A l’UNIL, un laboratoire unique en son genre étudie le fonctionnement des adjuvants, ces substances qui renforcent le pouvoir de certains vaccins, en augmentent l’efficacité et en font baisser le coût. Le ministère américain de la Santé a accordé un financement à une équipe lausannoise.
Il est unique en son genre. Le laboratoire de formulation vaccinale du département de biochimie de l’UNIL est spécialisé dans les adjuvants. Il n’en élabore pas de nouveaux, mais il «cherche à comprendre comment ces substances fonctionnent et, d’autre part, à les mettre à la disposition, tant des chercheurs européens que des pays en développement qui en ont besoin», explique son directeur, Nicolas Collin.
Surtout, collaborant avec des entreprises de la pharma et biotechnologie, ainsi qu’avec le milieu académique, ce laboratoire reconnu «centre d’excellence de l’OMS» travaille «en toute indépendance. Notre règle d’or est de dire à ceux qui nous approchent pour concevoir un nouveau vaccin: si vous n’avez pas besoin d’adjuvant, n’en mettez pas.»
Financement américain
Sans doute est-ce cette neutralité toute helvétique qui a séduit le ministère américain de la Santé. Ce dernier a décidé d’accorder un financement à l’équipe de l’UNIL afin qu’elle aide le gouvernement indonésien à fabriquer un adjuvant pour le vaccin contre la grippe aviaire H5N1.
«Le vaccin existant est peu immunogénique et il nécessite trop de principe actif pour exercer son pouvoir. En lui ajoutant un adjuvant, on peut diminuer la dose de 20 fois; en d’autres termes, on peut vacciner 20 fois plus de personnes pour le même coût», assure Nicolas Collin.
Transfert de technologie
L’Indonésie n’ayant pas accès à la technologie pour fabriquer l’adjuvant nécessaire, une émulsion de type huile dans l’eau, les chercheurs lausannois ont développé dans leur laboratoire une «production quasi industrielle», donc à échelle réduite. Ils ont ensuite transféré leurs compétences à une entreprise indonésienne. «Désormais, l’adjuvant lui appartient et elle devra en développer la production industrielle», précise le directeur.
Pour cette société, la prochaine étape consistera à combiner cet adjuvant au vaccin qu’elle fabrique et à tester l’ensemble sur des animaux, avant d’entreprendre des essais cliniques. C’est dire que la mise au point du vaccin indonésien contre la grippe aviaire devrait encore prendre «quelques années».
Ce long processus n’aurait pas pu être initié sans l’intervention de Nicolas Collin et de ses collègues qui, forts de cette expérience, ont déjà engagé un partenariat du même type avec le Vietnam.