Complément de l’article paru le 26 septembre 2013 dans Allez savoir ! Entretien avec Marc Laperrouza, chargé de cours à la Faculté des hautes études commerciales, organisateur du programme et fin connaisseur de la Chine.
En juillet 2013, un groupe de 21 étudiants de bachelor à la Faculté des hautes études commerciales s’est immergé à Shanghai et dans sa région, pendant douze jours. Ce voyage, organisé pour la deuxième année consécutive, a été mené par la professeure Maia Wentland, Marc Laperrouza et Enea Sala, assistant-étudiant.
Ce séjour en Chine n’avait rien à voir avec des vacances, d’autant que la canicule a régné d’un bout à l’autre de l’aventure. Les accompagnants ont sorti les participants de leur « zone de confort ». Il leur a par exemple été demandé de documenter, par des photos, différents thèmes comme la R&D, la croissance, le luxe ou le sport. Un « Shanghai Rallye » a été lancé, avec des missions à la clé, comme trouver un appartement à louer, négocier un tarif, comparer des prix sur les linéaires dans un magasins ou découvrir comment un expatrié peut passer son permis de conduire. Le tout sans accompagnant ni traducteur.
Cosmopolite, Shanghai est la ville la plus développée du pays. Pour échapper à ce cadre qui ressemble à n’importe quelle autre métropole, les étudiants ont découvert Hangzhou, Yiwu et Suzhou, où ils ont visité des entreprises, des usines ainsi que le plus grand centre d’approvisionnement du monde. Le salaire des ouvriers, les conditions de travail ou le turn-over ont été abordés à ces occasions. Hors du domaine économique, des aspects culturels comme la calligraphie, le tai-chi, la cuisine ou le mah-jong ont été traités de manière ludique.
Quels sont les buts d’un tel voyage ? Premièrement, saisir le dynamisme d’un marché émergent. Se rendre compte de visu de la manière dont vit une économie qui croît de 6 ou 7% chaque année depuis plusieurs décennies, soit bien davantage que la nôtre.
Un autre objectif consistait à approfondir la réflexion sur la manière d’adapter un modèle d’affaires à un marché émergent. Pour cela, les participants ont été répartis en cinq groupes, qui ont mené sur place des entretiens avec des responsables de marché ou de marques occidentales comme Ikea, C&A, Piaget, Intersport et Hermès.
Acquérir un « état d’esprit global », c’est à dire une ouverture à la diversité culturelle, figurait enfin au programme. Ce qui ne s’improvise pas. Ainsi, Joseph « Joe » DiStefano, professeur à l’IMD, est intervenu avant le périple auprès des étudiants. Grâce notamment à l’organisation de parties de cartes dont les règles changeaient en fonction des groupes, une sensibilisation à la différence a été initiée.
Marc Laperrouza rappelle que les principaux concernés sont nés après la chute du mur de Berlin. Le communisme mêlé d’ultralibéralisme, tel qu’il est pratiqué en Chine, constitue un mélange tout à fait nouveau pour nombre d’entre eux.
Afin de mesurer plus précisément cet « état d’esprit global », les participants ont rédigé une note réflexive de deux pages, où ils ont noté d’un côté ce qu’était la Chine à leur yeux avant leur voyage, et de l’autre la manière dont elle leur apparaît après leur retour. Ces documents ont été analysés par un groupe de travail du Centre de soutien à l’enseignement de l’UNIL en septembre. De manière empirique, Marc Laperrouza indique avoir déjà observé des changements d’avis à la lumière de l’expérience vécue. Quelques personnes ont prolongé leur séjour après la fin du programme. D’autres cherchent même des places de stage dans des entreprises en Chine.
Ce « cours » très original est soutenu par le canton de Vaud et la faculté des HEC. Le projet a aussi bénéficié du soutien de swissnex China. Le Centre de Soutien à l’Enseignement de l’UNIL a accompagné cette démarche pédagogique peu commune. De leur côté, les étudiants ont contribué en payant leurs billets d’avion.
Revivre Shanghai 2013 au jour le jour : www.hec.unil.ch/emerging-markets/