Lorsqu’on devient papa en Suisse, on a un jour de congé payé, comme lors d’un déménagement. Un jour. Comme pour aller à Ikea. Comme pour l’aller-retour Paris-Lausanne. Comme pour faire son passeport. Comme pour passer un examen et avoir le temps, ensuite, de fêter ça au Zélig.
Le canton de Vaud, quant à lui, accorde cinq jours à ses employés… et c’est généreux !
Il se trouve qu’un bébé demande un chouïa plus que ça. C’est une nouvelle vie qui commence : le petit bout d’chou a tout à apprendre et à découvrir… Par exemple, qu’elle ou il ne vient pas avec la cigogne, mais d’une maman et d’un papa, ou de deux mamans, ou de deux papas (en passant, pour les familles moins traditionnelles, le « congé-conjoint·e » est encore moins un acquis). La famille, quoi, qui est là – en principe – pour te soutenir, te guider et t’entourer, dès le départ.
« Mais, voyez, ce n’est pas le temps qui compte, mais la qualité du contact». Vraiment ? Imaginez un employé qui dirait à sa hiérarchie : « Je n’ai travaillé que deux heures ce matin, mais c’était deux heures de qualité, donc j’ai décidé de rentrer à la maison à 10 heures ». Absurde ? Oui, autant que de dire à un père qu’il n’a besoin que d’un à cinq jours pour soutenir la mère de son enfant après l’un des moments les plus éprouvants – physiquement et émotionnellement – de la vie d’une femme, pour tisser des liens avec cet enfant, pour apprendre à le connaître et tous les gestes à maîtriser.
Heureusement, la société change et demande davantage (http://www.conge-paternite.ch). Parce que le congé paternité est bon pour les enfants. Parce qu’il permet aux pères de s’investir et de se sentir à l’aise dans leur nouveau rôle. Parce qu’il encourage à plus d’égalité au sein du couple. Parce que la Suisse ne doit pas rester à la traîne des pays qui accordent des congés bien plus généreux. Parce qu’il est temps d’avoir du temps. Et parce que les enfants, si choux qu’ils et elles soient, ne naissent pas dans les légumes homonymes !