La spiritualité prend racine dans les vignes

© Astra490 / Dreamstime.com

La viticulture biodynamique est de plus en plus pratiquée en Suisse romande. Ce choix répond à des préoccupations environnementales et, souvent, à des quêtes spirituelles personnelles. Le socio-anthropologue de l’UNIL Alexandre Grandjean a mené l’enquête dans les parchets et les caves.

«Alexandre, on dynamise demain. Tu es le bienvenu.» Ce message, envoyé par un vigneron vaudois en mai 2017, annonce le premier jour de terrain ethnographique d’Alexandre Grandjean. Dans le cadre de sa thèse, ce chercheur à l’Institut de sciences sociales des religions a rencontré quarante responsables de domaines viti-vinicoles, dans les cantons de Vaud, Valais, Neuchâtel et Jura. Ces derniers ont pour trait commun de pratiquer des versions personnelles, créatives et détournées de viticulture biodynamique, une méthode initialement issue de l’anthroposophie fondée par Rudolf Steiner (lire encadré p. 55).

I   Les graines

En 2020, dans notre pays, 61 domaines viticoles (sur environ 5000) étaient certifiés Demeter. Cela signifie qu’ils répondaient aux critères d’un cahier des charges relatif à la production biodynamique. Ils n’étaient que 11 en 2003. Toutefois, certains vignerons interrogés par Alexandre Grandjean emploient ce type d’agriculture sans chercher à décrocher le label orange et vert, ce qui fausse un peu l’appréciation.

Des aspects historiques expliquent cette popularisation douce. «Après la Seconde Guerre mondiale, la viticulture, tout comme l’agriculture, connaît l’industrialisation. L’usage des machines et des insecticides notamment augmente fortement la production», indique le chercheur. Des voix critiques s’élèvent, comme celle de la biologiste Rachel Carson qui dénonce les dégâts provoqués par les pesticides sur l’environnement dans son best-seller Printemps silencieux (1962). La décennie suivante voit le développement de mouvements écologiques.

Alexandre Grandjean. Chercheur à l’Institut de sciences sociales des religions (Faculté de théologie et de sciences des religions). Nicole Chuard © UNIL

Ce contexte global se traduit au niveau local. Ainsi, Alexandre Grandjean a relevé l’importance de l’héritage familial dans le chemin qui a mené au choix de la viticulture biodynamique. Pour résumer à grands traits, dans la minorité de professionnels concernés, «la génération d’après-guerre a misé sur la production. Leurs enfants, dans les années 70, ont pratiqué la production intégrée (où les intrants de synthèse sont limités à leur usage curatif et non préventif, ndlr) ou, déjà, étaient certifiés en agriculture biologique. Enfin, leurs petits-enfants se sont demandé comment aller plus loin.» 

Responsable du domaine de la Recorbe au Petit-Eysins (VD), et représentant de la troisième génération, Jean-Daniel Heiniger commente cette évolution. «Par le passé, certains produisaient plus de 20 000 litres de vin par hectare. Aujourd’hui, j’en suis à 6000. Je suis certain que le contenu des bouteilles est bien meilleur de nos jours! Par rapport à l’époque de mon grand-père, la quantité d’engrais azotés utilisée a été très fortement réduite, note ce vigneron. Mais la mémoire des années marquées par l’emploi de la ” chimie ” demeure, et, dans ma branche, nous devons toujours prouver que nous pouvons faire mieux. La biodynamie, que je ne pratique pas, s’inscrit dans ce mouvement.»

Il faut s’arrêter sur la distinction entre viticulture biologique et biodynamique. Comme l’écrit Alexandre Grandjean dans sa thèse, «les vigneronnes et vignerons certifiés en agriculture biodynamique par le label Demeter sont obligatoirement certifiés en agriculture biologique. Les deux organes ont établi un cahier des charges commun dès les années 70.» Ce lien explique en partie la croissance parallèle du nombre de domaines viticoles en «biodynamie» et en «bio» (394 en 2020, contre 81 en 2003, en Suisse).

Doctorante en Lettres de l’Université de Lausanne, professeure associée à la Haute école de viticulture et œnologie de Changins, Pascale Deneulin présente cette distinction. «Si vous travaillez de manière conventionnelle et que vous souhaitez passer en “ bio ”, une couche épaisse de choses à faire – et surtout à ne pas faire – vous sera imposée par le cahier des charges. Ensuite, la transition vers la biodynamie, après une période de reconversion, ajoutera une autre pile de prescriptions, moins importantes.»
Au-delà des aspects techniques, la viticulture biodynamique porte un discours sur l’individualisation, à la fois du lieu de production et de la philosophie de l’agriculteur, considéré comme l’expert de son propre domaine. «La “ biodynamie ” propose un forfait all inclusive sur ce que les vignerons peuvent faire, et mettre en valeur auprès du public, image Alexandre Grandjean. Ce terme générique fonctionne bien pour soutenir des récits de la relation entre les humains et la nature.» La rencontre semblait programmée, puisque «le monde viticole accorde beaucoup d’attention à la typicité, au terroir, à la région».

Le chercheur relève un paradoxe amusant. «La polyculture constitue l’un des piliers de la ferme modèle conçue par Rudolf Steiner. La monoculture pratiquée dans les vignes s’en écarte. De plus, il ne soutenait pas la consommation d’alcool!» 

2   Du ciel à la terre 

La vigne est-elle tombée du ciel? C’est ainsi qu’un article d’Allez savoir! était titré, dans l’édition no 78 (septembre 2021). Il s’agissait de mettre en lumière les liens entre le vin et la Bible, notamment autour de la communion. Un changement de sens a eu lieu. «La viticulture biodynamique est venue par les sols», résume Jean-Daniel Heiniger, qui pointe l’influence de Lydia et Claude Bourguignon, un couple de pédologues aussi populaire que critiqué. Ce duo s’en prend à l’agriculture conventionnelle et à l’industrie agrochimique, coupables d’endommager, voire de «tuer» les sols.

Ce souci transparaît dans les propos tenus par certains professionnels rencontrés par Alexandre Grandjean. Cet extrait de sa thèse l’illustre. «Au milieu d’un rang, mon informateur s’arrête. Il prend une motte de terre dans ses mains et me détaille la profondeur du système racinaire d’une plante qui vient d’être arrachée. […] Il m’explique que les petits filaments blancs que je vois sont des mycorhizes, la partie souterraine des champignons qui travaillent en symbiose avec la plante pour transformer les minéraux en nutriments. Il porte la motte à son visage et la respire tout en s’exclamant à quel point depuis qu’il travaille en biodynamie cette terre lui semble être “ vivante ”.»

Une perception holistique du monde est centrale dans l’agriculture biodynamique. Le sol, la vigne, l’humain, la nature environnante et jusqu’au cosmos, tout est connecté. Plusieurs interlocuteurs d’Alexandre Grandjean relèvent en outre le lien qui existe, selon eux, entre la santé du sol, des plantes et la leur. Cette idée nous emmène du côté de la notion de réparation. Dans la tradition alchimique de la Renaissance, «la matière elle-même est souillée par le péché originel. Cela implique que les êtres humains agissent dans le sens de sa rédemption», indique le chercheur. 

De nos jours, dans la perspective de l’agriculture biodynamique dont l’une des sources est justement l’alchimie, «la souillure provient non plus d’une faute originelle, mais de l’essor de la Modernité, de l’industrialisation et des intrants chimiques. Il s’agit de sauver la matière, mais également l’humain, grâce à un travail symbolique», résume le socio-anthropologue. 

3   Le climat

Issue de l’anthroposophie, la viticulture biodynamique en contient les éléments spirituels, que d’aucuns pourraient considérer comme magiques (lire l’encadré p. 55). Or, si ce mode de production est visible, c’est peut-être aussi parce que les esprits contemporains y sont ouverts. L’étude Religion et spiritualité à l’ère de l’ego: profils de l’institutionnel, de l’alternatif, du distancié et du séculier a été menée en 2015 par une équipe menée par Jörg Stolz, professeur à l’Institut de sciences sociales des religions (UNIL). Il s’avère que près d’un tiers de la population helvétique serait engagé, à des degrés divers, dans des formes alternatives de religiosité. 

4   Canopée écologique

Le sociologue des religions britannique James Beckford (1942-2022) a écrit que la modernité avait la capacité «d’engendrer de nouveaux problèmes qui peuvent, en revanche, susciter des réponses religieuses nouvelles». Cette idée constitue l’un des centres de gravité de la recherche d’Alexandre Grandjean. «La viticulture biodynamique est justement l’une des réponses trouvées par certains vignerons, qui n’étaient pas forcément prédestinés à suivre un chemin spirituel, note le chercheur. La critique de l’agrochimie et des intrants de synthèse, répandus en tenues d’astronautes, est récurrente chez eux.»

Les «brisures de l’utopie» d’une amélioration constante du monde, née de la Seconde Guerre mondiale, ont «été thématisées par des militants écologistes marginaux dès les années 60», ajoute le socio-anthropologue. Aujourd’hui, leurs idées essaiment en canopée, soit «forment une polyphonie dans différents univers (politique, culturel, académique, agricole, religieux), où les manières de mettre en récit les thématiques écologiques et les motifs de la Nature se font écho.»

Un récit qui se traduit au quotidien. «Un aqueduc romain passe sous mes vignes, ce qui me donne une jolie histoire à raconter à mes visiteurs. Mais la bio-dynamie, avec ses préparats, ses cornes de vache ou son calendrier lunaire, propose un superbe storytelling», sourit Jean-Daniel Heiniger.

Ce contexte implique peut-être que, malgré les critiques (lire plus bas), la «biodynamie» a bonne presse. Il existe un marché pour les vins «alternatifs» en Suisse. Un poil taquin, Jean-Daniel Heiniger relève la qualité apotropaïque de la viticulture biodynamique. «Ce type de production procure un certificat de bonnes mœurs, voire même un talisman, qui coupe net les questions des consommateurs et des médias.» Comme par exemple l’idée que les vignes ne sont pas traitées, «un mensonge pieux», alors que l’usage de soufre (contre l’oïdium) et de cuivre (contre le mildiou) sont autorisés par le cahier des charges du label Demeter. Un réalisme nécessaire. «Avec la pluie et le froid que nous avons connus en 2021, les dégâts ont été importants dans certaines exploitations, également pour les collègues qui utilisent les produits de synthèse», se souvient le vigneron du Petit-Eysins.

Jean-Daniel Heiniger. Arboriculteur et vigneron. Responsable du domaine de la Recorbe au Petit-Eysins (VD). Nicole Chuard © UNIL
5   Distance entre les rangs

L’un des aspects les plus étonnants de la thèse d’Alexandre Grandjean se situe dans la diversité des us des vignerons rencontrés. Ainsi, le chamanisme, des séances de méditation dans les vignes, l’astrologie, la radiesthésie, la géobiologie et l’utilisation de «cristaux énergétiques» s’ajoutent, chez certains, à la viticulture biodynamique. Il est également frappant de lire que sur quarante professionnels interrogés, un seul se déclare membre actif de la Société anthroposophique universelle. Les autres gardent une distance plus ou moins grande, et polie, avec la figure et les textes de Rudolf Steiner.

Ainsi, la pratique quotidienne de la viticulture biodynamique, en Suisse romande, s’autonomise du cadre anthroposophique. Elle se sécularise. Plusieurs exemples, dans la thèse d’Alexandre Grandjean, illustrent la manière dont les agriculteurs s’inspirent des éléments qui leur parlent, qui les touchent et qui fonctionnent, et rejettent les autres. «Mon hypothèse est que la biodynamie constitue une “ technologie de la pensée ” qui redonne de la valeur, voire réenchante le métier de vigneron», remarque Alexandre Grandjean. Comment? «En leur permettant d’articuler les échelles de grandeur écologique entre la vie des sols (le microcosme), le vignoble (le mésocosme) et le climat (le macrocosme), essentiels à leur activité.»

6   Deux cépages

Le chercheur de l’UNIL s’est risqué à esquisser deux profils de vignerons actifs en «biodynamie», à prendre comme un continuum. D’un côté du spectre, les «établis» pratiquent une agriculture biodynamique sécularisée, et mettent à distance les aspects ésotériques. Expérimentés, ils recherchent l’excellence et la plus-value économique. Leurs domaines s’étendent sur 10 à 20 hectares. La biodynamie est une technique qui permet d’aller au-delà du «bio». Cette évolution s’inscrit comme un défi professionnel.

De l’autre, ceux de la «rupture» spiritualisent la viticulture et leur rapport au non-humain, dans le cadre d’une quête de soi. Des cassures dans les parcours de vie, comme la maladie ou une séparation, ont pesé dans leur choix. L’intérêt économique et l’aspect technique passent au second plan. Leurs domaines, plus petits, couvrent 2 à 5 hectares. Les aspects émotionnels et poétiques comptent beaucoup.

7   Oïdium et mildiou

Par ses préceptes «périscientifiques» et ses racines anthroposophiques, l’agriculture biodynamique fait froncer des sourcils. Le stigmate social varie selon les lieux. Ainsi, dans les cantons protestants de l’enquête, Vaud et Neuchâtel, «l’anthroposophie est associée à une diversité religieuse pré-existante», au point que l’un des professionnels a l’impression de faire partie d’une «“ Église libre ” lors d’une assemblée du label Demeter, sans que cela ne le rebute pour autant», rapporte Alexandre Grandjean. Par contre, en pays catholique, certains informateurs ont demandé au chercheur de ne pas divulguer leur engagement «dans la biodynamie ou dans ce qu’ils qualifient de pratiques chamaniques», qui seraient dommageables pour leur image et leurs affaires. Paradoxalement, la célèbre Marie-Thérèse Chappaz travaille en biodynamie, à Fully. 

De son côté, Alexandre Grandjean affirme son «agnosticisme méthodologique». Malgré son immersion dans le milieu viti-vinicole, de manière conforme à sa discipline, il ne porte aucun jugement de valeur sur ce qu’il a observé et ne considère pas faire «l’apologie» de la biodynamie. 

Pragmatique, Jean-Daniel Heiniger ajoute que «les préparations utilisées en viticulture biodynamique se rapprochent beaucoup de l’homéopathie. Quand je donne des gélules d’arnica à l’une de mes filles qui s’est fait un bleu, cela lui fait du bien! Tant que ça marche…» Au-delà, le vigneron du Petit-Eysins note que «quand tu as fréquenté l’école du dimanche et que tu t’es marié à l’église, tu es malvenu de te moquer de ceux qui vivent d’autres spiritualités».

8   Effets de sol

Quel est l’impact de ce souci écologique, sur le terrain? «Scientifiquement, avec les paramètres que nous sommes capables de mesurer, comme par exemple la vigueur de la vigne et la qualité des vins, ou l’impact environnemental des cultures, nous ne pouvons pas affirmer que la viticulture biodynamique soit différente de la viticulture biologique», indique Markus Rienth, professeur à la Haute école de viticulture et œnologie de Changins. Ce résultat se base sur des expériences menées en Allemagne depuis près de vingt ans, ainsi que par les chercheurs de Changins au Mont-sur-Rolle, depuis sept ans. Ce résultat n’étonne pas son collègue Frédéric Lamy, maître d’enseignement et de recherche: «Les concentrations des préparats utilisés en biodynamie sont tellement faibles qu’il est logique qu’aucune étude scientifique n’ait pu démontrer une influence positive sur des paramètres mesurables, comme par exemple sur la structure ou la vie du sol. Par contre, pour de nombreux paramètres, il existe des différences mesurables entre le conventionnel et le “ bio ” (biologique ou biodynamique).»

Pascale Deneulin, Markus Rienth et Frédéric Lamy. Professeure, professeur et maître d’enseignement HES à la Haute école de viticulture et œnologie de Changins. Nicole Chuard © UNIL

Ces enseignants ne s’opposent pas du tout à ce type d’agriculture, que certains de leurs étudiants de Changins défendent. «Faites de la viticulture biodynamique si cela vous convient. Vous pouvez aussi fréquenter les églises, si cela vous aide. Le danger, comme souvent, provient des intégristes qui affirment détenir la seule vérité», indique Markus Rienth.

9   Dans la bouteille

Les trois professeurs de la Haute école de Changins sont affirmatifs: il est impossible, à l’aveugle, de déterminer si un vin a été produit en biodynamie ou non. Responsable du groupe Analyse sensorielle et Sciences du consommateur, Pascale Deneulin indique que «l’on déguste à 80 % avec notre vue et avec notre tête, notre vécu, nos références. Le goût et l’odorat sont minoritaires et fragiles mais ils se développent avec l’expérience. Nous nous raccrochons à tous les éléments possibles quand nous dégustons.»

Le récit construit autour des crus possède un grand impact. «Nous associons facilement le vin blanc avec des objets clairs, comme les fleurs de printemps, le litchi ou l’ananas. Le rouge est lié aux fruits plus sombres, comme la mûre et le cassis», poursuit la chercheuse, qui a mené, à Changins, l’expérience réalisée par Frédéric Brochet à l’Université de Bordeaux. «Proposez à vos invités de déguster deux verres de vin, l’un de rouge et l’autre de blanc. Demandez-leur d’établir une liste de mots associés aux deux cépages. La semaine suivante, rendez leur petit papier aux convives et reproduisez l’expérience. En coulisses, vous aurez versé le même vin blanc dans les deux verres, et teinté l’un d’eux en rouge», sourit la chercheuse. Vos cobayes réassocieront les mots de leur liste à la couleur du liquide, et s’ils ne font que sentir les verres, ils ne reconnaitront même pas le blanc! «La dégustation, c’est l’école de la modestie», résume Pascale Deneulin. 

Certes, «des vignerons qui ont réalisé la reconversion du “ bio ” vers la biodynamie nous disent que leur vin a complètement changé, note Markus Rienth. Mais les millésimes varient déjà tellement d’une année à l’autre, surtout pour des années très contrastées, comme 2021 et 2022 par exemple, que l’effet de ce type de viticulture n’est pas perceptible.»

10   Moment de partage

Certains professionnels interrogés par Alexandre Grandjean déclarent être «spirituels, mais pas religieux». L’institution est mise à distance, au profit d’une approche très personnelle du rapport à la vigne, et au non-humain de manière plus générale. Il subsiste toutefois un lien ténu, entre le dernier repas de Jésus tel que présenté dans le Nouveau Testament, et les pratiques d’aujourd’hui, dans certains carnotzets romands: au moment où des personnes se rassemblent pour partager un moment autour d’une bouteille, c’est aussi une histoire que l’on boit./

Quand les pensées écologiques sont mises en bouteilles. Une étude de cas de la popularisation de l’agriculture biodynamique dans les vignobles de Suisse romande. Par Alexandre Grandjean. Thèse de doctorat présentée en 2021. Disponible à la BCU Lausanne.

Qu’est-ce que la biodynamie?

Nourri par le romantisme allemand, et en particulier par l’idéalisme de Goethe, Rudolf Steiner (1861-1925) initie l’anthroposophie en 1913. Ce mouvement syncrétique contient des éléments chrétiens, «orientalistes» (venus du bouddhisme et de l’hindouisme), auxquels se mêlent des récits folkloriques et d’autres influences. 

L’agriculture biodynamique est née de huit conférences que Rudolf Steiner a données en 1924, les Cours aux agriculteurs. Le texte indique notamment que «le ciel tout entier avec ses étoiles participe à la croissance des plantes». Cette vision holistique de la nature est une composante importante.

Les aspects les plus connus de cette pratique sont les préparats «500» (à base de bouse de vache) et «501» (à base de silice), qui ont passé six mois sous terre dans des cornes de vache (voir la photo p. 58). Le «Cahier des charges» de la marque de certification Demeter indique que la 500 «guérit le sol», tandis que la 501 «aide les plantes à absorber les forces lumineuses».

Ces préparats sont fortement dilués dans de l’eau, avant d’être «dynamisés» par brassage, puis répandus sur les cultures. Plusieurs décoctions à base de plantes (achillée, camomille, ortie, etc.) peuvent être ajoutées à la fumure. Les agriculteurs suivent aussi un calendrier lunaire.

demeter.ch

Pour aller plus loin

Financé par le Fonds national suisse, soutenu par l’UNIL, le projet «Arborescence» présente les résultats de la recherche Vers une spiritualisation de l’écologie ? Analyse sociologique des nouvelles médiations des enjeux écologiques en Suisse (2017-2021). Des travaux menés par la professeure Irene Becci et Alexandre Grandjean (Institut de sciences sociales des religions de l’UNIL). Un podcast en trois épisodes autour des liens entre spiritualité et écologie est proposé. L’ouvrage Arborescence: Les voix de l’écologie spirituelle, publié par Hélice Hélas Éditeur (2022), est disponible sous forme papier ou numérique. Il propose notamment un résumé de la thèse d’Alexandre Grandjean./DS

unil.ch/arborescence

Arborescence: Les voix de l’écologie spirituelle, publié par Hélice Hélas Éditeur (2022).

Laisser un commentaire