Alors que nous vivons aujourd’hui, en Suisse, une lente sortie de la crise provoquée par le coronavirus, j’aimerais remonter le temps pour nous replonger dans l’atmosphère qui régnait au début du mois de mars. Avec angoisse, nous voyions le nombre de cas et de décès s’élever de manière tragique en Italie. Dans notre pays, les chiffres suivaient des courbes similaires, avec quelques jours de décalage.
La fermeture du campus de l’UNIL le 16 mars, en coordination avec l’annonce du Conseil d’État vaudois, représenta un véritable soulagement pour de nombreux membres de la communauté universitaire, ainsi que pour moi. Comme nous nous doutions qu’un tel événement allait survenir, nous avions pu anticiper le transfert de nos activités dans le numérique. Par exemple, les cours ont été diffusés en ligne, ce qui a permis de garantir que le semestre ne soit pas perdu pour nos étudiant·e·s.
Même si les bâtiments de l’UNIL étaient inaccessibles, nous n’avons pas cessé nos activités, bien au contraire. La continuité institutionnelle a été assurée entièrement en ligne par nos services: les collaboratrices et les collaborateurs ont mis les bouchées doubles pour satisfaire les demandes. Dans les facultés, les décanats ont poursuivi leur travail. La session d’examens de juin, qui s’est déroulée à distance, a nécessité des semaines de travail pour sa réorganisation. Peu de gens savent que nous faisons passer des milliers d’examens à nos étudiant·e·s, qui sont près de 16000.
De loin, l’UNIL peut être perçue comme un paquebot lent à la manœuvre. En l’occurrence, elle a réagi très rapidement à cette nouvelle donne imposée par les circonstances. Il s’agit, pour moi, d’une magnifique surprise. En quelques jours, dans un esprit de solidarité, les collaboratrices, les collaborateurs et les enseignant.e.s se sont adapté·e·s à de nouveaux outils informatiques. Leur capacité à se transformer et à innover démontre un dévouement admirable à l’institution et à ses missions d’enseignement.
La recherche a souffert du confinement. Comment poursuivre les travaux lorsque les laboratoires sont clos? Pour nombre de scientifiques, cette période a été frustrante. Mais dans ce domaine également, les chercheuses et les chercheurs ont démontré leur créativité en lançant des projets en lien direct avec les mois exceptionnels que nous venons de traverser. Cette expérience a constitué l’opportunité d’étudier des phénomènes aussi divers que l’impact de la pandémie sur nos émissions de CO2, les aspects anthropologiques du confinement, l’effet de ce dernier sur l’usage de la télévision ou les changements dans nos modes de vie. Économie, droit ou durabilité: les initiatives foisonnent (lire en p. 14).
De manière plus large, les membres de la communauté UNIL ont contribué de bien des façons à la sortie de crise. En restant chacun·e chez soi, avec l’impression fausse de n’avoir «rien fait», nous avons sauvé des vies. Appelé·e·s par l’armée ou le service civil, ou encore volontaires, d’autres ont soutenu l’effort collectif en aidant des personnes à risque.
Cahin-caha, nous évoluons vers une situation qui ressemble davantage à une forme de normalité. Nous allons de plus naviguer dans l’incertitude, car un «retour en arrière» demeure possible si le virus se répand à nouveau. Jusqu’au jour où un vaccin contre la Covid-19 sera largement disponible, nous devrons nous habituer à changer nos comportements.
À titre personnel, je ne souhaite pas que la situation redevienne simplement «comme avant». J’espère que cette crise va contribuer à améliorer la viabilité de notre société. Par exemple, le sauvetage sans conditions de compagnies aériennes me semble être l’occasion ratée d’une réflexion sur la mobilité, notamment la mobilité de loisirs, qui à son extrême permet de prendre l’avion pour aller faire du shopping pendant quelques heures dans une grande ville européenne. Est-ce que cela a vraiment un sens? Dans les débats de société, l’UNIL va continuer de jouer son rôle de creuset d’idées et de stimulant intellectuel. /