Leader, c’est un métier qui s’apprend

Que fait un leader de ses journées ? Cette question, que bien des employés se posent, possède une réponse simple : à 80 %, des interactions sociales. La stratégie, la gestion du personnel ou le contrôle de la performance ne représentent que 20 % du temps.

Sous la plume de trois chercheurs de la Faculté des hautes études commerciales, dont la professeure Marianne Schmid Mast, un ouvrage expose de manière simple les ingrédients du « cocktail du leadership interpersonnel ». Les auteurs de Leaderspritz démontent un premier mythe : il est possible d’apprendre le métier de cadre et d’améliorer son charisme, qui ne sont pas exclusivement des compétences innées.

Nourri par la recherche et bardé d’exemples, le texte donne quelques astuces aux apprentis chefs (et aux cadres qui souhaitent s’améliorer). Par exemple, comment créer un climat favorable à l’écoute, afin de permettre aux collaborateurs de s’exprimer librement ? Comment accomplir une présentation publique qui ne plonge pas l’audience dans le sommeil ou le désarroi ? Quelles sont les quatre compétences interpersonnelles indispensables aux leaders ? Le chapitre « Comment organiser une réunion efficace » ravira les employés forcés d’assister à d’interminables rencontres sans but, dans de tristes salles. Les chercheurs proposent des solutions simples, dont une checklist à suivre, afin de transformer ces terrifiants moments d’ennui en quelque chose d’utile. Un autre volet traite d’un poison pour les organisations, c’est-à-dire des conflits entre employés. Une méthode concrète est détaillée. Enfin, la manière de fournir intelligemment un feedback négatif à un collaborateur est exposée.

Très accessible, le livre se conclut par l’heure de vérité, soit un autodiagnostic de ses propres capacités à réussir des présentations en public, à gérer les conflits et les réunions, à négocier et à fournir un retour à ses subordonnés. Les auteurs proposent une brève marche à suivre pour prioriser l’amélioration des compétences encore trop faibles.

Emballés dans un certain humour, plusieurs conseils semblent enfoncer des portes ouvertes, mais comme chacun l’aura constaté sur son lieu de travail, les compétences de leader ne sont pas livrées avec les cartes de visite.

Leaderspritz. Le cocktail du leadership interpersonnel.
Par Marianne Schmid Mast, Tristan Palese et Benjamin Tur.
Presses polytechniques et universitaires romandes (2019), 160 p.

Professeur en Section d’italien, Lorenzo Tomasin n’est pas technophobe. Mais dans cet ouvrage, il considère de manière critique la numérisation, comprise comme un but et non comme un moyen. Le philologue traite des attaques parfois brutales contre les sciences humaines, considérées comme dépassées ou inutiles face à des disciplines comme les sciences de l’ingénieur ou les mathématiques. L’auteur s’en prend aussi au globish, cet anglais artificiel, utilisé comme un outil simplificateur de transmission d’informations.

L’empreinte digitale. Culture humaniste et technologie.
Par Lorenzo Tomasin. Antipodes (2018), 107 p.

En s’appuyant d’abord sur la gravure puis sur la photographie, la presse illustrée s’est développée – parfois avec difficulté – en Suisse romande dès la deuxième moitié du XIXe siècle. Cela permet la diffusion d’une culture visuelle au sein de la population. Dans cet ouvrage, Gianni Haver (professeur associé à l’Institut des sciences sociales) retrace une histoire fort peu connue, pendant laquelle les périodes de gloire de ce type de média (comme les années 30) alternent avec les années sombres (la disparition de L’Hebdo, en 2017, en est un exemple récent).

La presse illustrée. Une histoire romande.
Par Gianni Haver. Savoir Suisse 136, PPUR (2018), 172 p

Conçu comme « une boussole », cet ouvrage s’adresse à toutes les personnes en contact avec les adolescents. Pascal Roman, professeur à l’Institut de psychologie, propose un abécédaire qui traite des grandes questions relatives à cette période de la vie. Amour, Écran, Image de soi ou Revendication : tous les sujets sont traités de manière claire dans de courts chapitres. Chacun d’entre eux se conclut par une citation éclairante, tirée de la littérature, du rap ou de la recherche scientifique. Un répertoire d’adresses utiles complète l’ouvrage.

L’adolescence, un passage. Par Pascal Roman.
Antipodes (2018), 261 p.

L’écrivain est-il un travailleur comme les autres ? Pour répondre à cette question, ce numéro de la revue Archipel, publiée au sein de la Faculté des lettres de l’UNIL, accueille des contributions d’étudiants de la Faculté des sciences sociales et politiques. Cette partie se montre très critique par rapport au travail, source d’aliénation. Ensuite, l’ouvrage propose les témoignages de plusieurs auteurs, comme par exemple Camille Luscher, Nicolas Verdan ou Jérôme Meizoz. Enfin, les trois textes lauréats du Prix de la Sorge figurent au sommaire.

Titre de travail. Revue Archipel no 40 (2018), 260 p.
revuearchipel.com

Diplômée en histoire de l’UNIL, Delphine Pandazis nous plonge dans la genèse des Mémoires de Jean Monnet. Homme d’action, peu à l’aise avec l’écriture, ce « père de l’Europe » avait toutefois le souci de laisser un héritage spirituel et mémoriel. Cette aventure collective court de 1952 à 1976, année de la publication du texte. Elle se situe au carrefour de l’histoire de la construction européenne, de celle des intellectuels et du monde de l’édition. À noter que l’auteure exploite deux fonds d’archives inédits conservés par la Fondation Jean Monnet pour l’Europe, installée à la Ferme de Dorigny.

Jean Monnet et ses Mémoires.
Par Delphine Pandazis. Antipodes (2018), 199 p.

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