En tant que rectrice de la plus grande HES de Suisse, je suis très heureuse de pouvoir présenter le monde des HES dans le contexte universitaire de ce magazine. En effet, je pense qu’il reste encore beaucoup de questions ouvertes entre nos deux institutions, moins au niveau des rectorats qui se connaissent bien et collaborent, qu’à celui des corps professoral et estudiantin.
Lors de la création des HES, il y a une vingtaine d’années, personne n’imaginait le développement et l’essor qu’elles allaient connaître. Aujourd’hui, la HES-SO Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale, par exemple, compte plus de 21 000 étudiantes et étudiants, et il y en a davantage qui s’immatriculent actuellement au niveau Bachelor dans les HES que dans les universités et EPF. Il y a de la place pour tous les types d’institutions (UNIS-EPF-HES et HEP) dans le secteur tertiaire, en veillant à ce que chaque groupe maintienne bien ses spécificités.
Les HES, et la HES-SO en particulier, agissent comme un véritable ascenseur social et renforcent l’attractivité du système d’éducation dual en offrant aux étudiants issus des maturités professionnelles et spécialisées l’accès à des études de niveau tertiaire universitaire. Les jeunes issus des voies gymnasiales peuvent également rejoindre les HES. Ils doivent toutefois au préalable effectuer un stage professionnel de 42 semaines afin d’acquérir une indispensable expérience de terrain.
Avec un profil extrêmement diversifié de nos étudiantes et étudiants, nous pouvons accueillir de très jeunes talents dans les études en musique, qui n’ont pas encore obtenu leur maturité, alors que l’âge moyen des étudiants est de 25,6 ans. Les HES contribuent aussi à soutenir les secteurs qui souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre hautement qualifiée, ceci tant dans les professions techniques que dans celles de la santé.
Les mondes politique et économique craignent encore parfois que les HES ne forment également des universitaires « classiques » avec des compétences trop académiques. Cette question reste au centre de nos préoccupations et nous travaillons en étroite collaboration avec les milieux professionnels pour définir des profils de filières en adéquation avec les besoins du monde du travail. Les cursus HES sont professionnalisants et ancrés dans la pratique. L’enseignement dispensé dans nos hautes écoles repose notamment sur l’expérience professionnelle du corps professoral.
Quelque 90% des diplômés quittent les HES après le Bachelor pour rejoindre le monde économique, socio-sanitaire ou culturel. Et 96,4% d’entre eux trouvent un travail moins d’une année après avoir obtenu leur titre. Seules les filières musicales, qui ont un profil très différent, ne sont professionnalisantes qu’après un Master. La HES-SO n’envisage pas actuellement de se lancer dans la voie doctorale, mais privilégie la collaboration avec les universités et les EPF pour le 3e cycle.
Laissez-moi vous dire encore quelques mots de la HES-SO qui réunit un vaste réseau de hautes écoles situées dans les sept cantons de Suisse occidentale, comprenant les régions alémaniques des cantons de Fribourg et du Valais, ainsi que la Berne francophone. Elle compte six domaines disciplinaires allant de l’Economie aux Arts, de l’Ingénierie à la Santé et au travail social. Cette richesse favorise les échanges interdisciplinaires, notamment sur le plan d’une recherche que nous voulons appliquée et très ancrée dans ces diverses régions. La HES-SO travaille également en étroite collaboration avec l’UNIL pour ses deux Masters en Sciences infirmières et Sciences de la Santé.