Une nouvelle formation pour les psychothérapeutes

Sabrina Caillet-Zahler et Valentino Pomini. Psychologue-psychothérapeute, coordinatrice res­ponsable du MAS en TCC et chargée de cours à l’UNIL. Professeur à l’Institut de psychologie. Nicole Chuard © UNIL

L’Institut de psychologie de l’UNIL, en partenariat avec les Universités de Genève et de Fribourg, a lancé un «Master of Advanced Studies» en psychothérapie comportementale et cognitive (TCC). Ce cursus, qui ouvre sur le titre fédéral de psychothérapeute, est destiné aux psychologues et aux médecins psychiatres.

Avec la psychanalyse, la psychothérapie centrée sur la personne et la thérapie d’orientation systémique, la thérapie comportementale et cognitive (TCC) fait partie des approches reconnues dans le champ de la psychothérapie. «L’une de ses particularités réside dans son aspect très structuré et concret, explique la psychologue-psychothérapeute Sabrina Caillet-Zahler, coordinatrice responsable du Master of Advanced Studies (MAS) en TCC, dont la première édition a été lancée par l’UNIL et ses partenaires en novembre 2017. Les patients et les thérapeutes collaborent de manière horizontale, avec un but commun: venir à bout d’une souffrance ou d’un problème spécifique.»

Les TCC offrent aux patients «des outils qui les aident au quotidien et les soulagent de leurs souffrances, reprend Valentino Pomini, professeur à l’Institut de psychologie et président du MAS en TCC. Mais en tant que thérapeutes, nous développons aussi une manière de se comprendre qui aboutit souvent à modifier la vision de soi et de ses difficultés. Nous œuvrons à mettre en évidence les forces et ressources mobilisables pour qu’à l’avenir le patient n’ait plus besoin de nous.»

Ces méthodes comportent souvent un volet pratique où le thérapeute accompagne son patient dans des exercices ou des activités à but thérapeutique qui ne vont pas forcément se dérouler en cabinet, mais aussi au domicile du patient, auprès de sa famille, dans des lieux publics, etc. Soutenues empiriquement par des études évaluatives d’efficacité, souvent confirmées par les avancées en neurosciences, ces thérapies sont aujourd’hui largement diffusées.

Expériences partagées

L’un des points forts du MAS réside dans sa double orientation. «Les participants pourront acquérir une formation de base en TCC doublée d’une certaine spécialisation, soit pour les enfants et adolescents, soit pour les adultes, note Sabrina Caillet-Zahler. Ainsi, une partie des cours est suivie de manière commune, mais une autre, environ 200 heures sur un total de 500, est donnée de manière séparée.» En effet, la TCC pour l’enfant et l’adolescent ne se résume pas à une simple transposition des méthodes développées pour les adultes.

D’une durée de cinq ans, le cursus s’adresse en priorité aux psychologues diplômés de niveau master. Mais il est ouvert aux titulaires d’un diplôme fédéral de médecine souhaitant se spécialiser dans cette approche. Les deux premières années du MAS sont organisées conjointement par la Formation continue UNIL-EPFL et le Centre d’enseignement post-universitaire pour la spécialisation en psychiatrie et psychothérapie (CEPUSPP). Les trois années ultérieures conduisent les candidats à approfondir les méthodes et modèles d’intervention psychothérapeutiques. Les médecins, psychologues et psychothérapeutes peuvent choisir parmi ces ateliers d’approfondissement à titre de formation continue.

Une des richesses de la formation réside dans les possibilités d’échanges entre participants aux expériences et spécialités professionnelles différentes.

Une formation exigeante

Le MAS est une formation en cours d’emploi qui comporte cinq volets distincts. Outre les cours théoriques, les candidats au titre de psychothérapeute doivent cumuler des heures attestées et documentées d’activité psychothérapeutique avec des patients (200 heures), de la supervision, des heures d’expérience personnelle en psychothérapie (100 heures) et travailler pendant au moins l’équivalent de deux années à temps plein dans un milieu délivrant des soins psychiatriques-psychothérapeutiques.

Ce cursus clés en main implique un engagement personnel et financier important: il faut en effet compter qu’une formation complète en psychothérapie revient entre 40 et 50000 francs. Les candidats doivent aussi organiser une partie de leur parcours. «Nous attendons des participants les qualités professionnelles nécessaires pour délivrer correctement du soin psychologique, précise Valentino Pomini, un intérêt pour l’approche cognitivo-comportementale et un certain courage à oser des formes d’intervention qui dépassent le cadre d’un dialogue thérapeutique au sein d’un cabinet de consultation. Nous souhaitons de plus une bonne capacité à organiser sa vie professionnelle en adéquation avec les exigences de la formation.»

Un partenariat entre universités

Reconnue comme organisation responsable aux yeux de la Confédération, l’UNIL gère cette formation sur le plan logistique et administratif. Toutefois, réalisé en partenariat avec les Universités de Genève et de Fribourg, le MAS est construit en étroite collaboration avec le CHUV et les principales institutions psychiatriques publiques de Suisse romande. Ces institutions sont des partenaires clés, car elles emploient les candidats; et sans leur appui, un projet comme celui-là est probablement voué à l’échec.

En cours d’accréditation par l’Office fédéral de la santé publique, le MAS s’inscrit dans les exigences de la Loi sur les professions de la psychologie de 2013 (LPsy). Si jusqu’à présent, seule la Fédération suisse des psychologues pouvait délivrer des titres de spécialisation, dès le printemps 2018, ce sont les filières accréditées par l’OFSP qui prendront le relais. Les détenteurs du MAS, qui auront également accompli l’équivalent de deux ans de pratique clinique à temps plein comme psychologue, pourront demander le titre fédéral de psychothérapeute décerné par l’UNIL et l’OFSP.

L’ouverture du MAS a suscité un vif intérêt puisque la première volée est complète, avec 32 participants. Une seconde volée est en préparation.

Renseignements


Offre de formation

Accompagnement spirituel en milieu de santé

Le rapport au religieux évolue dans la société. Avec les migrations, la diversité des référents culturels augmente. En Occident, la position des églises «traditionnelles» s’affaiblit face à une relation plus personnelle au spirituel. Ce mouvement de fond a un impact sur le travail dans les institutions de soins, comme les EMS ou les hôpitaux.

Afin de répondre à ces changements, une nouvelle formation continue a été mise sur pied. Baptisée «Accompagnement spirituel en milieu de santé», ce cursus est un Certificate of Advanced Studies (CAS), qui court sur un an et demi, dès septembre 2018. Il est ouvert, sur dossier, aux détenteurs d’un titre académique en théologie, en sciences des religions ou d’un titre équivalent.

«Nous souhaitons que les personnes diplômées du CAS soient aptes à mener des interventions, en tant que membres du dispositif de soins, explique Pierre-Yves Brandt, professeur à l’Institut de sciences sociales des religions de la Faculté de théologie et de sciences des religions et directeur du programme. Par exemple, elles devraient pouvoir rédiger des notes au dossier du patient de manière pertinente et standardisée.»

Ce cursus certifiant constitue une montée en puissance et une extension d’une formation précédente, le «Clinical pastoral training». Il est composé de 5 modules. L’un d’entre eux, «Face à la diversité religieuse en institution», peut être suivi de manière indépendante. Il est piloté par Irene Becci Terrier, elle aussi professeure à l’Institut de sciences sociales des religions, et ouvre sur d’autres mondes, comme l’école et la prison. A cette occasion, les participants au CAS vont échanger avec des professionnels actifs hors du milieu des soins.

Un autre module présente le modèle d’accompagnement STIV (Sens, transcendance, identité et valeur) ainsi que l’outil d’évaluation de la détresse spirituelle SDAT. Ces outils ont notamment été développés par Etienne Rochat, responsable de la plateforme Médecine, Spiritualité, Soins et Société (MS3) au CHUV, et intervenant pour ces cours. Les aspects liés à l’éthique clinique sont traités par Thierry Collaud, professeur de théologie à l’Université de Fribourg et médecin.

Un stage clinique au CHUV, d’une durée totale de huit semaines, entrecoupe les volets théoriques de la formation. Par petits groupes, sous supervision, les participants vont agir sur le terrain et nourrir les études de cas qu’ils doivent présenter en groupe. Un travail de mémoire personnel conclut ce CAS, qui, en filigrane, va demander à ses étudiants de mener une réflexion sur leur relation à autrui, leurs valeurs et leurs croyances.

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