Un ouvrage hilarant et indispensable rassemble 85 stratagèmes vicieux à l’intention des managers. Fruit d’une collaboration originale entre un chercheur de l’UNIL et un psychiatre, ce succès de librairie fait rire – jaune – dans les entreprises et sur internet. Il comporte également un volet académique prometteur.
Monument d’humour grinçant et de second degré, illustré de photographies décalées façon 50’s, Les seigneurs du management sont nés de «15 ans d’énervement», raconte Stefano Mastrogiacomo, collaborateur scientifique au Département des systèmes d’information (Faculté des HEC). Ce dernier, qui a travaillé longtemps dans le secteur bancaire, a pu constater de près les dégâts humains que produisent les pratiques toxiques de management. De son côté, le psychiatre Pierre Sindelar voit régulièrement débarquer des cadres au bout du rouleau dans son cabinet genevois.
Tirées de l’observation de la vie réelle dans les bureaux, les situations et les petites phrases cruelles listées dans le recueil créent le malaise et incitent le lecteur à se poser des questions, sans lui faire la morale. La situation n’est guère riante: pour Stefano Mastrogiacomo, certaines entreprises possèdent tous les attributs des milieux hostiles, dans lesquels «de nombreux employés sont en mode survie, et se maintiennent debout à coups de médicaments».
Très facile à lire, et même conçu comme un «livre d’aéroport», l’ouvrage a pour but «d’améliorer les choses ! La reconnaissance des problèmes constitue 99% de la solution», affirme l’auteur qui mène en parallèle des recherches avec Stéphanie Missonier, professeure assistante au Département des systèmes d’information, Riccardo Bonazzi (assistant étudiant dans le même département) et Flaviu Roman (assistant doctorant à l’EPFL). Un modèle de management plus sain sur le plan collectif, proposé par ces chercheurs, se trouve aujourd’hui en phase de test dans cinq entreprises de Suisse romande. Les premiers retours sont très positifs.
Sur le plan éditorial, Stefano Mastrogiacomo et Pierre Sindelar ne comptent pas en rester là : un deuxième tome (qui ciblera les manoeuvres des employés) et un troisième (qui présentera une méthode de management simple) sont déjà prévus. Les auteurs jouent à fond la carte des réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, ainsi que du marketing viral. Un site internet (www.lesseigneursdumanagement.com) invite le lecteur à balancer ses chefs, en partageant les stratagèmes tordus auxquels il est confronté. Un moyen redoutable de constater que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. DS
Les Seigneurs du management. Par Stefano Mastrogiacomo. Avec la collaboration de Pierre Sindelar. Editions Eyrolles (2012), 236 p.
Un banquier est trouvé le crâne défoncé dans un petit village perdu près de Sion. Deux flics, le jeune bleu en quête de renom et l’alcoolique bourru, tentent de démêler une intrigue complexe, entravée par la présence d’un écrivain célèbre à la recherche d’un second souffle. Isaac Pante signe un premier ouvrage plaisant, nerveux et rythmé, qui se déroule avec une précision toute… mathématique. Ce Valaisan de 31 ans prépare une thèse en linguistique à l’UNIL sur le milieu des pompes funèbres. Il est chargé de cours en Informatique et méthodes mathématiques. FZ
Je connais tes oeuvres. Par Isaac Pante, Editions G d’Encre (2012), 212 pages.
Enseignant à l’UNIL, Giuseppe Merrone vient de publier L’Effet Popescu. Louise Anne Bouchard s’adresse aux lecteurs désireux de la suivre à travers sa propre jeunesse à Montréal et de pénétrer dans l’univers de cet autre étranger de Lausanne, le Roumain Marius Daniel Popescu, chauffeur de bus, séducteur, poète et prosateur qui n’hésite pas lui-même à narrer son pays d’origine et sa vie, comme dans La Symphonie du loup et Les Couleurs de l’hirondelle. Louise Anne Bouchard se glisse sur la pointe des pieds dans le sillage d’un Popescu monumental qu’elle admire et attire à elle, un jour à la sortie d’un dépôt TL, homme de chair et de papier, de maux et de mots. NR
L’effet Popescu. Par Louise Anne Bouchard. BSN Press (2012), 48 p.
Le 213e Cahier Rouge de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe est consacré aux négociations en vue de l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE). Un accord refusé par le peuple suisse, le 6 décembre 1992. L’économiste Philippe G. Nell, qui a participé de l’intérieur aux discussions à l’époque, raconte en détail quatre ans de travail intense. Blocages, coups de théâtre, avancées: l’ouvrage offre une visite inédite des coulisses d’un véritable opéra diplomatique. DS
Suisse – Communauté européenne – Au coeur des négociations sur l’Espace économique européen. Par Philippe G. Nell. Economica (2012), 422 pages.
Eminence du parti radical, bibliothécaire cantonal puis chancelier de l’Etat de Vaud, chroniqueur et colonel divisionnaire, Ferdinand Lecomte fut un homme haut en couleur. Cet «adversaire acharné de l’esclavage» a été l’un des observateurs de la Confédération lors de la Guerre de Sécession. Le passionnant ouvrage du jeune historien David Auberson, diplômé de l’UNIL, retrace le parcours et les voyages d’un «personnage majeur de notes de bas de pages», comme le relève l’auteur. ? DS
Ferdinand Lecomte 1826-1899, un Vaudois témoin de la Guerre de Sécession. Par David Auberson. Bibliothèque historique vaudoise No 136, (2012), 236 p.
«Eluveitie». Gravée vers 300 av. J.-C. à l’intérieur d’une coupe retrouvée en Italie du Nord, cette inscription est la plus ancienne mention connue d’un Helvète. Dans un ouvrage agrémenté de cartes et de dessins, l’archéologue Gilbert Kaenel retrace l’histoire d’un peuple qui a donné quelques cheveux blancs aux Romains, avant que Jules César ne leur inflige une défaite sanglante à Bibracte, en 58 av. J.-C. Ce livre inaugure une nouvelle série, «Grandes dates», consacrée à des moments-clés de l’histoire. ? DS
L’an -58 Les Helvètes: archéologie d’un peuple celte. Par Gilbert Kaenel. Presses polytechniques et universitaires romandes / Le savoir suisse (2012), 150 p.
Un grand nombre de jeunes filles ont une relation difficile à leur corps et à la nourriture, sans pour autant être anorexiques ou boulimiques. Sophie Vust, chercheuse à l’Institut de psychologie de l’UNIL et psychologue- psychothérapeute à l’Unité multidisciplinaire de santé des adolescents du CHUV, a pris le temps d’écouter ces adolescentes et jeunes adultes qui ne savent plus comment se nourrir. Elle relate leurs inquiétudes, leurs souffrances et leur envie de s’en sortir au travers d’un livre qui questionne notre société où règne le culte de la minceur et de l’apparence. Sophie Vust espère sensibiliser le grand public et les professionnels à des troubles trop souvent méconnus ou banalisés. Ils constituent pourtant un véritable enjeu de santé publique. En effet, si seules 2 à 3% des jeunes filles souffrent d’anorexie ou de boulimie, elles sont cinq fois plus à être atteintes de troubles alimentaires atypiques, qui se manifestent par des préoccupations constantes concernant l’alimentation, le poids et l’apparence. Ces jeunes femmes s’infligent des restrictions alimentaires drastiques, souvent suivies d’abus de nourriture. Un cercle vicieux s’installe.
Ces pathologies sont révélatrices de difficultés intérieures ou d’un manque d’estime de soi très fréquents à l’adolescence. Le premier pas dans les thérapies, individuelles ou de groupe, consiste alors à revaloriser ces jeunes et à leur faire comprendre que le problème ne provient ni de l’alimentation, ni de leur corps. Il s’agit ausside «dédiaboliser» certains aliments.
Maigrir est devenu un mode de vie. Les nombreuses campagnes de prévention contre l’obésité ont un effet déstabilisant et anxiogène, selon les témoignages récoltés par la psychologue. La surmédiatisation du thème de l’alimentation, les images publicitaires, le souci permanent de manger sain, conduisent en réalité à des effets délétères insoupçonnés. Sophie Vust dénonce le diktat des régimes et souhaite promouvoir une estime de soi qui ne soit pas liée à l’apparence ou au poids, afin de contribuer à prévenir les troubles alimentaires. SB
Ni anorexie ni boulimie: les troubles alimentaires atypiques. Quand l’alimentation pose problème… Par Sophie Vust. Editions Médecine et Hygiène (2012), 166 p. Conférence de Sophie Vust le 4 décembre 2012 à 12h15, devant l’Anthropos Café.