C. Bovet, G. Comte, D. Jeanneret

Trois diplômées de la Faculté des lettres titulaires d’une Licence ès lettres.
De gauche à droite: Cécilia Bovet (Russe, Histoire, Histoire et esthétique du cinéma – 2006), Delphine Jeanneret (Anglais, Histoire de l’art, psychologie – 2008) et Gisèle Comte (Histoire de l’art, Histoire et esthétique du cinéma, Anglais – 2006).

Votre création

Son nom : Festival Cinéma Jeune Public
En 2015, nous avons créé le Festival Cinéma Jeune Public qui s’adresse principalement aux enfants, aux jeunes, aux familles et aux écoles. Depuis, il a lieu chaque dernière semaine de novembre, dans les salles de cinéma indépendantes de Lausanne et Pully (Zinéma, Cinéma Bellevaux, Cinéma Oblò, Cinéma CityClub Pully), à la Cinémathèque suisse (cinéma Capitole) et à l’Ecole de Jazz et de Musique Actuelle de Lausanne (EJMA).

Le festival propose une programmation de films, des ateliers de création, des rencontres avec les cinéastes et un ciné-concert. Chaque année, nous construisons la programmation autour d’une thématique, afin de proposer un cadre de réflexion et un angle d’approche du cinéma et de l’image.

Votre idée

Pourquoi faites-vous ce que vous faites maintenant ?
Le projet est né d’une envie de travailler ensemble et du constat qu’à Lausanne, l’offre cinématographique destinée aux plus jeunes manquait de diversité. Nous nous sommes rencontrées dans le cadre de nos études à l’Université de Lausanne. Près de dix ans après la fin de nos études, nos chemins professionnels se sont rejoints autour du cinéma. Nos bagages respectifs et les réseaux établis dans nos engagements préalables nous ont convaincues de nous lancer dans ce projet qu’on voulait proche de nos envies, inclusif tout en étant pointu : une sorte d’utopie culturelle pour les jeunes et les enfants.

Au moment de la création du festival, nous étions toutes les trois actives dans le domaine du cinéma et de la médiation culturelle. Nous avions toutes travaillé dans différents festivals ou associations culturelles et avons eu envie de créer de toute pièce une organisation inédite en phase avec nos valeurs, c’est-à-dire un projet qui nous appartiendrait et dont nous serions le moteur.

L’idée première était de faire découvrir aux plus jeunes (et à leurs accompagnant·e·s) un cinéma différent de celui qui domine dans les grandes salles (grosses productions et blockbusters). Nous voulions leur permettre d’expérimenter le médium filmique à travers des ateliers de création (réalisation, bruitage, création de musique de films ou de scénario) et des ateliers de critiques de films (comité de programmation, jury des jeunes et jury des enfants). Toute cette offre a principalement pour but d’affûter le regard critique des plus jeunes sur l’image en mouvement.

En effet, le cinéma est un langage à part entière et il nous semble important d’y être sensibilisé depuis le plus jeune âge afin de pouvoir approcher toutes les formes d’images en mouvement de manière consciente et réflexive, mais aussi pour questionner les modes de consommation aujourd’hui. De manière générale, nous pensons que l’accès à la culture est essentiel pour découvrir le monde, se construire mais aussi pour pouvoir faire partie de la société. 

Quelles sont vos convictions, valeurs ? Et quelle est la raison d’être de votre projet ?

Nous avons en commun l’envie d’offrir à voir un cinéma différent, avec des films peu ou pas distribués en salle (indépendants et/ou récents), des films du patrimoine mais aussi des films qui explorent des modes de narration différents (films expérimentaux) et de les utiliser comme base de dialogue et de partage d’expériences.

Deux d’entre nous, Gisèle et Cécilia, sont actives dans le domaine de la médiation culturelle. Nous partageons la volonté de rendre accessibles des œuvres culturelles à des publics divers, et sommes attachées au principe qui veut que tout accès à la culture favorise la construction de soi et la participation citoyenne.

Nous partons également du principe qu’une rencontre autour d’une œuvre peut être enrichissante pour le public comme pour le/la réalisateur/trice ainsi que l’organisateur/trice du projet. En effet, nous croyons que les différents publics sont porteurs de culture et de savoirs, et qu’il importe avant tout de mettre en place au sein du festival des possibilités de dialogues et d’échanges.

Delphine a travaillé sur plusieurs projets avec des jeunes réalisatrices et réalisateurs. Elle est en plus curatrice et programmatrice de films et connaît parfaitement les réseaux de programmation du cinéma Suisse et international. La programmation fait découvrir aux plus jeunes les films indépendants et de niche les plus actuels, et les jeunes réalisateurs et réalisatrices programmés ont la possibilité de rencontrer leur public et de développer leur réseau.

Ce sont ces valeurs et objectifs communs qui nous motivent à poursuivre le projet. 

Pourquoi est-ce que vous vous levez le matin ?

Gisèle se lève le matin car ses enfants lui demandent de leur préparer leur petit déjeuner. Une fois que tout le monde est nourri, elle se projette dans sa journée en espérant pouvoir y caser toutes ses envies : son travail au musée, manger, lire, voir ses ami·e·s, regarder un film, passer du bon temps en famille et essayer de servir à autre chose qu’à elle-même.

Cécilia a plusieurs jobs différents. Quand elle se lève, elle essaye d’abord de se souvenir où elle doit aller travailler. Ensuite, elle a envie de passer du temps avec ses proches et de se sentir utile en s’engageant pour des projets auxquels elle croit à travers ses différentes expériences de médiatrice, où elle apprécie aller à la rencontre des gens.

Delphine se lève le matin parce qu’elle ne croit pas que le cinéma peut changer le monde – celles et ceux qui sont au pouvoir ne regardent pas les bons films – mais elle est convaincue que son action à échelle locale peut faire évoluer les mentalités. Elle se lève aussi le matin pour arroser ses plantes sur son balcon, regarder des tonnes de films quand elle rentre le soir ou le week-end, voyager dans des festivals de films à la découverte de nouvelles esthétiques et passer du temps avec sa famille et ses ami·e·s. 

Pourquoi ce que vous faites intéresse les autres ?

Qui sont les autres ? Le festival intéresse nos pairs, les réalisatrices et réalisateurs, des artistes qui créent les ateliers, nos ami·e·s, nos familles, des enseignant·e·s curieux/ses et motivé·e·s, et de plus en plus, des familles et des enfants qu’on ne connaît pas, des adolescent·e·s qui ont entendu d’autres adolescent·e·s parler d’un atelier auquel ils/elles ont participé, des travailleuses et travailleurs sociaux des maisons de quartier de la région, quelques subventionneurs (mais pas encore assez !).

Ce qu’on fait intéresse tous ces gens pour de multiples raisons qui leurs sont propres. Ce qui les rassemble est leur curiosité et leur envie d’ouvrir leurs horizons et ceux des enfants dont ils ont la responsabilité.

Votre conseil

Le meilleur conseil que nous pouvons donner est le suivant : croyez en ce que vous faites, quels que soient le nombre et la nature des obstacles que vous rencontrez, ne craignez pas de vous remettre en question, et sachez avoir une grande capacité d’adaptation dans toutes les situations.