Quand les partenariats se traduisent en enseignement innovant

Plusieurs enseignant·e·s des différentes facultés de l’UNIL s’appuient sur le partenariat privilégié qui lie notre institution à l’Université de Lancaster pour organiser des projets de recherche ou d’enseignement quelque peu atypiques. Enit Steiner, maître d’enseignement et de recherche en Section d’anglais, en fait partie. Elle nous raconte le cours en littérature romantique intitulé “Two-Lakes Romanticism” qu’elle co-organise avec un collègue de Lancaster.

Pouvez-vous nous expliquer le concept du cours “Two-Lakes Romanticism” ? 

Ce projet est un module de master crédité, que j’enseigne conjointement avec Simon Bainbridge, professeur à l’Université de Lancaster, avec qui je partage mon sujet de recherche, le Romantisme britannique. Ce module propose d’étudier le rôle de l’environnement et du lieu dans la littérature britannique romantique issue du Lake District en Grande-Bretagne et de la région lémanique.

La première partie du module est donnée dans nos universités respectives. Elle ressemble à un séminaire de master habituel et permet de poser les bases pour la seconde partie du module, immersive : nous voyageons au Lake District, où nous retrouvons Simon Bainbridge et ses étudiant·e·s. Nous passons quatre jours à Grasmere, à discuter l’histoire des manuscrits et de leur production à Wordworth Trust. Nous randonnons, pour nous rendre sur les différents lieux qui apparaissent dans les textes que nous discutons, et nous les lisons sur place.

Deux semaines plus tard, les étudiant·e·s de Lancaster nous rejoignent et nous passons quatre jours à Chamonix, afin de lire les travaux produits dans la région lémanique. Nous lisons également des travaux de Jean-Jacques Rousseau, comme les Romantiques britanniques ont suivi les pas des personnages de Rousseau. Ils ont suivi Rousseau, nous les suivons, et les mots écrits prennent soudainement vie.

Pourquoi l’avoir organisé avec l’Université de Lancaster et pas uniquement à l’UNIL ?  

Tous les participant·e·s considèrent que l’échange entre les deux universités et les deux cultures représente l’attrait principal du cours. Le caractère innovant d’un projet est bien moins éphémère lorsqu’il est ancré dans des interactions personnelles. On ne veut pas que les étudiant·e·s soient de simples touristes quelques jours, mais bien qu’ils forgent des relations avec des personnes qui partagent leurs intérêts, à travers cette expérience des textes, des lieux et des mentalités. Et c’est un succès, les étudiant·e·s sont restés en contact jusqu’à aujourd’hui !

Est-ce le partenariat privilégié qui a permis ce projet ? 

Oui. Le partenariat privilégié entre nos deux universités nous a permis d’organiser deux fois ce cours. Nous sommes actuellement dans la troisième année. Je ne connais aucun autre partenariat en Grande Bretagne ou en Suisse qui offre un module de ce type, aussi dynamique et immersif. Un module qui combine l’analyse approfondie d’un séminaire et l’expérience pratique d’un voyage d’étude.

Pour vous, que doit permettre ou promouvoir un tel partenariat, en termes d’enseignement et de recherche ? 

Un partenariat privilégié doit permettre d’offrir le genre d’échanges qui peuvent devenir une étape importante de la vie des étudiant·e·s. En expérimentant des nouvelles formes d’enseignement, des échanges durables avec leur pairs et des retours plus dynamiques entre les enseignant·e·s et les étudiant·e·s.

J’ai pu observer les étudiant·es· profiter des randonnées pour réfléchir avec leurs pairs et les enseignant·e·s à de futurs projets de recherche, comme leur mémoire par exemple.

Comment voyez-vous la suite ? Le projet va-t-il continuer ?

On aimerait continuer à enseigner ce module, au moins tous les deux ans si les fonds ne suffisent pas pour l’organiser chaque année. En termes de recherche, plus de choses pourraient être faites, comme la création de petits projets de recherche que les étudiant·e·s des deux universités pourraient développer ensemble. Cela pourrait remplacer l’évaluation individuelle que nous avons demandée jusqu’ici. On discute également de possibilités pour étendre ce genre d’échanges et les ajuster aux besoins des doctorant·e·s.