Le Voyage du Nautiscaphe et de sa cheminée dans la fosse des nouvelles Hébrides est un roman à l’atmosphère « steam-punk ». Marilou Rytz, Alice Bottarelli et Stephanie Cadoret emmènent un lectorat moderne à bord du Nautiscaphe, un sous-marin du XIXᵉ. Doté d’une énorme cheminée, il explore le fond marin et y trouve une ville utopique. Composé de divers documents de bord supposément retrouvés et édités près de 200 ans après les faits, ce roman conte les expériences de l’équipage du vaisseau à travers les entrées de trois voyageurs : le registre d’observation d’un scientifique anglais transgenre, le journal intime d’un·e explorateur·ice non-binaire et le carnet de bord du médecin qui – plot twist – est originaire de la civilisation sous-marine découverte. Les personnages du roman représentent la diversité du monde moderne. Malgré les apparences du XIXᵉ, cette narration embarque le·a lecteur·ice à bord d’un sous-marin tout à fait moderne. Le roman discute ainsi de manière subtile et astucieuse la colonisation – thématique essentielle du XIXᵉ siècle – autant à travers le médecin de bord qu’à travers l’arrivée du vaisseau dans cette ville sous-marine. La voix du médecin permet son exploration par le biais du point de vue colonisé et non colonisateur. La narration se sert également du scientifique et de l’explorateur·ice pour discuter le genre de manière implicite : la thématique n’est pas au centre de l’histoire, mais un simple détail qui fait de ces deux personnages des protagonistes complexes. Rendant hommage au genre du roman voyage et à Jules Vernes, Le Voyage du Nautiscaphe, est un roman addictif : la structure brève et fragmentaire des documents ainsi que les intrigues secondaires font de ce livre un véritable « page-turner ». Il est également doté d’illustrations multicolores réalisées par Cadoret qui le rendent attractif.