Soyons francs: Karin Perraudin a la tête bien faite, l’amour des défis et la passion chevillée au corps. Pourtant, la présidente du Conseil d’administration de Groupe Mutuel Holding SA ne laisse rien transparaître du poids des responsabilités qui pèse sur ses épaules. Ce n’est pas un fardeau. C’est même tout l’inverse. Karin Perraudin a cette compétence de jongler avec ses multiples mandats professionnels. La Valaisanne le concède: «Je pense être une dirigeante calme, sereine, déterminée et passionnée. J’aime beaucoup ce que je fais.» Et cela s’entend.
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Karin Perraudin a attrapé le virus entrepreneurial dès l’enfance: «Je viens d’une famille d’entrepreneurs. On parlait très souvent d’économie à table. C’est là que mes premières envies sont nées. Mon grand frère voulait faire HEC. J’ai voulu le suivre. J’avais sept ou huit ans et n’avait pas vraiment d’idée de ce que cela voulait dire. Pourtant, à l’âge d’entrer à l’Université, je n’ai pas changé de choix. Ce sera HEC afin de laisser beaucoup d’ouverture sur mon orientation professionnelle.» Un choix qui s’est révélé payant.
Sur les bancs de l’UNIL, Karin Perraudin façonne la dirigeante qu’elle est devenue aujourd’hui: «Les compétences financières, la compréhension des marchés financiers, les notions de comptabilité me sont toujours utiles dans ma fonction de présidente de Conseil d’administration. Mais au sein d’HEC, j’ai surtout acquis la capacité de réflexion, l’art de trouver des solutions et d’appréhender une situation dans sa globalité. HEC m’a également appris à poser les bonnes questions», souligne celle qui est membre du conseil d’administration de l’Aéroport de Genève, de fenaco et du Conseil consultatif du Cercle Suisse des Administratrices. À la question d’être une femme dans une fonction traditionnellement l’apanage des hommes, Karin Perraudin attend le jour «où on ne la lui posera plus. Les conseils d’administration sont clairement en train de se féminiser. C’est une très bonne chose. Il y a vingt ans, j’étais souvent seule, entourée d’hommes plus âgés. Ce n’est plus le cas. Les femmes apportent d’autres compétences et des approches différentes dans la résolution des problématiques. La diversité de manière globale est clairement un plus dans un conseil d’administration. Il est important que l’on représente au mieux la société dans laquelle on évolue.»
Sur ce point, le cursus à la Faculté des HEC de l’UNIL la rassure: «La formation m’a beaucoup aidée. Il n’y avait pas plus d’hommes que de femmes. C’est un très bon signe. Je n’ai jamais senti de différences dans mon parcours académique. C’est là que je me suis dit que la place des femmes dans l’économie et l’entrepreneuriat est tout aussi forte.» Karin Perraudin ne s’en cache pas. «J’aime m’entourer de compétences encore plus fortes que les miennes, et le travail dans le respect et la collégialité.»
Mais apprend-on à diriger ou est-ce inné? «Une partie vient de la personnalité et l’autre de l’expérience et des rencontres.» Ce mélange lui permet de relever les défis de sa fonction: «Nous vivons dans un monde volatil et incertain. Le contexte et l’environnement évoluent rapidement. Mon rôle de présidente est d’anticiper ces évolutions. Cela exige une grande adaptation. C’est passionnant de développer la capacité d’anticiper le futur pour comprendre comment faire évoluer une entreprise et lui donner le bon cap stratégique.»