Depuis 2012 les MOOCs font le buzz. Les premiers cours massifs ouverts en ligne ont été créés en 2008 par G. Siemens et S. Downes afin d’améliorer l’expérience des apprenants. Ces cours conçus dans une perspective «connectiviste» (cMOOCs) considéraient l’apprentissage comme la construction d’un réseau de contacts et de ressources informelles appliqués à des problèmes réels. Un nouveau type de MOOCs, davantage axés sur la transmission de contenu, est apparu récemment. Ces xMOOCs sont en pleine expansion.
Les MOOCs suscitent de nombreuses réactions, de l’enthousiasme affirmé au scepticisme prononcé. Au-delà de l’intérêt qu’ils peuvent présenter au niveau de l’accès à l’enseignement supérieur, de la réputation des universités ou en matière économique, la question se pose de leur caractère innovant sur le plan pédagogique. Il s’agit donc de se demander s’ils représentent une évolution majeure des pratiques d’enseignement et s’ils peuvent avoir un impact sur l’apprentissage des étudiants.
Les innovations pédagogiques sont rarement soudaines et elles suivent le plus souvent l’évolution des conceptions de l’apprentissage. Ces dernières ont significativement évolué au cours des dernières décennies. Ainsi, à partir des années 50, les recherches ont mis en évidence l’importance d’impliquer les étudiants dans le processus d’apprentissage, de leur donner l’occasion de confronter leur point de vue à celui de leurs pairs ou des enseignants et d’obtenir du feedback – pour ne mentionner que quelques aspects principaux. Cette nouvelle perspective sur l’apprentissage renouvelle profondément la compréhension du rôle de l’enseignant. Traditionnellement centré sur la transmission de contenus, celui-ci évolue vers un rôle de facilitateur du processus d’apprentissage. De nouvelles méthodes d’enseignement telles que l’apprentissage «par problèmes» ou «par projets» ont ainsi vu le jour à la fin des années 90.
Les MOOCs connectivistes sont tout à fait compatibles avec cette évolution des approches de l’enseignement valorisant l’autonomie des étudiants. En effet, ils supposent une forte implication des étudiants dans l’élaboration, la recherche, l’analyse et la mise en relation de contenus. Ils favorisent les interactions entre pairs et avec l’enseignant. Les étudiants développent par ailleurs des compétences digitales. Mais pour cela, ces cours doivent dépasser la simple transmission de contenu et les tests d’acquisition et créer les conditions d’exploration et d’interactions pour que les étudiants s’engagent dans une réelle démarche de coconstruction des connaissances. Il apparaît que les cMOOCs, qui tentent de le faire, sont très exigeants et semblent mieux convenir aux étudiants avancés et très motivés.
Les MOOCs s’inscrivent dans l’histoire de l’enseignement à distance qui a déjà connu plusieurs cycles d’innovation et de popularité, de promesses non tenues*. Amorcé dans les années 90 avec le développement d’internet, le mouvement de l’enseignement en ligne s’est poursuivi avec celui en faveur de l’éducation ouverte et des ressources libres. Les MOOCs utilisent les innovations technologiques pour favoriser les inter-actions sociales, les évaluations automatiques et, comme leur nom l’indique, l’accès libre et gratuit à un nombre illimité de participants. Après l’évolution des cMOOCs vers les xMOOCs, une troisième génération émerge déjà, les SPOCs (Small Private Online Courses), visant à corriger les faiblesses des xMOOCs et s’apparentant de fait à l’enseignement en ligne existant depuis de nombreuses années.
Même si les MOOCs ne constituent pas une innovation majeure sur le plan pédagogique, ils ont eu le mérite de susciter la discussion et la réflexion sur les questions d’enseignement et sur l’accès à la connaissance.
*Haggard, S. (2013). The Maturing of the MOOC. Business, Innovation & Skill, research paper number 130.