Roberta Antonini Philippe s’intéresse également à l’accompagnement mental des artistes, au moyen d’outils assez similaires à ceux utilisés pour les sportifs, mais dans un contexte tout différent.
Sportifs et musiciens: deux mondes aux antipodes l’un de l’autre? Pas tout à fait. Exigence de performance, entraînement intense, stress… Tout cela fait autant partie de la vie des athlètes que de celle des artistes. Comme le sport, la musique est un domaine où, pour briller, travailler sa technique va de soi. Renforcer son mental beaucoup moins.
«Le milieu des artistes en général est assez pauvre en accompagnement mental», note Roberta Antonini Philippe. En 2010, après une conférence à la Haute école de musique de Genève consacrée au renforcement mental des athlètes, plusieurs musiciens l’abordent spontanément, désireux d’être eux-mêmes encadrés. La voilà qui ouvre alors un nouveau champ de recherche et d’accompagnement.
«Les musiciens sont très seuls, ils pratiquent, s’entraînent seuls, plusieurs heures par jour et, à la différence des sportifs, ne savent pas toujours s’ils s’améliorent ou non», observe Roberta Antonini Philippe. Ils sont soumis au stress des auditions, indispensables pour rejoindre un orchestre, ainsi qu’à celui des représentations publiques. Pour les aider, la spécialiste recourt aux outils éprouvés avec les sportifs: «Le travail est assez similaire, on reprend par exemple les techniques de visualisation. Ce qui est différent, en revanche, c’est le contexte. Et il faut en tenir compte. Dans le sport, l’évaluation de la performance est plus objective, alors qu’elle est plus subjective dans le domaine artistique. Il n’est pas toujours facile, pour un musicien, de comprendre pourquoi il n’a pas été retenu à un concours, par exemple.»
Gérer le niveau d’anxiété
Pour se préparer à une audition devant un jury, des exercices peuvent être mis en place. Qu’il s’agisse de simulations ou de l’élaboration de routines de préparation. «Ces routines vont servir au musicien avant son entrée en scène, afin de gérer son niveau d’anxiété, précise Roberta Antonini Philippe. Par exemple: d’abord s’échauffer, ensuite poser son instrument et faire de la cohérence cardiaque. Nous pouvons aussi évaluer avec le musicien quelles sont les stratégies qu’il ou elle utilise déjà et qui ne marchent pas très bien, puis les revoir ensemble. De petits ajustements produisent parfois déjà un effet. En leur demandant de me décrire leur semaine type, je me suis rendu compte que nombre de musiciens ne prennent jamais de jour off, sans toucher leur instrument. Ils pensent que c’est indispensable, mais cela relève surtout de croyances propres au monde de la musique. Comme en sport, la récupération fait partie des facteurs de réussite. »
Article principal: Les coureurs de l’extrême travaillent leur mental