Floriane Beetschen

L’exploratrice du passé et du web

Entre ses treize animaux de compagnie, sa famille et ses activités annexes, cette créatrice de sites web lit le latin, et se passionne d’histoire. Sa philosophie: se lancer dans ce que l’on aime faire, et sans limites. Portrait de Floriane Beetschen, diplômée de Lettres 1996.

Enfant, quel était le métier de vos rêves?

Je rêvais d’être vétérinaire. J’adore les animaux. La preuve, j’en ai treize à la maison: trois gerbilles, deux cochons d’Inde, trois lapins nains, deux chats et trois chatons nés récemment. Cet été, nous avons même recueilli trois bébés hérissons qui ont depuis suffisamment grandi pour retrouver leur liberté.

Quel est votre job actuel?

La plus grande part de mon travail à l’UNIL consiste à créer des sites web (Jahia et surtout WordPress). Sinon je m’occupe aussi de helpdesk informatique, j’aide les usagers à utiliser certaines applications en ligne, comme Unisciences*. Je travaille à 50% pour le service de communication (Unicom) et à 20% pour le Décanat de la Faculté des géosciences et de l’environnement (FGSE). A côté de cela, j’ai aussi un mandat avec le CHUV pour l’édition de son rapport annuel.

Vous avez choisi d’étudier à la Faculté des lettres en histoire ancienne, histoire et latin, par vocation, poussé par vos parents, pour faire comme vos amis?

Par vocation. Quand j’étais au gymnase, je me suis rendu compte que je ne voulais plus devenir vétérinaire. Mon père voulait que j’aille étudier les mathématiques à l’EPFL car j’étais plutôt forte dans cette branche (j’avais une moyenne annuelle de 9,75 sur 10). Ma mère, elle, me voyait bien travailler en tant qu’employée de commerce.

De mon côté, je n’avais aucun métier en tête, alors je me suis demandé «qu’ai-je envie d’étudier?» La réponse était facile: j’adore l’histoire. C’est donc cette branche que j’ai choisie. On peut même dire que je l’ai choisie trois fois, car c’est bien l’aspect historique qui m’intéressait dans le latin plus que sa dimension littéraire.

Ce qui est fascinant avec l’histoire c’est de pouvoir évoquer les générations humaines qui nous ont précédés et qui ont vécu leur présent comme nous vivons le nôtre, sans grande idée de ce que l’avenir leur réservait. Dans quelques décennies, nous prendrons leur place et les futurs historiens pourront se pencher sur nos modes de vie. L’histoire aura donc toujours de l’avenir!

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Château de Neuschwanstein en Bavière. Visite durant les vacances en août 2016.

Votre état d’esprit au moment de l’obtention de votre diplôme?

J’étais très contente, très fière des savoirs acquis et de l’enrichissement intellectuel que cela avait suscité (j’aurais pu vous parler pendant des heures de l’hospitium** des tribus germaniques à la fin de l’Empire romain), mais en même temps un peu perdue. Je me demandais ce que j’allais pouvoir faire d’un diplôme en histoire ancienne.

Que s’est-il passé par la suite?

Je savais que je ne voulais pas enseigner, même si j’avais pris le latin comme solution de secours pour pouvoir pratiquer ce métier. Alors, j’ai commencé à chercher du travail. Parallèlement j’ai aussi débuté un doctorat à Zurich que je n’ai jamais terminé. J’ai ainsi obtenu deux mandats temporaires dans des musées pour du catalogage de collections.

J’ai continué à postuler un peu partout pour des jobs variés dont un à la direction de l’UNIL où j’ai été prise comme assistante diplômée pour produire un Annuaire de la Recherche. Cela consistait à répertorier toutes les publications et projets scientifiques de l’UNIL et d’en faire imprimer la liste sous forme de livre une fois par année.

Mon CDD d’un an s’est prolongé et mon poste a évolué, puis j’ai intégré le Centre audiovisuel (prédécesseur d’Unicom). J’ai très vite commencé à réaliser des sites web, même si cela n’était pas dans mon cahier des charges au départ. Et cela m’a tout de suite passionné; j’ai toujours eu mon petit côté geek.

A l’époque, WordPress n’était pas encore très connu, du moins à l’UNIL. Un jour un collègue m’a demandé de travailler avec lui sur un projet de blog pour des chercheurs de la FGSE qui partaient en Patagonie. C’est ainsi qu’en 2007 le premier site WordPress de l’UNIL est né. Plus tard, le Centre informatique (Ci) a pris la décision de proposer cet outil à l’ensemble de la communauté universitaire. Comme j’avais déjà travaillé sur ce support, j’ai pu facilement prendre le train en marche. Actuellement nous sommes quatre personnes (trois au Ci et moi-même) à servir de support pour les sites créés avec WordPress à l’UNIL. Et il y en plus de 200!

J’ai aussi pas mal d’autres activités à côté de mon travail à l’UNIL: je suis conseillère communale de Bursins, patrouilleuse scolaire et je participe à l’organisation du Passeport-Vacances pour l’arrondissement de Rolle. Etant jeune, j’ai longtemps fait du scoutisme et retrouver le monde du bénévolat a été un grand plaisir. Et bien sûr je suis mariée à un vigneron (mais je l’aide uniquement pour la dégustation) et nous avons trois enfants (une fille de 12 ans et deux garçons de 10 et 7 ans). Bref, je suis légèrement hyperactive!!

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Floriane Beetschen avec sa famille devant le Château de Neuschwanstein en Bavière, août 2016.

Si c’était à refaire, que changeriez-vous?

Rien, ma vie me semble pas mal réussie.

Je n’ai pas vraiment perdu le lien avec mes branches d’études: il me suffit de lire quelques articles ou d’écouter des émissions radio parlant d’histoire. Lorsque je serai à la retraite, je compte bien participer à des conférences. Je peux encore lire un texte en latin, mais c’est désolant de voir tout ce que j’ai oublié. Ma foi, on ne peut pas se rappeler des codes CSS et des dates-clefs de l’Empire romain!

En résumé, il n’y a pas forcément besoin d’un diplôme pour travailler dans un domaine qui vous intéresse. Objectivement mon papier ne m’apporte rien à part un salaire de départ plus élevé. Le métier que j’exerce actuellement, je l’ai appris sur le tas et en autodidacte, je n’ai fait aucune formation complémentaire pour cela. Ce n’est pas parce que vous avez étudié dans un domaine que vous devez y travailler. Il ne faut pas se mettre de limites. Si vous aimez quelque chose, faites-le, même si cela ne correspond pas à votre diplôme!

*Unisciences est une base de données internet, présentant l’ensemble des unités de l’UNIL, ainsi que les activités de recherche de tous les collaborateurs et collaboratrices scientifiques.

**Hospitium est l’ancienne conception de l’hospitalité gréco-romaine comme un droit divin de l’invité et un devoir divin de l’hôte. Des coutumes à peu près équivalentes sont également connues dans d’autres cultures, mais pas toujours par ce nom. Chez les Grecs et les Romains, l’hospitalité était double: privée et publique. (Wikipedia)

Article de Jeyanthy Geymeier, Bureau des alumni, 3 novembre 2016