La quête et la mise en valeur du passé romain de Lausanne ont connu des moments héroïques, déprimants et réjouissants, tour à tour. Publié à l’occasion des 60 ans de l’association Pro Lousonna et des 30 ans de l’ouverture du Musée romain de Lausanne-Vidy dans ses locaux actuels, cet ouvrage nous plonge dans cette histoire.
Les fouilles «de sauvetage» menées tambour battant au début des années 60, à l’occasion de la construction de l’autoroute A1 Genève-Lausanne, ont permis de nombreuses découvertes. Cela a augmenté l’intérêt pour le patrimoine romain de la capitale vaudoise. La naissance de l’association Pro Lousonna fin 1963 en constitue un signe. De 1983 à 1985, puis de 2013 à nos jours, l’UNIL organise à Vidy un chantier-école dont le but est de former les étudiants en archéologie.
Le récit de la mise en valeur des découvertes est également présenté dans ce livre anniversaire bien illustré. En 1934, une demeure romaine fut partiellement fouillée par des chômeurs. Afin de protéger les trouvailles, un pavillon a été installé sur place. Ce premier Musée romain, inauguré en 1936 et agrandi en 1941, constituait un édifice «pittoresque» mais peu pratique, dont l’ouvrage propose quelques vues. Le bâtiment actuel, inauguré en 1993 et doté d’une extension en 2013, l’a remplacé. La manière de faire exister le passé romain de Lausanne a également évolué au fil des ans. La différence entre la muséographie de 1940 et celle d’aujourd’hui, illustrée en quelques photos dans le livre, donne le vertige. On se souvient ainsi des expositions souvent surprenantes qui liaient le passé et le présent, mises sur pied par l’ancien conservateur Laurent Flutsch. Aujourd’hui, la directrice Karine Meylan cherche à toucher de nouveaux publics. / DS
Voyage dans le temps au Cervin
Ces deux guides proposent des randonnées dans la région de Zermatt, sous l’angle de la géologie. Des marches en altitude nous plongent dans le passé des Alpes, riche en bouleversements. Il paraît ainsi difficile d’imaginer que certains des cailloux que l’on peut observer lors de la balade sont nés dans les fonds de l’ancien océan Téthys, ou que les gneiss bruns qui composent le haut de la pyramide du Cervin font partie des roches les plus anciennes des Alpes. Ici, le vertige n’est pas dû seulement à l’altitude.
Les nombreuses photographies nous apprennent justement à reconnaître ces différentes roches, comme par exemple la serpentinite et ses nuances de vert, tandis que des cartes nous indiquent où les trouver. Toutes racontent une histoire, que les auteurs, géologues, nous détaillent. /DS
Ainsi que: Zermatt: un safari océanique. Mêmes auteurs, chez le même éditeur (2021), 112 p.
Le travail et ses représentations
Le travail passionne les universitaires. De l’historien au philosophe en passant par le juriste et l’anthropologue, ils s’en sont abondamment préoccupés. Intitulé Figures du travail, ce dossier de la revue Études de lettres regroupe diverses contributions présentées dans le cadre d’un colloque en novembre 2021. Il se fait l’écho de ce phénomène tout en se plaçant «à la croisée de plusieurs disciplines». C’est bien sûr l’occasion de s’interroger sur la façon d’écrire sur le travail, de le penser, d’en définir la valeur. Pas question, en revanche, de se limiter à une définition restreinte du terme afin de laisser à l’auteur la liberté de préciser son approche.
Entre une contribution à l’étude de la «littérature du peuple» autour de 1830, le traitement littéraire du «travail en horreur» chez Vian, Sagan ou Perec et la rationalisation du travail intellectuel chez Amiel, le voyage est des plus variés. Marx, Foucault et Sartre sont bien évidemment de la partie. Et le parcours se termine avec une analyse des «représentations télévisuelles du travail des “ mères seules ” dans les émissions de la TSR des années 70». Tout un programme! / Mireille Descombes