Libérées, délivrées… Plus de princesses

Jocelyn Rochat, rédaction en chef
Jocelyn Rochat, rédaction en chef

Les clichés sexistes ont la vie dure, mais ils ne sont heureusement pas immortels. Deux histoires que vous lirez dans ce numéro d’Allez savoir! permettent en effet d’imaginer que nous allons, parfois, vers le mieux. Par exemple en politique. Après avoir obtenu le droit de vote bien tardivement, les femmes suisses ont encore été soupçonnées de remplir leurs bulletins électoraux avec leurs maris. En tout cas au Café du Commerce. Si cela a parfois été le cas, les travaux d’une chercheuse de l’UNIL – que vous découvrirez en exclusivité dans ce magazine – montrent que ces influences ne s’exercent plus ni sur les jeunes femmes ni sur les travailleuses. Ce qui fait dire à Ursina Kuhn (la sociologue qui a mené cette enquête passionnante dans le secret du vote des Suisses) que cette ingérence masculine n’était probablement qu’un «effet de génération», une pratique en train de disparaître.

Un autre très vieux cliché sexiste veut que les héroïnes de films ou de livres soient, au mieux, les compagnes du héros, et au pire des potiches geignardes qu’un preux chevalier doit sans cesse sauver d’un péril mortel. Et pourtant, après des millénaires de machisme et d’innombrables scénarios de ce genre, les temps changent, et ce numéro d’Allez savoir! en témoigne également.

Dans la série TV Game of Thrones, l’un des grands succès du moment, l’une des héroïnes les plus populaires est «la Mère des dragons». Elle n’est plus une pucelle sans défense qu’il faut sauver des dragons, mais la maîtresse de trois cracheurs de feu géants dont elle se sert dans sa tentative de conquérir le Trône de fer, par les armes quand il le faut.

Et la Mère des dragons n’est pas le seul exemple de ce nouveau genre d’héroïnes balèzes, mais encore rebelles, révoltées et marginales qui utilisent désormais la force pour lutter contre les injustices. Ce qui fait dire à un chercheur de l’UNIL (c’est ici) que nous vivons «une période de transformation». Il suffit de se promener dans les rayons «ados» des librairies ou d’aller au cinéma pour s’en convaincre.

Désormais, les femmes ne viennent plus seulement de Vénus. Elles débarquent clairement de Mars. Comme Katniss Everdeen, l’héroïne de la saga Hunger Games, ou Tris Prior, la star de Divergente, deux séries de romans pour adolescents qui ont été repérées par des producteurs de Hollywood qui en ont fait des succès mondiaux de cinéma. Détail significatif: ces bouquins qui étaient au départ destinés aux adolescents ont désormais conquis le reste de la famille.

Du coup, l’intéressant, tant avec ces histoires d’électrices qui s’émancipent comme avec le renouvellement des héroïnes de livres et de films de ce début de XXIe siècle, c’est de découvrir que les jeunes adoptent certaines pratiques bien plus égalitaires que par le passé. Et deux notes d’optimisme, par les temps qui courent, ça ne se refuse pas.

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