Saviez-vous que les pionnières de l’égalité dans les universités suisses étaient des femmes étrangères ? A la fin du 19e siècle, les universités de Zurich, Berne et Genève ont connu un étonnant phénomène : la migration intellectuelle massive de jeunes femmes étrangères, en particulier de jeunes réfugiées russes, venues en Suisse pour étudier la médecine.
Pionnières étrangères
Ainsi, par exemple, Catherine Gontscharoff, nièce de la femme du poète Alexandre Pouchkine, qui fut la première femme étudiante en 1870 à l’Université de Berne. Ou encore Nadejda P. Souslova, première femme à avoir obtenu un doctorat en médecine en 1867 à l’Université de Zurich. Ce sont elles et des centaines d’autres femmes étrangères qui ont ouvert le chemin, pour les femmes suisses, de l’accès aux études universitaires. A Berne, les associations d’étudiants se plaignaient alors amèrement d’une « vague d’inondation » de femmes russes dans les auditoires…
Les bienfaits de l’immigration
Et saviez-vous qu’aujourd’hui encore, les progrès de l’égalité entre femmes et hommes à l’université sont en grande partie dus à la présence croissante de femmes ayant obtenu leurs diplômes ou doctorats ailleurs qu’en Suisse ? En effet, près de la moitié des femmes professeures dans les universités suisses viennent de l’étranger. Et si les mesures d’encouragement spécifiques déployées ces dernières années pour les femmes doctorantes (programmes de mentorat, etc.) ont permis des progrès, ceux-ci sont surtout dus à un afflux important de doctorantes de l’étranger. Le nombre de femmes qui ont obtenu un doctorat dans une haute école suisse a triplé ces vingt dernières années. Mais cette progression s’explique notamment par une hausse supérieure à la moyenne du nombre de doctorantes scolarisées à l’étranger.
L’égalité en danger ?
L’intérêt des Suissesses et des étrangères scolarisées en Suisse pour des études de doctorat a, par contre, reculé. Et la probabilité de poursuivre vers le doctorat après avoir obtenu un master dans une haute école suisse reste plus faible pour les femmes que pour les hommes : le taux de doctorantes en Suisse (42%) est l’un des plus bas d’Europe. Si les craintes actuelles du monde universitaire s’avèrent justes, ce sera donc aussi le recrutement de doctorantes, de femmes post-docs et de femmes professeures qui va devenir plus difficile. Nous avons ainsi de bonnes raisons de croire que toute entrave à la libre circulation des chercheur-e-s et à la participation de la Suisse aux programmes de recherche de l’UE aura des conséquences néfastes sur l’évolution de l’égalité dans nos universités !