Embauche, motivation, stress ou évaluation du personnel. Trois chercheurs mettent à plat la gestion des ressources humaines, dans un ouvrage soutenu par la recherche.
Aujourd’hui, la gestion des ressources humaines (GRH) paraît être une affaire de professionnels. Le domaine fait même l’objet d’un nombre croissant de travaux de recherche. Les trois auteurs de cet ouvrage synthétique en sont la preuve: deux d’entre eux sont professeurs à l’UNIL et le troisième à la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud. Pourtant, Yves Emery, David Giauque et François Gonin relèvent que la GRH «relève encore bien souvent d’un “bricolage savant”, voire même d’un “copier-coller” de pratiques identifiées dans des entreprises concurrentes, plutôt que d’une réflexion approfondie des besoins réels tant de l’employeur que du personnel.»
C’est donc un quilt amish que ce livre propose de détricoter, à l’intention d’un large public. Au fil des pages, nous suivons le parcours des employés, du recrutement au reporting, en passant par les aspects liés à la motivation, la rémunération, la responsabilité sociale des entreprises ou la performance.
Délicates évaluations
Un chapitre intéressant traite des traditionnelles évaluations du personnel, souvent vécues comme des pertes de temps. S’ils gardent un ton critique, les auteurs listent les avantages du feedback livré aux employés. Plusieurs études soulignent par exemple son effet positif sur le développement, l’apprentissage et «la reconnaissance du travail effectué par la personne évaluée».
Mal menée, cette démarche peut aller jusqu’à faire éclater des conflits là où il n’y en avait pas. Bien réalisée, elle aide beaucoup de gens à donner du sens à leur travail, en l’intégrant dans l’ensemble plus large des tâches réalisées par les autres collaborateurs de l’entreprise. Dans l’idéal, une évaluation réussie motive les personnes à s’investir au-delà «des attentes formelles à leur égard», ce que la recherche a baptisé le «comportement citoyen dans l’organisation».
Cohérence, réciprocité et appropriation: tel est le trio gagnant en matière de GRH, selon les auteurs. Ainsi, il semble logique que la stratégie affichée par une organisation soit en adéquation avec ses pratiques et les moyens qu’elle se donne. Ensuite, si les employés constatent que l’encadrement les soutient et met en place les conditions nécessaires pour que le travail soit bien fait, leur envie de produire des efforts augmente. Cela implique un certain degré de confiance entre l’entreprise et les collaborateurs, un lien qui ne tombe pas du ciel. Enfin, si les activités professionnelles ont un sens, la motivation débarque au rendez-vous. Hélas, ces trois conditions ne sont de loin pas réunies partout.