Une formation continue interdisciplinaire en urbanisme durable, tournée vers la pratique et nourrie par la recherche académique, est consacrée aux transformations des villes dans la perspective du développement durable.
Depuis quelques années, les projets d’agglomérations connaissent une incroyable dynamique en Suisse. La mutation du pays, dans lequel les citadins composent désormais 84% de la population, se voit partout. Comment faire en sorte que cette valse des grues et des pelles mécaniques ne signifie pas la fin de notre qualité de vie ?
Une des réponses réside dans le programme de formation continue «Urbanisme durable». Ce Master of Advanced Studies (MAS), composé de trois modules d’un semestre chacun, suivi d’un mémoire de fin d’études, prépare «des professionnels polyvalents, capables d’intégrer les enjeux sociaux et environnementaux à la démarche de transformation des espaces urbains», expose Antonio Da Cunha, professeur à l’Institut de géographie et durabilité et directeur du MAS, dont la troisième édition démarre cet automne.
Le chercheur relève que les villes dominent les sociétés contemporaines pour le meilleur et pour le pire. La pauvreté s’y loge au cœur même de l’abondance. Leur mode de croissance étalée ne cesse d’alourdir leur empreinte écologique. Elles consomment deux tiers des ressources matérielles de la planète. Les logements, les bâtiments dans lesquels nous travaillons et nos déplacements urbains constituent 60% de la facture énergétique. Mais les villes constituent aussi le passage obligé de la recherche d’avenirs de substitution. Le développement de nos sociétés ne sera durable que si nos villes deviennent plus innovatrices, plus équitables, plus belles et plus économes.
La construction d’écoquartiers exemplaires, conçus dans la perspective de la transition énergétique, se poursuit chaque jour. L’un des enjeux consiste à les relier à la ville ordinaire, qui doit être «impliquée plus fortement dans le changement», relève le professeur. Ce dernier insiste enfin sur l’importance des «démarches participatives: l’urbanisme est l’affaire de tous, c’est-à-dire des professionnels, des élus et des habitants».
Autant dire que les étudiants du MAS, admis sur dossier, s’attaquent à des projets complexes, dont la durée dépasse celle des cycles politiques. «Ces futurs chefs d’orchestre ou “ensembliers” de l’action urbaine en suivent toutes les étapes: depuis la programmation des ouvrages urbains jusqu’à la restitution de ceux-ci aux usagers», ajoute Antonio Da Cunha. Leurs tâches comprennent le soutien aux élus, la coordination et le décloisonnement de l’action publique, l’organisation de la participation et de la communication. Il s’agit de faire émerger le récit collectif des projets en cours et de faire partager une nouvelle ambition pour les territoires urbanisés.»
Mélange de compétences
Les volées comprennent naturellement des géographes, des architectes et des urbanistes. Mais des ingénieurs, des politologues, des psychologues et même des anthropologues ont déjà suivi le cursus. Un mélange de compétences et une interdisciplinarité qui ravissent Antonio Da Cunha. Comme de nombreux travaux de groupe figurent au programme, «tous les talents sont mobilisés». Le professeur est d’ailleurs impressionné par la rapidité avec laquelle les participants produisent des résultats de qualité. Les novices qui cherchent avant tout à se familiariser avec les langages de l’urbanisme et de la conduite du projet ne doivent pas s’inquiéter: les pédagogies actives et le travail de groupe en atelier permettent une mutualisation des connaissances dans les meilleures conditions.
La théorie et la pratique se partagent le temps de cette formation continue à égalité. «Nos étudiants sont placés dans des situations réelles de projets de commandes publiques. Il peut s’agir par exemple d’une friche à revaloriser, de jardins familiaux à transformer, de la création d’un nouveau quartier ou de la conception d’un vaste espace, comme par exemple, cette année, le Val-de-Ruz», détaille Antonio Da Cunha. Toutes les échelles, du très local au transfrontalier, sont traitées. Bien sûr, des visites sur le terrain et des rencontres avec des professionnels et des responsables locaux sont organisées. Au total, le MAS mobilise plus d’une centaine d’intervenants, dont une large majorité de praticiens.
Trois institutions partenaires
Les trois modules du cursus sont donnés sur les sites des trois institutions partenaires: les Université de Lausanne, de Genève et de Neuchâtel. Chacun d’entre eux se conclut par la présentation d’un poster réalisé en petits groupes. Plongés dans une situation réelle, comme par exemple l’étalement urbain le long du littoral neuchâtelois, ou la régénération d’une friche urbaine, les participants défendent leurs diagnostics, leurs principes stratégiques et les mesures qu’ils ont choisies, en présence d’urbanistes actifs dans les lieux concernés. «Le retour est donc immédiat», note Antonio Da Cunha.
Les personnes qui ne souhaitent pas suivre l’entier du cursus peuvent se lancer dans l’un des trois modules et le faire valider sous la forme d’un Certificate of Advanced Studies. Pour les participants au MAS, le parcours se conclut par un mémoire personnel de fin d’études, en général d’une cinquantaine de pages. «Le but consiste à produire un document stratégique qui servira de guide dans la pratique», indique le directeur du programme. Quel genre de travaux ? Par exemple, comment rendre aux piétons le centre historique de Nicosie, envahi aujourd’hui par les voitures. Les conflits entre la vie nocturne et le repos des habitants à Bellinzone. Ou encore la manière d’appliquer les principes de la durabilité dans les quartiers urbains comme dans les zones rurales.
Les cours représentent l’occasion de se constituer un réseau de contacts. Pour le renforcer, une rencontre entre alumni et professionnels est organisée chaque été. Enfin, les participants sont invités au colloque annuel de la Fédération suisse des urbanistes.
Prochaine rentrée en septembre 2015.
Scientific Communication
La rédaction de rapports, de demandes de fonds et d’articles pour des revues spécialisées prend une place importante dans la vie des scientifiques. C’est également le cas dans l’industrie, et certaines start-ups. «Savoir communiquer par écrit et en anglais, de manière efficace, est indispensable à de nombreuses personnes actives dans le monde de la recherche», explique Giorgio Margaritondo, professeur et directeur de la Formation continue à l’EPFL.
Fort de sa longue expérience personnelle de physicien et d’éditeur d’un journal scientifique, ce dernier propose un nouveau cursus, qui permet aux participants «d’arriver à un très bon niveau de communication, grâce à des stratégies et des règles simples». Le tout en quatre demi-journées, durant octobre et novembre 2015.
Les journalistes et les chercheurs partagent un souci commun: comment saisir l’attention de leurs lecteurs, lessivés par un déluge d’informations ? Parmi les modèles, Giorgio Margaritondo mentionne le New York Times et Ernest Hemingway: «L’essentiel du contenu doit être donné dès le début du document. Pendant le cours, nous allons beaucoup travailler sur les titres, les figures et les premières phrases.» Les erreurs les plus courantes, comme par exemple celle qui consiste à écrire son texte dans sa propre langue puis à le traduire dans celle d’Alan Turing, font partie du cursus, tourné vers la pratique.
Des exercices de réécriture sont naturellement inscrits au programme. Car «il est souvent possible d’exprimer la même idée avec deux fois moins de mots», sourit Giorgio Margaritondo. Une démarche qui fonctionne à travers les disciplines. Ainsi, «des physiciens peuvent améliorer des documents rédigés par des chimistes. Même si certains détails leur échappent, il reste possible de chercher le message et d’éliminer le superflu.» Le cursus comprend enfin des aspects plus stratégiques, comme la planification de l’écriture dans le temps et la relecture critique.
Le seul prérequis consiste en un niveau d’anglais moyen, car il ne s’agit pas d’un cours de langue. Toutefois, pour garantir que le contenu produit par les participants soit correct, Ann Bless, anglophone et professionnelle expérimentée de la communication scientifique, intervient tout au long de la formation. Afin de garantir de bonnes interactions, le nombre de participants est limité à 12.
En 2016, deux nouvelles formations courtes (Effective Oral Presentation et Successful Research Proposals) seront proposées pour compléter Scientific Communication. De quoi travailler des compétences transversales très utiles.