L’histoire suit Rose, ostéopathe quadragénaire, mariée à un architecte. Après le décès brutal de leur fille, elle sombre dans la folie et se retrouve « attachée à une longe ». À travers une langue simple, mêlée à un vocabulaire valaisan et empreinte de la nature suisse, l’esprit de la narratrice est tiraillé entre la présence obsédante des fantômes du passé et la nécessité de survivre au quotidien, portée par l’amour des siens. Elle questionne la foi, la soumission et l’indépendance des femmes, et tente de redonner du sens à sa vie bouleversée.
Dans ce tumulte, la littérature apparaît comme un refuge fragile. Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, La Pluie d’été de Marguerite Duras, Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa et Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo résonnent avec la détresse de Rose et l’accompagnent. Mais cet exutoire est loin d’être apaisant. Lire ne console pas : cela remet en question, dérange, et confronte. Les mots l’aident à tenir, mais ne la guérissent pas.
Avec son second roman, Jollien-Fardel confirme d’une écriture forte et subtile ; elle s’adresse à un public enclin à accepter la souffrance, quitte à oublier le reste.