Le parcours de Marie Santiago-Delefosse l’a conduite à placer la santé humaine et sociale au centre de ses préoccupations et de ses recherches.
Professeure à la Faculté des sciences sociales et politiques, Marie Santiago-Delefosse a quitté son Espagne natale pour s’installer avec ses parents à Montpellier, avant de gagner Paris?; elle s’imagine d’abord peintre, puis envisage des études académiques. «Je suis alors soulagée de pouvoir entrer sans le bac au Centre Universitaire Expérimental de Vincennes, créé en 1968 à la suite des mouvements de mai. La pédagogie y était fondée sur l’autonomie des étudiants, les rapports égalitaires et le travail en petits groupes. Des enseignants remarquables y intervenaient comme Gilles Deleuze, Michel Foucault, Alain Badiou… Certains professeurs étaient issus des mouvements alternatifs et je me souviens par exemple des cours étonnants de Jacques Lesage de la Haye, ancien taulard», raconte-t-elle. Le premier département universitaire de psychanalyse s’ouvrira en ce lieu particulier, où la plupart des étudiants étaient déjà inserrés dans le monde du travail.
Marie Santiago-Delefosse cumule les emplois à mi-temps et obtient parallèlement plusieurs diplômes en psychologie clinique et en psychologie du travail. Elle peut alors exercer le métier de psychologue dans les nouveaux Centres de Bilans de Compétences, et à la Médecine Préventive Universitaire où elle participera, en 1988, à la première campagne mondiale de lutte contre le sida à la Sorbonne-Nouvelle. Elle y promeut des méthodes issues de la santé communautaire, une approche qui favorise la parole donnée aux acteurs du terrain et l’utilisation de leurs ressources dans la prise en charge de leur santé.
En 1992, elle soutient sa thèse sur le vécu douloureux des femmes confrontées aux «Arrêts de fécondation in vitro». Son travail met en évidence, d’une part, la complexité du lien entre «demande d’enfant» et «offres médicales» et, d’autre part, l’importance primordiale de la parole masculine dans la poursuite ou non des tentatives. Face aux questions de santé, elle envisage les dimensions humaines, sociales et politiques. Elle s’engage ainsi pour faire entrer la psychologie dans les hôpitaux généraux. «Dans certaines maladies chroniques comme le diabète, les déficiences rénales, le cancer ou encore le sida, le soutien fait trop souvent défaut», estime-t-elle. Parallèlement à ses activités académiques et cliniques, elle ouvre son propre cabinet de psychanalyse, où elle reçoit d’abord des enfants: «Ils font des progrès rapides et sont la preuve même de l’ingéniosité humaine!» Ecouter, soigner et transmettre guident son activité. Elle s’inscrit dans cette démarche de «transmission symbolique» avec ses étudiants en France, puis en Suisse.
«Comment suis-je arrivée en 2003 à l’UNIL ? Un e-mail m’a encouragée à postuler», répond-elle. Elle pense pouvoir partager son temps entre deux pays en tant que professeure associée. Mais la Faculté des sciences sociales et politiques la veut à plein temps comme professeure ordinaire en psychologie de la santé. Aucun regret: elle vient même d’accepter un second mandat de vice-doyenne, dès août 2012, et d’obtenir un important financement du Fonds national suisse.
Un goût qui rappelle votre enfance?
Le turron, une forme de nougat dur ou mou… Ma madeleine de Proust.
Le plat que vous venez de manger?
Une jolie assiette de Mezzés avec hommos, moutabbal, tabboulé, msakha, falafel… et une délicieuse conversation?!
Quel repas pour une fin du monde ce soir?
Disons un repas pour le début d’un autre monde. Huîtres, vin blanc vaudois et… mousse aux trois chocolats.