Tiffany Martin, et les autres
Avant de devenir psychologue, la Nyonnaise en a d’abord fréquenté une pour gérer son altruisme débordant et sa haine des conflits. À 28 ans, cette nature dévouée n’en reste pas moins dotée d’une personnalité singulière et indépendante. Une force de caractère et un état émotionnel qu’elle conjugue aujourd’hui au sein de diabètevaud et de son cabinet après un cursus en psychologie à Genève et Lausanne.
On a tous en tête une petite phrase d’enseignant·e glanée tout au long de la scolarité obligatoire. Une remarque particulière qui s’imprime dans la mémoire et ne vous lâche plus. À 28 ans aujourd’hui, Tiffany Martin se souvient parfaitement de ce jour d’école primaire dans la région nyonnaise où elle vit. Elle est alors cette enfant hyperactive que les conflits rebutent. Une personnalité dévouée pour les autres. Rien de surprenant à ce que la petite Tiffany Martin prenne volontiers la parole lors des séances de médiation organisées par son enseignante pour régler les conflits de classe. Un jour, elle lui dira d’ailleurs: «Tu es la psy de la classe.» Cette phrase marque Tiffany, au point d’en faire son métier aujourd’hui.
Avant de devenir psychologue indépendante et cheffe de projets à diabètevaud, Tiffany Martin a d’abord fréquenté une thérapeute: «Je n’ai jamais aimé les conflits. J’ai toujours défendu les deux camps. Mes parents s’inquiétaient de me voir si investie pour les autres; de jouer sans cesse les médiatrices. Je suis donc allée voir une psychologue afin d’apprendre à gérer cet état émotionnel.» Certes, Tiffany Martin est d’une nature dévouée, mais dotée d’une personnalité singulière et indépendante, qui ne se fait pas marcher dessus: «Après la scolarité, il était hors de question que je me retrouve à l’université comme tout le monde. J’ai horreur d’être un pion. J’avais besoin de concret.»
Au gymnase, elle effectue plusieurs tests d’orientation. Tous révèlent sa forte sociabilité et l’orientent vers la psychologie. Tiffany Martin cède et démarre, «par défaut», un cursus en psychologie à l’Université de Genève. Ses a priori sur le monde académique se confirment. Elle se sent comme un mouton au milieu de centaines d’étudiantes et d’étudiants. Mais au sein de cette «masse», elle développe un noyau dur d’amitiés: «C’était réconfortant de retrouver mon petit groupe au milieu des amphithéâtres de 300 personnes.» Mais au fil de ses études, Tiffany Martin a la bougeotte. Elle prend la décision d’effectuer sa dernière année de Bachelor en deux ans; l’une à Genève, l’autre en Italie du Nord: «C’était une expérience extrêmement enrichissante de sortir du cadre suisse. Je ne regrette vraiment pas sur le plan académique. J’ai eu de super cours qui m’ont permis de voir d’autres approches de la psychologie.»
De retour au bout du Lac, le dur choix du Master s’impose. Lors de ses cours en psychologie de la santé, Tiffany Martin se passionne pour les enjeux de prévention. Elle effectue en parallèle un stage dans la recherche, même si pour elle il était exclu de poursuivre dans cette voie. Tiffany Martin se décidera pour un Master à l’Université de Lausanne. Elle n’est pas séduite par ce campus excentré et préfère «la diversité de Genève.» Néanmoins, elle poursuit ses études sur le campus du bord du lac et recommande d’expérimenter plusieurs universités, des salles de cours variées et d’autres ambiances. Pour financer ses études, Tiffany Martin cumule un emploi au CHUV et un autre à diabètevaud. Deux expériences qui lui permettent de garder les pieds dans le concret et dans la prévention.
Nous sommes en 2021. La fin de Master s’avère chaotique. Tiffany Martin doute et se pose beaucoup de questions. La défense de son Mémoire ne se passe pas comme prévu. Elle finira par obtenir son précieux sésame, mais sans les honneurs: «C’était un moment difficile à vivre. On se dit à quoi bon. Et puis j’ai compris que ce travail ne déterminait rien du tout pour la suite.» Justement, Tiffany Martin poursuit «dans le concret» avec ses multiples emplois: «La transition entre l’université et le monde professionnel s’est effectuée facilement. Le fait de travailler tout au long de mes études m’a rendu éveillée. J’ai pu construire un réseau et tisser des liens avec la réalité du terrain.»
Depuis le début de l’année 2025, Tiffany Martin travaille exclusivement à temps partiel en tant que cheffe de projets à diabètevaud. A côté, elle exerce en qualité de psychologue indépendante. Elle y accompagne entre autres les personnes vivant avec une maladie chronique dans leur gestion de la santé. Une activité qui lui permet de renouer avec le contact patient qui lui manquait tant. Décidément, un besoin viscéral de panser les autres.
Lausanne, le 20 août 2025
Article de Mehdi Atmani, Flypaper
Portrait de Tiffany Martin© Felix Imhof

