Que reste-t-il du passé dans cette Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) dont l’histoire turbulente jette un éclairage politique et scientifique unique sur ces 120 dernières années? Longtemps École intégrée avec celle des HEC à la Faculté de droit et parfois même menacée de dissolution, l’ancêtre de cette Faculté des SSP si florissante aujourd’hui, et dont la naissance facultaire officielle remonte à 1977, fut d’abord en quasi parfaite osmose avec le pouvoir radical-libéral. On peut même dire que la psychologie à l’UNIL est née dans le contexte alors très prenant du protestantisme. De grands professeurs, il y en eut beaucoup, et soucieux de déployer leur discipline sur le plan scientifique, international et critique sans s’inféoder à un pouvoir. Ceux qui incarnèrent le plus une forme de contre-pouvoir en appelaient d’abord à l’imagination scientifique et à l’émancipation de chaque étudiant envers les normes et y compris les contre-normes du moment. Certains, il ne faut pas le cacher, se sont aussi perdus dans de vaines querelles interpersonnelles. Mais parlons enfin au féminin puisque l’histoire des SSP dès la seconde moitié du XXe siècle est aussi, logiquement, celle des étudiantes qui peuplent la faculté jusqu’à devenir majoritaires aujourd’hui, tandis que la première professeure ne sera nommée qu’en 1976.
L’ouvrage présente douze chapitres éclairant avec minutie la genèse et les principaux développements de SSP. Une seconde partie offre des témoignages originaux d’anciens étudiants dont ceux de Bertil Galland, d’Yvette Jaggi et d’Antoine Jaccoud. /NR
Le Vortex, ou l’éloge de la rondeur
Avec sa silhouette aux allures de Colisée contemporain, le Vortex est devenu un repère emblématique du campus de Dorigny. Inauguré en été 2020, conçu par l’architecte zurichois Jean-Pierre Dürig, il offre 828 logements pour étudiants, employés ou hôtes académiques de l’UNIL et de l’EPFL. Un tel édifice méritait d’être documenté par un ouvrage largement illustré, le voici. Signé Philip Jodidio, il s’intéresse dans un premier temps à l’importance de la forme circulaire et de la spirale – en l’occurrence la rampe centrale du bâtiment – dans l’art et l’architecture. S’ensuivent une petite histoire de l’université ainsi qu’une présentation de la Fondation Maisons pour étudiants Lausanne. Au travers d’interviews, Philip Jodidio se concentre ensuite sur l’architecte et son bâtiment de 29 mètres de haut et 137 mètres de diamètre. Jean-Pierre Dürig y précise qu’il a pensé l’édifice comme un village-rue – une rue de plus de deux kilomètres – et que «la forme globale est ronde, parce c’était la forme géométrique la plus facile à placer sur le site». Avis aux rêveurs, tout le reste n’est que fantasme! /MD
Que nous reste-t-il de l’enfance ?
Les récits d’enfance constituent le cœur de cet ouvrage collectif. Les contributions des auteurs, issus de différentes disciplines, nous emmènent aussi bien dans une abbaye-école du Tarn aux XVIIIe et XIXe siècles que du côté du cinéma de Fellini. Bien souvent hélas, les souvenirs d’enfance sont teintés de tragédie, comme en témoigne par exemple un chapitre consacré aux orphelins de la Première Guerre mondiale, dont la mémoire est hantée par les pères disparus.
Fruit d’un colloque, ce livre bien illustré est codirigé par Danièle Tosato-Rigo, professeure en Section d’histoire. La chercheuse consacre un article aux précepteurs et gouvernantes suisses des petits-enfants de l’impératrice de Russie Catherine II. Parmi ces enseignants figure Frédéric-César de La Harpe, qui a eu la lourde tâche d’éduquer Alexandre Ier (tsar de 1800 à 1825) et son frère Constantin. Les archives des pédagogues suisses éclairent la manière dont on formait les futurs souverains.
Enfin, l’ouvrage propose une intéressante contribution de Sylvie Moret Petrini, première assistante en Section d’histoire, au sujet des journaux de jeunesse. /DS