«L’affaire Mussolini» constitue le point de départ d’actions plus larges au sujet du conflit mémoriel. Une exposition, à laquelle des associations italiennes et une classe de gymnase ont collaboré, est proposée au public.
Conçus par le Service culture et médiation scientifique (SCMS) de l’UNIL, une exposition et des événements sont proposés au public, dès le mois de novembre. Du point de vue individuel, de celui des institutions ou d’autres organisations citoyennes, que peut-on faire face aux aspects du passé qui hantent le présent?
Fascination pour le fascisme
Pour fournir des éléments de réponse, le bâtiment Anthropole de l’UNIL abrite dès la mi-novembre l’exposition Docteur Mussolini. Un passé sensible, centrée sur le cas précis de Mussolini mais également proposant une ouverture face à d’autres conflits mémoriels. «Une partie de celle-ci consiste à décortiquer le cheminement qui a permis à une institution de décerner un doctorat honoris causa à Mussolini en 1937, en expliquant le contexte de fascination pour le fascisme qui existait alors, indique Olga Cantón Caro, responsable du projet. Une autre question, qui touche à notre capacité de vigilance, se pose: est-ce qu’un événement similaire pourrait se reproduire, et par quels mécanismes?» Le groupe de travail chargé de réfléchir au contenu de l’exposition reflète ainsi la dimension plurielle et citoyenne de ces questions sensibles, avec la participation de chercheurs et chercheuses, d’associations italiennes et d’une classe de gymnase.
Des élèves prennent le micro
Dans un registre contemporain, l’exposition implique une classe de Florian Kissling, professeur au Gymnase de Burier. Formés par la journaliste radio Céline O’Clin, «les élèves ont réalisé sept capsules audio au sujet d’autres conflits mémoriels en Suisse», ajoute Olga Cantón Caro. Ceux-ci concernent des personnalités parfois honorées de monuments dans l’espace public. Les cas de Louis Agassiz (qui a émis des idées racistes), d’Alfred Escher (dont la famille a tiré profit de l’esclavage), d’Auguste Forel (partisan de l’eugénisme) et du peintre Balthus (certaines de ses représentations de jeunes filles ont choqué) font partie des personnalités traitées. «Nous avons également prévu des dispositifs interactifs, afin de permettre au public de s’exprimer», complète la collaboratrice du SCMS.
Avec la communauté italophone
Plusieurs associations italiennes de la région – La Colonia libera italiana di Losanna et l’ANPI – participent à ce projet de médiation scientifique. Elles ont soutenu une pétition récente demandant le retrait du d.h.c. et ont contribué à la définition de plusieurs problématiques de l’exposition. «Nous souhaitons également proposer différents événements publics avec la contribution de ces communautés. Par exemple, nous aimerions organiser des visites guidées sur les traces du fascisme et de l’antifascisme à Lausanne», indique Olga Cantón Caro. Le tout nouveau Laboratoire Histoire et Cité de l’UNIL collabore au programme. Outre la conférence publique «Pour une histoire globale du fascisme» le 7 novembre, il proposera d’autres rendez-vous au printemps 2025.
Article principal: l’UNIL n’en a pas fini avec Mussolini