La tectonique des plaques ne se contente pas de remodeler les cartes de la planète. Elle provoque encore des tremblements de terre, des tsunamis, des éruptions volcaniques dont les effets se font ressentir jusqu’ici.
Inlassablement, les plaques de la croûte terrestre se déplacent de quelques millimètres à quelques centimètres par an, selon les endroits. Nous ne le sentons pas, mais nous en subissons pleinement les conséquences puisque ces mouvements provoquent des catastrophes naturelles – des tremblements de terre, parfois accompagnés de tsunamis, ou des éruptions volcaniques.
Lorsque les plaques lithosphériques convergent, des contraintes s’accumulent à leur jonction. Les roches, élastiques, peuvent les absorber. Jusqu’à un certain point. Car, de même qu’une règle en plastique finit par casser quand on la plie jusqu’au point de rupture, lorsque «la force de compression dépasse la force de résistance des roches, ça lâche tout à coup», explique François Bussy.
Se produit alors un tremblement de terre. Notamment dans les zones de subduction, dans lesquelles une plaque s’enfonce sous une autre. «Les zones les plus critiques sont «les marges actives» situées en bordure des continents», souligne Peter Baumgartner. Les Japonais et les habitants de l’ouest du continent américain en font régulièrement la tragique expérience.
Si une grande partie des séismes destructeurs naissent dans les zones de subduction, d’autres sont provoqués par un «décrochement».
C’est notamment le cas des tremblements de terre qui affectent régulièrement la Californie. Ils sont dus à la présence de la fameuse faille de San Andreas, qui passe par San Francisco et Los Angeles, le long de laquelle deux blocs rocheux coulissent horizontalement l’un par rapport à l’autre.
Lorsque ces séismes se manifestent sous l’océan à de faibles profondeurs, ils peuvent aussi engendrer des vagues géantes et donc des tsunamis.
C’est également à la tectonique des plaques que l’on doit la plupart des éruptions volcaniques. Lorsqu’une plaque s’enfonce, explique François Bussy, «elle emmène avec elle de l’eau qui, sous l’effet des fortes pressions et températures, est mélangée aux roches du manteau. La présence d’eau abaisse le point de fusion des roches et fait fondre le manteau, générant des magmas. Ceux-ci, moins denses que les matériaux qui les entourent, remontent à la surface et créent des éruptions volcaniques.» C’est ainsi que s’est formée la ceinture de feu, cet alignement de volcans qui bordent l’océan Pacifique.
Des victimes, un grand nombre de personnes déplacées, d’énormes dégâts économiques: ces catastrophes naturelles sont, localement, lourdes de conséquences. Mais leurs effets indirects sont parfois ressentis à des milliers de kilomètres du lieu où elles se produisent.
François Bussy en cite pour exemple l’éruption cataclysmique, en 1815, du volcan Tambora, situé sur l’île de Sumbawa en Indonésie – «la plus destructrice de l’histoire moderne». Elle a projeté de telles quantités de poussières dans l’atmosphère que le ciel en a été obscurci. L’ensoleillement a considérablement diminué au point que l’Europe, et en particulier la Suisse, ont vécu «une année sans été. L’année suivante, il n’y a pas eu de récolte et les populations alpines, notamment valaisannes, qui étaient éloignées de la mer, mouraient de faim. Cette année-là, la mortalité en Suisse a doublé par rapport à ce qu’elle était habituellement!»
Les éruptions volcaniques ont, certes, des effets dévastateurs, mais elles ont aussi leurs bienfaits. Peter Baumgartner rappelle que les grandes quantités de cendres qu’elles rejettent sont «une manne pour les sols: elles créent des terres qui sont parmi les plus fertiles au monde. C’est d’ailleurs pour cette raison que les régions situées à proximité des volcans comptent parmi les plus peuplées.» Les phénomènes – éruptions ou séismes – résultant de la tectonique des plaques «existent; on ne peut ni les prédire à long terme, ni les arrêter, ni les modifier», conclut le géologue. Il nous faut donc vivre avec.