«Le premier rôle d’un avocat n’est pas de plaider face au juge, mais de défendre les intérêts de ses clients. Et ceux-ci ont souvent avantage à éviter de mettre les pieds dans un tribunal», souligne Jonathan Bory, docteur en droit. Il nous accueille ce jour-là dans les locaux de son étude Bory Legal. Dans cet appartement chic du centre-ville de Lausanne, cet homme de loi – qui enseigne en parallèle la négociation et les modes amiables de gestion des conflits à l’Université de Neuchâtel –accompagne des multinationales, des chefs d’entreprise, des conseils d’administration ou des particuliers.
Ses missions? Aider ses interlocuteurs à surmonter les obstacles dans leurs projets. Mais aussi identifier, prévenir et résoudre d’éventuels litiges. «Dans ma pratique, au-delà des compétences juridiques, j’essaie de recourir aux outils de la négociation et de faire preuve d’une certaine intelligence émotionnelle. J’ai la conviction que cette approche est plus efficace et permet souvent aux parties de renouer le dialogue et s’épargner une procédure judiciaire pénible, longue et coûteuse», précise cet expert en droit des contrats et en médiation.
Du droit plus user friendly
Doté d’une maîtrise en droit de l’Université de Fribourg, acquise avant l’obtention de son brevet d’avocat, le trentenaire a fondé l’étude Bory Legal alors qu’il effectuait son doctorat à l’UNIL. Publiée en 2021, sa thèse traite de l’effectivité de la liberté contractuelle. Elle met en lumière un décalage entre la représentation des contractants comme des êtres égaux et rationnels, qui prévaut dans le Code des obligations, et la réalité, qui est, elle, marquée par d’importants déséquilibres des forces. «Lorsqu’on vous demande de signer ou d’accepter sur le champ des conditions générales rédigées sur dix pages en caractères 8, qui, dans tous les cas, ne peuvent être modifiées, il est difficile d’y voir un accord librement négocié entre parties égales», illustre-t-il.
Pour rendre le droit plus en phase avec le réel, Jonathan Bory propose une approche fondée sur l’inégalité des forces de négociations et suggère de puiser dans des disciplines comme la psychologie, les neurosciences, l’économie comportementale ou la technologie pour améliorer les interventions correctrices de l’État. Il invite à optimiser l’effectivité de la législation. «Nous considérons parfois qu’il suffirait d’écrire une règle pour qu’elle soit appliquée, car nul n’est censé ignorer la loi. Mais il y a selon moi une vraie marge de progression pour rendre le droit plus clair, compréhensible et user friendly.»
L’investissement démystifié
Avide d’aventures ambitieuses, le Vaudois a aussi cofondé plusieurs start-ups, dont Lendora, lancée en 2016 avec deux amis du gymnase. Une plateforme de crowdlending (prêts entre particuliers), qui connecte emprunteurs et investisseurs en Suisse. L’an dernier, plus de 10 millions de francs ont ainsi été mis à disposition. «Notre but est de démocratiser l’investissement, le rendre accessible et compréhensible, et de favoriser des emprunts en Suisse, dans l’économie réelle, à des taux équitables, sans frais cachés», conclut-il.