L’Assemblée face au constat de la crise écologique

« Préparez-vous à des émotions fortes, car aujourd’hui on commence à travailler sur les contenus. On vous présentera l’état de santé de notre planète à l’heure actuel, quels sont les enjeux principaux qui le mettent en péril et ce que les impacts de l’Université de Lausanne spécifiquement représentent. »

Ainsi Micaël Metry a ouvert la troisième session de l’Assemblée de la transition, qui s’est tenue durant toute la journée du 6 février 2023. Troisième session qui était focalisée sur une thématique centrale pour l’entier du processus : la présentation des impacts écologiques et sociaux des activités de l’université.

Crédit photo @Nora Rupp

Une planète en mauvaise santé

Afin de mieux comprendre la situation socio-environnementale actuelle, l’Assemblée a assisté à la projection d’un film-documentaire où des chercheur·euse·s de l’UNIL font part de leurs expertises scientifiques.

« Les académiques avec lesquelles nous avons travaillé pour pouvoir vous présenter cette vidéo sont toutes et tous actifs à l’UNIL. Ils et elles sont des expert·e·s dans certains des domaines clés pour bien comprendre quels sont les enjeux principaux auxquels nous faisons face et quelles relations existent entre eux. Mais n’oubliez surtout pas que vous tous·tes avez aussi une expertise de terrain unique dans votre vécu quotidien à l’université : appuyez-vous sur ces expertises aussi. »

Delphine Douçot, adjointe du vice-recteur Transition écologique & Campus et responsable du « service de fact-checking » mis à disposition de l’Assemblée

La projection du film a suscité de nombreuses questions, surtout liées aux enjeux locaux, aux leviers d’actions les plus importants, ainsi qu’aux différents acteurs participants au dérèglement climatique. Certains experts figurant dans le film étaient également présent le 6 février et ont pu interagir avec les membres de l’Assemblée. Ils ont ainsi clarifié qu’en Suisse les indicateurs nous montrent une réalité assez dramatique sous plusieurs aspects. Par exemple, les écosystèmes lacustres et leur biodiversité sont mises sous forte pression et se détériorent à cause de la pollution chimique et des tonnes de médicaments qui finissent dans les eaux douces. Par ailleurs, l’État ne prévoit que des mesures extrêmement timides pour décarboner les secteurs des transports et du chauffage, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre en Suisse. Pour finir, toutes ces composantes ont des impacts sur notre santé : à partir des pics de chaleur qui nous affectent déjà toutes et tous, jusqu’à l’éco-anxiété, cette « réaction tout à fait normale et proportionnée à un problème réel et imminent », d’après Nicolas Senn, chef du Département Médecine de famille à Unisanté.

Crédit photo @Nora Rupp

De plus, l’opinion publique suisse ne suit pas vraiment les connaissances scientifiques : « Un grand problème en Suisse est le déni. 70 % des suisses et suissesses pensent que nous sommes plutôt bien en protection de l’environnement et de la biodiversité, alors que à l’heure actuelle la Suisse ne peut même pas tenir la moitié de ce qu’elle a promis » a déclaré Antoine Guisan, professeur de la faculté de biologie et de médecine de l’UNIL.

Les commentaires qui ont suivi le visionnage du film reflètent bien les sentiments qu’on a pu retrouver dans la salle :

« I feel frightened when I hear experts talking about the state of the climate »

« Je suis assez en colère contre les lobbistes, je ne comprends pas comment on peut être à ce point cyniques »

« Je me sens plutôt frustrée par l’inaction. On a les solutions mais on ne les met pas en pratique »

« Il y a une étude récente sur les leviers déjà en place en Suisse et ce n’est pas très réconfortant. Je me sens frustré. J’ai de la peine à être optimiste par rapport à une action rapide du gouvernement pour changer les choses »

« On a besoin d’une coordination géographique ainsi que thématique. Et ça représente un grand effort dans tous les sens »

Crédit photo @Nora Rupp

Mais les difficultés n’ont pas nécessairement laissé la place au désespoir :

« Ça confirme mon inquiétude, mais j’ai beaucoup d’optimisme aussi, car je suis une membre de cette Assemblée »

« I’m a bit frustrated and anxious because we say sustainability is a priority but we don’t act like it is. On the other hand, I’m confident that change can come quite quickly, once it’s launched »

« Nous sommes toutes ici en tant que membres d’une université et je me sens très touché par ces questions »

Et a même donné envie aux membres de s’activer au plus vite :

« La frustration face à l’inaction, je la ressens dans cette Assemblée. C’est bien de parler des émotions, mais on doit travailler, il y a beaucoup de choses à faire ».

Des paroles aux actes

Crédit photo @Nora Rupp

Puis, c’est au tour de Julien Meillard, adjoint du vice-recteur Transition écologique & Campus, de prendre le relais sur cette note : « C’est effectivement le moment de rentrer dans le vif du travail de l’Assemblée. Cet après-midi, nous allons vous présenter les chiffres de l’impact de l’université sur les limites planétaires. Ces chiffres sont le résultat de mois de travail et ont été calculés selon une méthodologie solide qui a été validé par la communauté scientifique de l’UNIL. »

La publication de ces résultats se fera en plusieurs étapes : d’abord, la Direction en a été informée. Elle a validé la méthodologie mise en place et le travail réalisé pour opérationnaliser cet objectif de ramener les impacts des activités de l’UNIL dans les limites écologiques de la planète qui figure dans son Plan d’intentions. La Direction a pris acte des résultats produits qui sont scientifiquement fondés.

Crédit photo @Nora Rupp

Ensuite, ce sont les membres de l’Assemblée qui vont avoir accès à ces données, pour pouvoir commencer à y travailler dès maintenant. Les services de l’université seront informés ainsi que les doyen·ne·s. Enfin, d’ici ce printemps, un rapport détaillé sera publié.

Julien Meillard a clôturé la matinée avec ces paroles positives :

« Sachez que l’Assemblée a déjà suscité beaucoup d’intérêt, non seulement en Suisse : la RTS nous a contactés pour faire un reportage ; le CNRS [Centre Nationale de la Recherche Scientifique] en France nous a sollicité pour avoir plus d’infos ; Emilie Frenkiel, directrice adjointe de l’Institut d’Études Politique de l’université de Fontainebleu à Paris, est ici aujourd’hui pour assister à cette session clé. Il y a déjà une vraie attente vers l’Assemblée. Encore une fois : soyez ambitieuxses·ses ! »
Julien Meillard, adjoint du vice-recteur Transition écologique & Campus
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Le donut de l’UNIL

Camille Gilloots et Cecilia Matasci, les deux chercheuses du Centre de compétences en durabilité qui ont analysé toutes les données des impacts de l’UNIL, ont ensuite montré les résultats de leur travail. Retrouvez ici la présentation complète.

La crise n’est pas que climatique, elle est globale. On parle de perte de biodiversité, de pollution, de dérèglement du cycle du phosphore et de l’azote, etc. Le côté social est aussi fondamental pour des raisons morales, d’efficacité et scientifiques.
La théorie du donut nous permet de prendre en considération tous ces aspects.
Camille Gilloots, Chargée de projet au Centre de compétences en durabilité
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Les thèmes à aborder

Les prochaines sessions de l’Assemblée s’intéresseront à des thématiques spécifiques qui ont été choisies par l’équipe d’organisation en raison de leur impact important et du potentiel d’influence que l’université a sur elles. Il s’agit des trois thématiques suivantes : le fonctionnement des bâtiments et des espaces verts (session du 7 mars) ; l’achat des biens de consommation et les déchets (session du 9 mai) ; et la mobilité professionnelle et pendulaire (session du 16 mai).

Dans le but de laisser une marge de manœuvre à l’Assemblée, un atelier participatif a permis aux membres d’identifier d’autres sujets sur lesquels qu’ils et elles voudraient travailler. À sa suite et d’un vote en ligne, deux dates ont été ajoutées au calendrier de l’Assemblée : le 20 mars, pour traiter de l’alimentation sur le campus ; et le 21 avril, sur le numérique durable, les investissements financiers, et l’engagement institutionnel et du personnel.

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