Madame Bœuf, du genevois Guy Y. Chevalley, séduit par son humour et sa légèreté, un peu comme un gaspacho rafraîchissant en ouverture d’un bon repas. Le roman relate les aventures de Madame Bœuf, une retraitée suisse dont l’existence, rythmée par la préparation de plats en sauce, s’avère aussi banale qu’ennuyeuse. Après une énième dispute avec son mari et quelques malentendus, elle part à Paris en compagnie de Francis, le fils des voisins qui vient de faire son coming-out. Durant ce séjour, leur amitié improvisée se révélera une aide précieuse lorsqu’ils feront des rencontres qui leur donneront l’occasion de vivre un nouvel amour et, pourquoi pas, de changer de vie.
L’auteur insuffle à son récit une tonalité humoristique à travers des dialogues absurdes et des comparaisons piquantes – par exemple dans cette description de leur voisine :
Chez le boucher, les Bœuf croisèrent leur voisine de palier, une femme menue aux cheveux rosâtres, qui accomplissait chaque geste comme si elle déplaçait une relique sacrée et devait ensuite signer un bon de livraison engageant son âme pour l’éternité. (p. 29)
Cet humour, très bien dosé, relève le plat concocté par Guy Y. Chevalley, dont les saveurs semblent autrement assez simples. Les thématiques abordées – émancipation féminine, homosexualité, différences de classes, complexité des rapports amoureux – offrent des perspectives intéressantes, même si elles auraient pu connaître de plus amples développements. En somme, Madame Bœuf est un roman agréable, divertissant et bien écrit : une lecture idéale pour accompagner vos étés à la plage.