Une formation ambitieuse en psychologie positive

Jérôme Rossier (professeur à l’Institut de psychologie de l’UNIL), Angelika Güsewell Schaub (responsable de la recherche à la Haute école de musique) et Shékina Rochat (responsable de prestations, Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle).
Nicole Chuard © UNIL

Associée à plusieurs partenaires suisses, l’UNIL lance un Certificate of Advanced Studies en psychologie positive. Fondée officiellement en 1998, cette discipline se concentre sur les facteurs qui permettent d’augmenter le bien-être et l’épanouissement des individus et peuvent contribuer au bon fonctionnement des institutions.

Quête de sens, engagement, épanouissement personnel: ces expressions reviennent lorsque l’on parle de psychologie positive. Récente, cette discipline ne se consacre pas à l’origine et au traitement des psychopathologies mais plutôt à la mobilisation des ressources qui permettent aux humains d’être heureux. Pour la première fois en Suisse romande, un Certificate of Advanced Studies (CAS) est proposé dans ce domaine.

L’idée est née en février 2017, à l’occasion de la première Journée romande de psychologie positive, qui s’est tenue à l’UNIL. «Cet événement a connu un grand succès à la suite duquel plusieurs participants ont souhaité la mise en place d’une formation plus conséquente», explique Angelika Güsewell Schaub, responsable de la recherche à la Haute école de musique (HEMU) et membre du comité directeur du CAS. Deux ans plus tard, c’est chose faite. Le cursus a été annoncé en février dernier, lors de la deuxième Journée. À nouveau, la réussite de la manifestation a confirmé l’intérêt du public pour une telle offre.

«Un réseau de partenaires, parmi lesquels l’Association suisse de psychologie positive et l’Association romande d’éducation et de psychologie positive, soutient la démarche, note Jérôme Rossier, professeur à l’Institut de psychologie de l’UNIL et président du Comité directeur du CAS. Des institutions comme les HEP (Vaud et Valais) et la HEMU sont parties prenantes.»

Activer les ressources
Accessible sur dossier, le programme est ouvert à un public large. Il peut intéresser des psychologues et des psychothérapeutes, tout comme d’autres professionnels de la santé, des personnes actives dans l’orientation professionnelle, la formation ou les ressources humaines. En effet, la psychologie positive s’attache aux ressources des personnes dans tous les aspects de leur quotidien.

Les participants entament leur cursus par deux journées introductives (6 et 7 septembre 2019), qui présentent les idées, concepts et applications de la discipline. Ils traversent ensuite trois modules, dont le fil rouge s’organise autour «des trois axes principaux constitutifs du bien-être proposés par le fondateur de cette discipline, Martin Seligman», détaille Shékina Rochat, responsable de prestations à l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle, et membre du comité directeur du CAS. Il s’agit de «la vie plaisanté», de «la vie engagée» et enfin de «la vie pleine de sens», répartis en 12 jours de cours, d’octobre 2019 à juin 2020.

Dans le module de «la vie plaisanté», Rebecca Shankland (Université Grenoble Alpes) traitera de la mindfulness et de la gratitude comme émotion positive. Dans une approche plus clinique, Tanja Bellier-Teichmann (Hôpitaux universitaires de Genève) s’intéressera à la manière d’identifier les ressources que chacun peut mobiliser, et à leur impact sur le bien-être. Elle abordera également la psychiatrie positive.

Comment et pourquoi s’engager dans ces activités porteuses de sens? Qu’est-ce que la transformation positive? Le module «La vie engagée» abordera ces questions avec Charles-Martin Krumm (président de l’Association française et francophone de psychologie positive AFFPP). Jacques Lecomte (professeur honoraire à l’Université Paris Ouest-Nanterre, et président d’honneur de l’AFFPP) parlera des entreprises humanistes. Dans une optique pratique, il expliquera «ce que cela signifie, en termes de fonctionnement d’équipe et d’impact de l’entreprise, complète Shékina Rochat. Prendre soin des humains et de l’environnement est viable au niveau économique, pour une société.»

Recherche de sens
Au cours du module «?La vie pleine de sens?», Jean-Luc Bernaud (?Conservatoire national des arts et métiers?) se penchera sur la question du sens, de l’optimisme et de l’espoir. Enfin, Shékina Rochat liera les trois «?vies?» grâce à un fil ludique. «?Il sera question de comment la métaphore du jeu peut permettre de changer de perspective face aux difficultés et défis de la vie.?» Chacun des modules «?implique du travail personnel, note Jérôme Rossier. Nous allons demander aux participants de se préparer par des lectures et de réfléchir à leur propre pratique, afin d’apporter matière à réflexion et à discussion lors des cours.?»

Les organisateurs misent sur l’hétérogénéité des parcours des apprenants – au nombre maximal de 25 – afin d’enrichir l’expérience du CAS. Ce dernier se conclura par un travail de mémoire lié à la pratique de chacun. L’exercice consistera aussi à préparer un poster, c’est-à-dire une grande affiche qui résumera la mise en place d’interventions en psychologie positive dans le contexte de chaque participant.

Regard critique
A la lecture du programme, un certain scepticisme peut émerger. Tout ce bonheur n’est-il pas un peu forcé? «ll ne faut pas confondre la psychologie positive avec la pensée positive, répond Shékina Rochat. Nous ne vivons pas dans le déni des problèmes que rencontrent les gens, mais nous nous concentrons sur leurs ressources. Il n’est pas question de chausser des lunettes roses.» Elle est rejointe par Jérôme Rossier. «Un espace pour le débat sera créé. Cette formation se déroule dans un cadre académique, ce qui implique un regard critique.»

Enfin, il ne faut pas imaginer sortir des modules «avec une boîte à outils de laquelle on tire des solutions toutes faites. Cela ne fonctionne pas quand nous sommes pris dans des interactions avec des êtres humains, précise Angelika Güsewell Schaub. Par contre, le CAS propose des matériaux dans lesquels puiser des idées.» Dans une société à la recherche de réponses rapides, la psychologie positive, comprise de manière terre à terre, peut sembler la panacée. Une idée reçue qui sera battue en brèche.

Cerise sur le gâteau, les posters mitonnés par les participants dans le cadre de leur mémoire seront présentés lors de la Journée de psychologie positive, début 2021.

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