Dans son nouvel ouvrage Glace morte, Walter Rosselli peint avec poésie une montagne meurtrie par l’activité humaine et les dérèglements climatiques qu’elle a engendrés. Entamant une dernière marche, un frère et une sœur, le Nandou et la Schmied, souhaitent y attendre la mort, à la manière des vieillards inuits. Le récit emmène ainsi le lecteur dans une réflexion profonde sur l’écologie et le rapport de l’homme à la nature, tout en questionnant les impératifs de la société moderne.
La prose vibrante rend toute la beauté de la montagne et de la forêt qui se dévoilent au fil du périple et de ses étapes. Dénonçant avec justesse l’impact d’une société incapable d’apprécier la richesse du monde qui l’accueille, le frère et la sœur regrettent de voir la nature immaculée de leur enfance si maltraitée aujourd’hui.
Chaque pas « déclenchant une petite vague de souvenirs » (p. 116), le récit souligne également à quel point la mémoire joue un rôle essentiel dans cet ultime voyage. Cette remémoration des moments vécus et les liens tissés accompagne les personnages et leur permet de faire le bilan d’une vie bien remplie, dont ils semblent pourtant s’être détachés.
Cette marche, d’abord pensée comme un adieu au monde, se transforme finalement en un voyage à la fois intérieur et onirique. L’éclat de la nature et les souvenirs persistants ravivent une lueur de désir. Dans cette clarté nouvelle, une vérité s’impose : celle que la vie vaut tout de même la peine d’être vécue.