Princesse mais pas trop

Mélanie Romero
35 ans. Cofondatrice de MELAZIC. Licence ès Science politique (2006).
© Pierre-Antoine Grisoni /Strates

Un renne blanc. Des assiettes en carton ornées de renards roux. Des cupcakes bleus, verts ou violets dans une vitrine. Des tabliers, des T-shirts anthracite frappés de la devise «De toute façon je m’en fous, j’suis une princesse». Des ustensiles de cuisine de toutes formes et couleurs. Et par-dessus une odeur sucrée de sablés en pleine cuisson. Un matin d’hiver, voilà l’ambiance qui régnait au Royaume MELAZIC, une boutique installée à la rue Madeleine à Lausanne.

C’est ici que l’on rencontre Mélanie Romero, cofondatrice de ce doux univers avec sa sœur cadette Soizic. «Le mot MELAZIC, un collage de nos prénoms, a été créé alors que nous étions enfants. A l’époque, nous avions fabriqué un petit journal, fait de documents agrafés et de photocopies réalisées à la poste», se souvient-elle. Une «envie de créer» qui ne les a pas lâchées.

Dès le gymnase, suivi à Yverdon-les-Bains, Mélanie Romero avait mis les pieds dans le monde professionnel. Outre l’enseignement et la vente, elle s’est approchée du journalisme, un métier pour lequel la trentenaire possède les qualités nécessaires: la curiosité et le goût de l’indépendance. C’est ainsi qu’elle a écrit des «piges» pour La Région Nord Vaudois, 24 Heures et Télétop Matin.

Cette idée s’est toutefois éloignée pendant ses études en Science politique à l’UNIL, entamées en 2001. «Ce cursus me correspondait bien, explique Mélanie Romero. J’y ai appris à déconstruire la réalité, à comprendre le fonctionnement des institutions, tout en m’ouvrant l’esprit et en satisfaisant ma curiosité intellectuelle.» Les capacités d’analyse et de synthèse, ainsi que l’esprit critique acquis dans les auditoires lui servent encore. L’étudiante qu’elle était a profité de «faire son marché», en suivant des cours en psychologie de l’enfant ou en histoire médiévale.

Parallèlement à la fin de ses études et à son activité professionnelle – notamment dans le milieu bancaire –, Mélanie Romero fait germer l’idée MELAZIC avec la complicité de sa sœur. Cette dernière s’est formée dans le domaine de la communication. «Au début, nous regardions cela comme un hobby. Puis, en constatant l’intérêt de nos proches pour nos créations, comme des sacs ou des vêtements, nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à en faire.»

C’est en 2006 que MELAZIC a vu le jour. A cette époque, les sœurs Romero ont approché l’association Genilem, qui accompagne les jeunes entreprises. «Notre projet était très ambitieux, peu structuré et partait dans tous les sens», se souvient Mélanie. Si les idées ne manquaient pas, «nous avons dû tout apprendre, comme par exemple à préparer un business plan.»

S’étendant peu à peu, le Royaume MELAZIC a d’abord existé sur le Net. Les cupcakes, «la nourriture des princesses et des princes», de féériques gâteaux et les ateliers de pâtisserie pour enfants et adultes se sont ajoutés petit à petit. Les patronnes ont conservé un emploi en parallèle à la croissance de leur société. «C’est à la naissance de ma fille, en 2012, que je me suis jetée à l’eau en devenant indépendante», indique Mélanie Romero. Les sœurs ouvrent une boutique à Lausanne, d’abord à la rue Vinet puis à l’emplacement actuel en 2013. «Je n’aurais jamais pu lancer l’entreprise avec quelqu’un d’autre que Soizic, souligne Mélanie. Dans la vie d’entrepreneuse, il y a des hauts et des bas, des déceptions, beaucoup d’émotions. L’équipe de base doit être très solide.»

Grâce à un crowdfunding, un magasin a ouvert à Genève en septembre 2017. Le Royaume MELAZIC compte douze employés, dont les deux fondatrices. La preuve que l’on peut créer un univers de conte de fées tout en gardant les pieds sur terre.

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