Les recensions byzantines de l’Évangile de Nicodème, R. Gounelle, Turnhout, Brepols, 2008, 332 p., 1 ill. n/b., 230 x 315 mm, 155 €
ISBN 978-2-503-52813-7
ISBN 2-940351-11-2.
Présentation
Le récit apocryphe connu sous le nom d’Actes de Pilate ou d’Évangile de Nicodème a une tradition textuelle particulièrement complexe. Composé en grec dans les trois premiers quarts du IVe siècle, il a été traduit dans la quasi-totalité des langues méditerranéennes et a fait l’objet de multiples réélaborations dans les langues vernaculaires du Moyen Age. Le présent volume est consacré à la recension grecque byzantine, connue depuis l’édition de C. von Tischendorf sous l’appellation « grecque B ».
Cette recension, peu étudiée, est un témoin important de la piété mariale byzantine. Les trois formes principales conservées sont éditées sous forme synoptique, sur la base d’une trentaine de manuscrits, ce qui permet de rendre manifeste l’évolution du récit, dont le centre de gravité n’a cessé de se déplacer des minutes du procès de Jésus vers le récit de sa mort et de son ensevelissement, dans lequel Marie joue un rôle croissant.
L’introduction analyse chacune de ces recensions. La plus ancienne, qui remonte vraisemblablement au IXe-Xe siècle, est une traduction de la recension latine A, retravaillée pour être conforme à la piété byzantine. La deuxième forme, mal conservée, date probablement des XIIe-XIIIe siècle et se caractérise par de nombreux ajouts. La troisième recension, dont l’autographe est préservé, est une version expurgée de la deuxième forme textuelle ; remontant au XIVe-XVe siècle, elle est l’œuvre d’un auteur que la moindre ambiguïté inquiétait, aussi bien sur le plan narratif que théologique.
A chaque étape, des rédacteurs sont intervenus sur la forme et le contenu du récit, n’hésitant pas à y intégrer des idiomèles, des canons de Nicolas de Constantinople ou des extraits d’une homélie de Grégoire d’Antioche. De nombreux points de contact avec des traditions occidentales sont relevés dans l’introduction.
Probablement issue de communautés italo-grecques, la recension grecque byzantine de l’Évangile de Nicodème a joui d’une estime certaine au Mont Athos au XIXe siècle. La profonde réécriture du récit apocryphe attestée par un manuscrit athonite a été publié à Athènes dans une série de brochures pieuses entre la fin du XIXe siècle et la première guerre mondiale. Ces publications, qui constituent la page la plus récente de l’histoire de la réception de l’Évangile de Nicodème, sont présentées et analysées dans l’introduction.
En fournissant aux byzantinistes et aux iconologues des matériaux datés, cette étude devrait les aider à reconstituer l’évolution de la piété et de la liturgie byzantines, entre le IXe siècle et le XVe siècle.