«La découverte d’une nouvelle plante, c’est beaucoup moins fréquent»

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Interview de Sibly Rometsch, ex-assistante à l’ancien Institut de botanique systématique et géobotanique de l’UNIL.

Trois questions à Sibyl Rometsch, responsable de la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages (CPS)* et ex-assistante à l’ancien Institut de botanique systématique et géobotanique de l’UNIL.

Dans le «Top 10» des nouvelles espèces établi en 2009 par l’International institute for species exploration, de l’Université d’Etat de l’Arizona, on ne trouve que deux nouvelles espèces végétales contre huit espèces animales. Est-ce à dire que l’on découvre moins de nouvelles plantes?

Sibyl Rometsch: Si l’on considère les plantes supérieures – les plantes à fleurs et les fougères – c’est en effet beaucoup moins fréquent. En Suisse par exemple, la flore renferme environ 3000 espèces, et on les connaît toutes. Bien sûr, comme chez les animaux, l’utilisation de nouvelles techniques conduit parfois à transformer ce qui était auparavant considéré comme une sous-espèce en une espèce à part entière, ou vice-versa. Mais on ne peut pas parler de réelle découverte.

Et ailleurs, sous les tropiques notamment?

Là, je pense que c’est plus une question de systématique et de taxonomie (ndlr. – la science de la classification) que de découverte. Les populations indigènes connaissent généralement la plante, parfois elles l’utilisent, sans forcément lui attribuer un nom, ou, au contraire en lui donnant des noms qui varient d’une région à l’autre. Il y a donc beaucoup d’espèces qui sont connues, mais qui n’ont pas été décrites de manière scientifique. En outre, de très nombreux pays – en Afrique notamment, mais en partie aussi dans l’ancien bloc soviétique – ne disposent pas de liste complète de leur flore. Il reste donc encore beaucoup de travail pour les botanistes.

Outre les mondes animal et végétal, il y a aussi les règnes des champignons ou des algues. Que peut-on en dire?

C’est en effet un tout autre domaine et là, la situation est très différente. En ce qui concerne les champignons, les algues, les mousses ou les lichens, il y a encore de grandes découvertes à faire. Y compris en Suisse. Mais dans notre pays, il n’y aura bientôt plus les compétences pour le faire. Les spécialistes deviennent une «espèce en voie de disparition», et ces matières ne sont quasi plus enseignées à l’université.

Propos recueillis par
Elisabeth Gordon

* Commission scientifique de la Société suisse de botanique, la Commission suisse pour la conservation des plantes sauvages travaille sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement.

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