Évoquer les théories, représentations et pratiques du sommeil au Moyen Âge et à l’époque moderne est passionnant. Comme le soulignent en introduction Karine Crousaz et Agostino Paravicini Bagliani – qui, avec Bernard Andenmatten, ont réuni les textes de cette publication – «le sommeil constitue un objet d’étude récent dans les disciplines historiques». Et pourtant, d’Aristote à Jean Calvin, ils ont été nombreux à s’être exprimés sur le thème. Fruit d’un colloque qui s’est tenu à l’UNIL en octobre 2021, cet ouvrage collectif associe des approches diverses, aussi bien médicales que philosophiques, littéraires, religieuses ou archéologiques.
L’histoire du sommeil «est traversée par l’ambivalence». Chez Homère, le sommeil et la mort sont des dieux jumeaux. Dans l’Ancien Testament, il est lié à la paresse et à la pauvreté. Abréger ses nuits fait aussi partie des recommandations des philosophes pour bien vivre et penser. Dans le monachisme, la veille est valorisée comme le jeûne, le silence ou l’abstinence. En gardant l’œil ouvert, les moines cherchent à imiter les anges.
Mais tout le monde n’est pas d’accord sur ce point. Pour les Pères de l’Église, le sommeil peut être vu comme un don divin alors que l’insomnie se situe du côté du péché. L’ascétique Jean Calvin, lui aussi, le valorise. Pour lui, le sommeil est «un vray tesmoins» de l’immortalité humaine et il permet d’être plus «alaigre à chercher Dieu».
Et qu’en est-il de la pratique? Dans les «régimes de santé» médiévaux, les recommandations concernent avant tout la quantité de sommeil, l’heure convenable pour se coucher et les positions les mieux adaptées au repos. On conseille de ne pas se mettre au lit aussitôt après le repas mais d’attendre environ deux heures pour faciliter la digestion. La durée ensuite varie entre six et douze heures par nuit. Quant à la position, elle suscite des divergences sur le choix du côté à privilégier. Avicenne, par exemple, préconise de se reposer d’abord sur le côté droit, ensuite sur le gauche puis à nouveau sur le droit. En revanche, dormir sur le dos n’est jamais proposé, il est même interdit car considéré comme cause de certaines pathologies. / Mireille Descombes

Notice sur Labelettres, site de la Faculté des lettres
Sous une apparence un peu sage, Gisèle Ansorge (1923-1993), pharmacienne de formation, cachait une riche personnalité. Croisements, glissements et mélanges sont les termes qui semblent convenir le mieux à son étonnante trajectoire artistique où cohabitent la caméra, le pinceau et la plume. Avec son mari Nag Ansorge, très actif dans la défense du cinéma d’animation en Suisse, elle a notamment réalisé de surprenants courts-métrages de sable permettant de se passer des marionnettes par trop fastidieuses pour évoluer vers un mode d’expression plus fluide et spontané. / MD

Notice sur LabeLettres, site de la Faculté des lettres
Petit «essai personnel et non académique», ce cahier bleu se lit comme un hommage à Aragon. Plus précisément au prosateur Aragon tel qu’il apparaît dans son cycle romanesque Le Monde réel, soit à travers Les Cloches de Bâle, Les Beaux Quartiers, Les Voyageurs de l’Impériale, Aurélien et Les Communistes. L’occasion de souligner, chez le grand écrivain français, «une foi ardente en la réalité de l’amour» tout en engageant lectrices et lecteurs à (re)trouver le chemin de son œuvre./ MD

En 2021, au Tessin, un colloque international transdisciplinaire a eu lieu autour des questions de l’humour, du grotesque et de l’ironie chez Platon. L’évènement a réuni les perspectives de la Société suisse du théâtre, de l’Accademia Dimitri et de l’UNIL, mêlant donc les approches théoriques, dans les domaines de la philosophie ou de la pédagogie, avec les arts scéniques les plus contemporains. Des conférences-performances ont d’ailleurs eu lieu. Cet ouvrage académique va au-delà des classiques «actes» de congrès pour prolonger les réflexions lancées lors du colloque. / DS

Notice sur LabeLettres, site de la Faculté des lettres
Tatoueuse, mosaïste ou couturière. Cet ouvrage aussi beau qu’émouvant met en lumière 19 artisanes romandes, grâce aux photographies noir-blanc de Vincent Guignet et aux textes de Blaise Hofmann, écrivain et diplômé en Lettres de l’UNIL. L’un des fils rouges de ce livre réside dans les mains de ces femmes, que l’on peut suivre d’une page à l’autre comme une mélodie où les outils et les ateliers joueraient le rôle d’instruments. «Elles font et elles sont», comme le note Marie-Hélène Lafon dans sa préface. On ne saurait mieux dire. / DS

Qu’est-ce que le «beau»? Sous la forme de courts essais, voire de billets d’humeur, de nombreuses auteures et auteurs traitent de cette question (et de tout ce qui tourne autour, comme le charisme ou la laideur) dans cet ouvrage riche en surprises (et en jeux de mots). Parmi les plumes convoquées, la conseillère nationale Léonore Porchet s’intéresse à la question du physique en politique («Il m’a fallu trois semaines pour choisir une photo de campagne») tandis que la comédienne Rébecca Balestra, dotée elle-même d’un «nez immense», se demande s’il faut être moche pour faire rire. / DS

Notice sur LabeLettres, site de la Faculté des lettres