Comment nos choix en matière d’énergie vont-ils changer nos logements, notre mobilité, notre économie et nos loisirs, dans 33 ans ? Elaborés lors du World Knowledge Dialogue 2015, présentés à la COP21, ces quatre scénarios d’avenir seront soumis au vote du public lors de la deuxième rencontre Volteface. Rendez-vous le 9 février 2016 à l’UNIL. Auditoire Erna Hamburger, 17h. www.volteface.ch
Scénario 1 – Be smart
Les géants du privé, notamment de la Silicon Valley, prennent en main la transition énergétique, investissent dans la recherche et la production. Ce sont des progrès technologiques, et non les changements de modes de vie, qui permettent de gagner en efficacité énergétique.
En se basant sur les habitudes des occupants, le système informatique des appartements chauffe et éclaire uniquement les pièces utilisées le matin. Via SMS, l’entreprise californienne qui fournit l’immeuble en électricité informe chacun de sa consommation d’énergie, dans le but de la comparer à celle des voisins. La géolocalisation des gens par leurs smartphones permet de plonger leurs appartements vides en mode «sommeil». Le chauffage se réactive quand ceux-ci se trouvent à 500 mètres de la porte.
Le télétravail et les espaces de coworking sont très développés. Pour se rendre physiquement dans les locaux des entreprises, ces dernières organisent les transports avec des bus électriques connectés. Le trajet, productif, compte comme temps de travail. Il est également possible d’utiliser des voitures à hydrogène sans chauffeur pour les imprévus. Dans la zone d’activités, une ferme verticale fournit les aliments pour les cafétérias. Les biens de consommation sont munis de puces RFID qui permettent de tracer leurs cycles de vie.
Les sociétés organisent les sorties culturelles et sportives, et prennent en charge les déplacements, ce qui simplifie la vie des familles. De nombreux loisirs sont virtuels. De même, des vacances «clés en mains» sont proposées aux employés par les firmes de la Silicon Valley.
Scénario 2 – Transitons ensemble
Des accidents nucléaires et les conférences sur le climat ont réveillé l’opinion publique. Les citoyens s’organisent entre eux, se forment, changent leur mode de vie vers une forte baisse de leur consommation d’énergie et vers le renouvelable. Le partage devient la norme.
Les habitants des communautés d’habitation logent dans des appartements lowtech mais solides qu’ils ont réalisés ensemble. La colocation est très répandue. Les questions relatives à l’énergie, l’eau, l’instruction et la garde des enfants ou les soins des personnes âgées sont réglées en assemblées locales. Les appareils électroménagers et électroniques, ainsi que les outils, sont acquis en commun et prêtés selon les besoins.
Les transports publics, le vélo et la marche sont les moyens de transport les plus courants. Via des coopératives, la culture des légumes, la gestion des forêts et l’entretien du parc photovoltaïque et éolien font partie des tâches de tous. De nombreux objets sont fabriqués grâce à des imprimantes 3D. Le troc et les monnaies locales dominent. Les communautés sont très connectées entre elles, et échangent énergie, services et conseils. Le secteur tertiaire diminue d’importance.
Les divertissements sont simples. Parfois, on se déplace dans d’autres communautés ou à la campagne, mais toujours dans le but de travailler ou de se former. Les personnes douées de leurs mains sont accueillies à bras ouverts. La notion même de vacances s’effiloche. Les voyages lointains n’existent presque plus.
Scénario 3 – Le plan Watt-len
La situation internationale est très tendue. Plusieurs chocs énergétiques ont lieu. L’approvisionnement de la Suisse en produits fossiles et en électricité étrangers n’est plus assuré. Le pays vise l’autonomie, comme lors de la Seconde Guerre mondiale.
Placés sous forte pression étatique, les habitants et les propriétaires rivalisent d’inventivité en termes d’isolation et d’économies. Ainsi, il n’existe presque aucun toit dépourvu de panneaux solaires. Chaque immeuble a un quota de production. Les citoyens sont soumis à un contrôle strict de leur consommation et incités à dénoncer les gaspilleurs à la Police de l’énergie.
La circulation est faible. Les transports publics et les vélos constituent la norme, alors que les véhicules privés ont presque disparu. Tout comme la viande dans les assiettes. Le chômage est élevé au vu de la baisse des échanges internationaux. Les citoyens se tournent vers le secteur primaire et les bricoleurs capables de réparer des pompes à chaleur ou des panneaux solaires sont appréciés. Les agriculteurs, qui produisent du biogaz et de la nourriture, redeviennent les rois. L’agriculture urbaine se développe.
Les loisirs sont plus simples et locaux. Les traditions populaires et le folklore connaissent un renouveau. Les familles se rendent à la campagne – pour travailler ou se former en agriculture. On pratique intensivement les échanges entre régions linguistiques. Les voyages dans les pays d’Europe proches continuent pour les plus fortunés, mais les destinations lointaines deviennent inaccessibles.
Scénario 4 – Délocalisons
Aucune conférence sur le climat n’aboutit. La consommation de produits fossiles et la quantité de CO2 continuent de croître. On s’adapte au réchauffement, sans lutter contre ses causes. On délocalise tout ce qui pollue, ainsi que la production d’énergie, dans les pays en développement.
Des bâtiments positifs en énergie coexistent avec des immeubles anciens. L’énergie reste très bon marché et les producteurs, soumis à une forte concurrence, multiplient les offres avantageuses. L’individualisme règne et les modes de vie ne changent pas. Par volonté politique, la qualité de la vie demeure très élevée en Suisse, qui s’est bien préparée aux effets du réchauffement. Ce havre de paix attire du monde, dont des réfugiés climatiques.
Les véhicules privés à essence, de plus en plus performants, dominent. Toutefois, les véhicules électriques ou à gaz, à deux et quatre roues se répandent. Les temps de trajet pour les pendulaires, y compris en transports publics, s’allongent sans cesse. Le télétravail ne prend pas. L’économie est fortement tertiarisée. La globalisation fonctionne à plein régime et les produits viennent de plus en plus loin, quelle que soit la saison.
Les loisirs individuels et les vacances lointaines demeurent la norme. Les touristes recherchent les derniers espaces protégés de la planète. Les problèmes géopolitiques plus intenses dus aux changements climatiques limitent toutefois les destinations possibles. La campagne et les forêts suisses, désertées par les agriculteurs, deviennent des zones résidentielles et de loisirs.
Article principal: A quelle énergie carbureront les Suisses en 2049 ?