La différence de qualité entre les informations que possèdent les agents locaux et étrangers a son importance.
Kenza Benhima est professeure ordinaire au Département d’économie de la Faculté des HEC de l’UNIL et directrice de l’Institut d’économie appliquée (CREA) de la même faculté. Elle a codirigé la thèse de Rachel Cordonnier, et s’intéresse donc dans ses recherches aux paramètres qui expliquent les flux de capitaux – actions, obligations, prêts bancaires, etc. – entre pays.
Flux volatils
Ces flux peuvent être assez volatils, notamment lors de crises financières. «L’angle qui m’intéresse plus particulièrement est celui de l’information: est-ce que les différents investisseurs disposent d’informations de la même qualité, explique la chercheuse. Et bien sûr, je m’interroge aussi sur l’asymétrie: quelles conséquences quand les investisseurs étrangers n’ont pas le même niveau d’information que les agents nationaux?» On s’en doute, pour qu’un marché fonctionne, une forme d’hétérogénéité dans les infos et dans les analyses est nécessaire: il faut que quelqu’un se dise que c’est une bonne idée de vendre et qu’en même temps quelqu’un se dise que c’est une bonne idée d’acheter. Si tout le monde dispose des mêmes données et en tire exactement les mêmes conclusions, les capitaux ne circulent plus…
Pour illustrer cette asymétrie, la professeure cite deux cas:
– Soit dans un pays donné une phase optimiste. Elle voit une amélioration de tous les fondamentaux, notamment une hausse de la production. Les agents domestiques rachètent les actifs aux mains des étrangers. Une attitude que l’on peut expliquer aisément: ils mesurent mieux ce qui est en train de se passer dans leur propre pays.
– Soit dans le même pays une autre phase optimiste. Cette fois, ce sont les agents locaux qui vendent à bon prix leurs actifs aux investisseurs étrangers. Il apparaîtra a posteriori que cet optimisme ne reposait sur rien de tangible.
Qualité de l’information
«Ces deux exemples montrent comment dans deux situations apparemment identiques, la qualité de l’information joue un rôle dans les flux de capitaux, souligne Kenza Benhima. On voit clairement qu’il y a un avantage à être un “ local ” pour disposer des bonnes infos.» La professeure et ses équipes tentent notamment de vérifier si les instituts qui font des prévisions économiques sur leurs propres pays et sur d’autres contrées sont plus ou moins performants quand il s’agit du futur de «leur» pays que des autres. Il semble que ce soit bien le cas. Vous hésitez à investir dans des actifs suisses? Jetez donc un œil à ce que prédit l’Institut d’économie appliquée (le CREA) de l’UNIL…
Article principal: Les sentiments influencent les flux de capitaux