La transition écologique est davantage qu’un défi technologique

Benoît Frund. Vice-recteur «Durabilité et campus». © Eric Pitteloud / UNIL
Benoît Frund. Vice-recteur «Durabilité et campus». © Eric Pitteloud / UNIL

Nos comportements ne tiennent pas compte des limites des ressources naturelles. Notre consommation et notre mobilité ne sont pas durables, nos habitations ne le sont pas vraiment. Généraliser la façon de vivre des Suisses à toute la planète est matériellement impossible. Nous vivons aux crochets d’autres régions du monde et de nos descendants, notre mode de vie génère des inégalités qui s’accentuent. Nous puisons inlassablement dans les réserves des générations futures et nous exportons notre empreinte environnementale vers les pays pauvres, qui souhaitent améliorer leur niveau de vie.

Face à ces déséquilibres colossaux, quel est le rôle des sciences et des universités? Suffira-t-il d’inventer les outils technologiques qui nous permettront de poursuivre sur cette lancée, alors que tous les indicateurs sont au rouge? Nous savons bien que le nouveau panneau photovoltaïque à haut rendement, la voiture électrique, l’avion solaire ou la pile à hydrogène ne contribueront pas à réduire suffisamment notre voracité énergétique?: il faut diminuer nos besoins et revoir nos modèles en profondeur. La transition vers des modes de vie moins énergivores est d’abord une question de société. Les techniques ne régissent pas seules nos fonctionnements: notre éthique et nos valeurs aussi sont en jeu.

Depuis 2011, en se dotant d’une politique de durabilité ambitieuse, l’UNIL a voulu encourager sa communauté à analyser les mécanismes qui conduisent à l’état actuel de notre planète et faire émerger des innovations sociales, économiques et institutionnelles.

Très concrètement, notre campus accueille les initiatives les plus diverses des étudiants ou des collaborateurs. Outre les nombreux événements sur ce thème qui rythment désormais l’année, nous avons instauré une véritable culture de la durabilité qui permet à chacun de monter des projets. Par exemple, une association de permaculture estudiantine promeut un mode de vie radicalement différent à travers un jardin, mais également des cours, des conférences, des rencontres. A l’initiative de la faîtière des étudiants,un espace d’échange de biens a été ouvert à la fin de l’an dernier pour interpeler la communauté sur le gaspillage. Juste à côté, à l’Anthropole, une épicerie associative propose des produits alimentaires fabriqués localement et offre des postes de travail à des personnes en réinsertion, etc.

De leur côté, les services techniques de l’Université sont à l’œuvre: l’usage de produits phytosanitaires chimiques a été banni, une réserve forestière a été créée, on a stoppé la croissance de la consommation d’énergie, on tente de réguler celle du papier, la part modale de la voiture diminue depuis dix ans.

Mais c’est dans l’enseignement et la recherche que l’UNIL consacre le plus d’efforts. Ainsi, la Faculté des géosciences et de l’environnement a lancé un nouveau master interdisciplinaire sur les fondements et pratiques de la durabilité. Un cours à option est offert aux étudiants en bachelor sur les enjeux de la durabilité. Un séminaire du même type est proposé aux étudiants en master de toutes les disciplines. En créant, avec le concours de partenaires, une plateforme de recherche-action sur les aspects sociaux de la transition énergétique (www.volteface.ch), l’Université de Lausanne fait œuvre de pionnière. Avec les outils des Sciences humaines et sociales, nous tentons de répondre aux questions que la société se pose à propos de son avenir énergétique. Elles sont par exemple liées à l’habitat, aux conditions-cadres des locataires ou des PME, aux modes de vie ou à l’imaginaire.

Avec tout cela, l’Université n’apportera pas LA solution pour faire face aux changements climatiques, mais elle contribuera, comme institution de service public, à faire émerger des propositions que la société pourra faire siennes.

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