Santé, mobilité, protection des données, liberté d’expression, circulation de l’information: autant de domaines qui, depuis l’irruption d’Internet, ont radicalement changé de visage et de règles. Désormais, impossible de comprendre ce qui se joue sur ces terrains, de saisir les enjeux sociaux et politiques que ces changements et ceux à venir impliquent sans une solide culture numérique. Ce domaine fera bientôt partie des cursus obligatoire et post-obligatoire vaudois. L’UNIL, qui travaille sur cette réforme visant à intégrer ces compétences de la 1P au gymnase, a souhaité ces deux journées, intitulées «Internet – Enjeux sociaux et politiques». Elles peuvent être suivies dans le cadre de la formation continue des enseignants qui devront transmettre cette matière, mais elles sont aussi ouvertes à un public plus large, tels les psychologues ou les journalistes, confrontés à ces notions au quotidien. La prochaine édition se déroulera les 12 et 13 septembre 2022.
Les clés d’une culture
Boris Beaude, professeur en cultures, sociétés et humanités numériques à la Faculté des sciences sociales et politiques, le souligne d’emblée: «Ce n’est pas une formation qui débouche sur un savoir-faire explicite. Elle pose un cadre conceptuel et historique, elle esquisse les contours d’une culture sans laquelle la situation actuelle est difficilement compréhensible.» Il poursuit: «Les débats autour de Facebook, des “ bulles de filtres ”, des fake news, du harcèlement ou de la vie privée nous montrent que sans contexte, il est impossible d’aller au fond des choses et d’en saisir pleinement les enjeux. Or, ces deux ou trois dernières années, le domaine du numérique s’est considérablement développé. Garder ses connaissances à jour exige un travail énorme, auquel il faut consacrer de plus en plus de temps», constate le spécialiste.
De l’utopie des origines…
Comment est-on passé des utopies des années 70, où une poignée de scientifiques et d’ingénieurs cherchait comment améliorer la communication entre des laboratoires installés aux quatre coins du monde, à un outil qui envahit nos vies privées? Comment cet espace, longtemps envisagé comme une fenêtre ouverte sur une liberté d’expression sans limites, a-t-il fini par révéler ses côtés les plus sombres au XXIe siècle? «L’information peut circuler plus vite, plus librement, mais on ne peut se dispenser d’inventer la société qui va avec», résume Boris Beaude.
La (très) dense matière de cette formation devrait aider les participants à s’emparer de ces questions. De la première édition, qui s’est déroulée en 2020, Boris Beaude a retenu la demande d’étoffer aussi la partie portant sur les aspects techniques de l’Internet: «J’aborde désormais l’histoire des protocoles ainsi que celle des standards: qui en décide? Et comment attribue-t-on les noms de domaines?» Au programme aussi, la lecture de textes fondateurs, telle la Déclaration d’indépendance du cyberespace de John Perry Barlow, ou Code is Law de Lawrence Lessig.
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