donc demandé un complément à Movetia pour couvrir certains frais sur place (déplacement et logement des étudiant·e·s malgaches, traduction, etc.), ainsi que pour le voyage d’un assistant de l’UNIL. Movetia a également couvert les frais de voyage et de séjour de mes deux collègues malgaches venus à l’UNIL. Nous avons donc demandé et obtenu un financement d’environ 11’000.-. Sans cela, il n’aurait pas été possible d’organiser le stage à Madagascar.
La participation à un tel programme demande toujours du travail administratif. Comment jugez-vous le rapport entre le financement obtenu et la charge administrative ?
Je dirais que c’était une charge administrative normale. Comme toujours lors du dépôt d’un projet il faut comprendre la logique du bailleur de fonds pour présenter le projet sous le meilleur angle, ce qui prend du temps. Mais le Service des relations internationales nous a bien aidé pour cette étape, ainsi que pour les contacts ultérieurs avec Movetia. Le rapport final était impressionnant mais s’est avéré assez vite rempli, car plusieurs rubriques ne s’appliquaient pas aux universités, le programme étant également ouvert aux HES.
Avez-vous une anecdote à raconter sur ce terrain ?
J’en aurais plusieurs ! Mais un jour nous avions rendez-vous avec le maire d’une petite ville pour discuter de politique agraire. Il nous a reçus devant la porte de la mairie, sur le perron dominant une petite place où les étudiant·e·s étaient réunis. Alors qu’il parlait, les passants se sont arrêtés pour l’écouter. Du coup le discours s’est peu à peu transformé en harangue politique, et n’avait plus rien à voir avec la question initiale. C’était bien sûr très drôle, mais aussi intéressant pour les étudiant·e·s de voir que les acteurs ne répondent pas toujours à la question posée, et peuvent même profiter de la situation pour réorienter la discussion dans le sens qui les arrange.
Comment voyez-vous la suite de la collaboration ?
Il n’est pas toujours facile d’avoir des partenaires locaux fiables, et sur le long terme. La convention avec l’Université d’Antananarivo sera utile pour renforcer les liens avec mes collègues en leur donnant une légitimité institutionnelle. Et bien sûr elle permettra d’organiser plus facilement des visites réciproques et des stages de terrain pour des étudiant·e·s de master.
Informations sur l’appel à projets de Movetia (délai de dépôt des projets au 31.1.2020)